Hippocampe Fou dans “L’Odyssée d’Hippo” : un spectacle magique pour petits et grands !
L’incontournable rappeur nous emmène cette fois-ci à la découverte du spectacle qu’il a créé en collaboration avec Lucas Dorier. Voyage immersif, conte fantastique, Hippocampe Fou nous dévoile un monde inédit où le rap fait rêver mais aussi réfléchir.
Rencontre avec un artiste que rien n’arrête et pour qui l’évolution, la remise en question et la découverte ne font pas peur.
Ça fait un moment que tu es sur la scène musicale, depuis 2010, est-ce que tu as un recul sur ta carrière ? Comment tu vois ton évolution aujourd’hui ?
J’ai sorti mon premier album à quasi 30 ans, avant ça, j’avais sorti des petits EP, donc je me suis cherché pendant quelques années notamment au sein de la Secte Phonétik dont j’ai fait partie de 2007 à 2010. Une fois que j’ai trouvé mon personnage, mon flow, mon phrasé, tout ce qui me semblait assez singulier et personnel, je l’ai développé. Ça va donc aussi avec le fait de vieillir, d’avoir un point de vue évolutif. Je fais en sorte que mon évolution, le fait de vieillir, le fait d’avoir des enfants, de traverser des moments douloureux, se ressentent dans ma musique. Le but c’est que les personnes qui me suivent depuis le début puissent grandir avec moi. Comme tu l’as dit, ça fait un moment que je suis sur la scène et les jeunes qui me suivaient autrefois sont devenus adultes aujourd’hui. L’idée c’est d’être comme un cousin, un grand frère ou quelqu’un que l’on aime bien retrouver. Il y a un côté très sincère, très authentique dans mes écrits. Donc forcément, quand j’écoute des morceaux d’il y a 10 ans, ça ne correspond plus forcément à ce que je vis ou ce que je ressens mais je sais qu’à l’époque c’était vraiment ce que je vivais ou ressentais.
C’est toujours quelque chose qui m’a préoccupé, la sincérité, et ça va dans l’idée d’être un peu intemporel dans les thèmes que j’aborde dans mes morceaux. Il n’y a rien que je renie avec le temps, je me reconnais dans chacun de mes morceaux même si certains semblent démodés, notamment au niveau de l’instru. Je suis assez fier de me dire que je me reconnais dans tous ce que j’ai fait.
Aujourd’hui on est surtout là pour parler de ton nouveau spectacle, L’Odyssée d’Hippo, comment le projet a-t-il vu le jour ?
J’avais déjà participé à un spectacle, Zombie Kid, il y a quelques années et c’était très cool. Je me rappelle qu’à l’époque, je parlais de mon propre spectacle que j’étais déjà en train d’imaginer avec Lucas Dorier. C’était donc une super expérience de voir comment ça marche sur scène et en coulisses.
Je ne savais pas exactement vers quoi je me dirigeais pour mon propre spectacle, la forme que ça allait prendre mais l’envie était là. Ça m’a permis de sortir de ce rôle de rappeur qui interprète juste ses morceaux, toujours dans l’autodérision, et d’un coup, d’interpréter un personnage qui n’était pas forcément moi. Ce côté-là s’est retrouvé dans mes albums puisque j’ai essayé un style plus théâtral, notamment dans un de mes morceaux, Chasse aux sorcières, où j’interprète un inquisiteur et une sorcière. Je m’étais dit que j’allais faire ça comme un battle où je change de voix afin d’interpréter les deux personnages.
Les spectateurs ont vraiment validé la performance live de ce morceau Chasse aux sorcières et la scénographie de mon show à La Cigale, c’est ce qui m’a permis de convaincre mes producteurs d’investir dans L’Odyssée d’Hippo qui s’éloignait un peu du concert, qui gardait les codes du théâtre mais où il y avait aussi une importante partie visuelle. Finalement, c’est pour ça que l’on dit aujourd’hui que L’Odyssée d’Hippo c’est un spectacle musical immersif, parce que c’est un mélange entre musique, spectacle vivant et cinéma. Soit les trois choses que j’aime le plus au monde.
Ça fait donc un moment que tu as l’idée de mettre en scène ton propre spectacle. Comment as-tu construit cette idée ? Comment as-tu réussi à en faire quelque chose de concret ?
À l’époque, Lucas Dorier, qui est donc le compositeur, est venu à Paris à l’époque où je sortais mon premier album Aquatrip. Je le voyais surtout comme un jeune musicien très talentueux, il m’avait fait écouter de super choses mais je ne savais pas du tout que ça allait devenir un collaborateur aussi proche. C’est donc lui qui m’a proposé de réfléchir à un spectacle, qui ne soit pas un concert mais plutôt un spectacle qui raconterait quelque chose du début à la fin et qui serait donc vraiment narratif. Petit à petit, on s’est rendu compte que sur le plan musical on aimait beaucoup les musiques de film et les musiques du monde, et qu’il n’y avait pas vraiment de projet hip-hop qui mélangeait ça.
On regardait beaucoup les clips de Woodkid notamment en raison du côté très orchestral et cinématographique. On avait plein de références en termes de composition dans le classique, dans la musique de films mais on n’avait pas de rappeur qui allait explorer ça. On avait donc quelque chose d’assez inédit sur le plan musical.
En fait, quand on a commencé à imaginer différents tableaux, on est parti d’une carte du monde et puis, on imaginait des scènes notamment en lien avec les différents instruments de musique traditionnels du monde. Petit à petit, les couleurs musicales devenaient aussi des moods que l’on voulait agencer afin de raconter une histoire. C’est une sorte de puzzle où les pièces se sont fabriquées au fur et à mesure. Il y avait le plan musical mais aussi visuel puisque l’on s’est dit qu’avec notre amour du cinéma, pourquoi ne pas faire de la vidéoprojection. Ça nous amené à rencontrer Yannick Donet, qui est en couple avec Cléo Sarrazin, elle est illustratrice et lui fait du mapping vidéo, ils se sont donc très vite greffés au projet. Aujourd’hui ce sont des partenaires essentiels à L’Odyssée d’Hippo, sans eux, le spectacle ne ressemblerait pas à ce que l’on présente la semaine prochaine. Le spectacle a donc de multiples facettes visuelles, on se retrouve donc avec un spectacle ovni qui mélange tellement de choses que l’on aime et qui nous sont tellement personnelles que ça fait du spectacle quelque chose d’inédit.
Tu mélanges le rap avec l’univers musical des films, pourquoi ? Comment t’est venu l’idée de mélanger ces deux univers ?
C’est plutôt de la musique inspirée par les musiques de film, le spectacle n’a que des compositions inédites. On avait évidemment des références comme Disney ou encore The Grand Budapest Hotel, mais si on s’est inspiré de nombreuses choses, l’idée était de surtout se challenger sur le plan rythmique. J’ai toujours aimé varier les flows et changer ma manière de rapper, la tonalité que je peux prendre à chaque fois. C’est de cette manière que j’arrive à ne pas m’ennuyer : en réinventant à chaque fois ce que j’ai appris à faire. C’est donc à chaque fois une nouvelle épreuve, notamment dans le spectacle où je devais faire avec des morceaux qui n’avaient même pas de batterie. C’est clairement le projet le plus ambitieux et le plus challengeant, je sors vraiment de ma zone de confort et cela sur tous les plans.
Tu sembles toujours avoir cet impératif d’évolution, tu en parles beaucoup et cela semble vraiment important pour toi de toujours te chercher, te renouveler ou encore pousser tes propres limites de création.
Au début, c’était comme un slalom : dès qu’il y avait un artiste qui arrivait dans le paysage musical avec qui je trouvais que l’on avait un peu trop de similitudes, je fuyais complètement et cherchais à affiner mon style de manière différente. Il y a toujours ce truc où je sais qui je suis et ce que je ressens mais comme on est tous multiples et que l’on a plein de facettes, il me fallait trouver le bon mélange. Une fois que tu l’as trouvé, il faut le faire évoluer.
J’aime bien avoir des approches complètement différentes, par exemple sur l’EP Pas pour les jeunes, il y a un morceau qui est presque métal/rap, tu en as un autre qui est plutôt trap ou encore un autre qui plus sur l’émotion. Pour moi, c’est une singularité qui est importante.
C’est aussi l’idée d’explorer les BPM, de me dire : je vais plutôt faire un morceau festif et dansant mais qu’est-ce que je vais raconter dessus ? Il faut que ça me ressemble, c’est une question de dosage entre mes envies, mon savoir-faire et aussi mon besoin de rester dans l’air du temps musicalement parlant. Les flows évoluent, je ne peux pas rester sur mon flow de 2013, il y a eu trop de nouvelles techniques et de nouveaux placements pour rester enfermer. Je ne vais pas non plus bosser sur tous les nouveaux courants mais plutôt prendre ce qu’il y a de mieux dans cette nouvelle école, ce qu’il y a de plus inspirant et après le mettre à ma sauce.
Finalement tu changes donc beaucoup de style, je pense notamment à ton dernier album Terminus où l’on retrouvait une ambiance jazz, ou encore ton EP Pas pour les jeunes où la multitude de styles se côtoie. Comment on se retrouve dans un travail si diversifié ?
C’est un peu un buffet à volonté, de qualité je l’espère ! L’idée c’est de pouvoir grignoter à gauche et à droite, d’en avoir pour tous les goûts. Je ne peux pas m’enfermer dans un style, j’aime trop de choses différentes pour me contenter d’une seule manière de rapper, d’un seul thème ou encore, d’une seule approche. Je pense que c’est à l’image de la vie, de tout ce que l’on traverse : on passe d’une émotion à une autre en une fraction de seconde donc pourquoi être toujours dans le même mood ?
Il y a ce truc qui me fait peur et en même temps qui me rend admiratif, c’est la formule. Quand un artiste trouve une formule, on est toujours complètement respectueux et admiratif mais le problème de la formule, c’est que ça peut lasser et t’enfermer dans ta créativité, le public va te cataloguer. Je préfère surprendre, je ne veux pas être un vieux enfermé dans ses convictions. Je veux évoluer en même temps que la société et ne pas passer du côté des réacs qui disent que “c’était mieux avant”. Je suis donc hyper attentif à toutes les évolutions et je pense que ça se ressent dans ma recherche musicale. Il y a surement cette envie de rester libre, de peut-être ne jamais complètement se trouver mais d’explorer la multitude de mes facettes.
Tu as toujours eu beaucoup d’humour dans tes titres, c’est une caractéristique qui te représente bien, est-ce quelque chose que l’on va pleinement retrouver dans ton spectacle L’Odyssée d’Hippo ?
Bien sûr ! C’est un spectacle qui a été pensé pour toute la famille donc on est vraiment dans quelque chose plutôt bon enfant, et donc on y retrouve forcément de l’humour. L’humour rassemble, l’humour rapproche, là l’idée c’est d’aller chercher des choses assez simples de type burlesque que tu pourrais voir dans les films de Charlie Chaplin. Ça va être une question d’attitudes, de postures, de quiproquos, les choses qui marchent dans le spectacle vivant. Après, il y a des moments plus sérieux, plus introspectifs avec des petites questions métaphysiques, des petites pistes à explorer. Un spectacle c’est comme une discographie pour moi, il faut des moods différents : de l’humour et du plus sérieux. Même si les jeunes ne saisissent pas le sens profond de ce qui est dit, ils auront une idée du thème abordé et inversement, les parents ou les adultes qui pourraient avoir peur du côté trop enfantin, les morceaux qui sont plus cartoonesques, mignons, il y a tout de même un double sens.
Que souhaites-tu partager avec le public à travers ce spectacle ?
Le but c’est de les faire voyager, de les faire s’évader, de les divertir. Ce n’est pas une honte pour moi de dire que c’est du divertissement mais avec une part de réflexion et avec cette envie que ça ne soit pas quelque chose de prémâché et standard. Je veux qu’ils sortent du spectacle en continuant à réfléchir à certaines pistes que je donne durant le spectacle. Notamment avec des questions métaphysiques : d’où vient-on, pourquoi la vie est si éphémère, pourquoi on est fait de la même matière que les étoiles ? On n’a pas forcément de réponse mais ça occupe l’esprit et je trouve ça bien d’en parler. J’aime beaucoup les artistes qui abordent un sujet frontalement, j’ai cette envie d’intemporalité avec cette idée que dans plusieurs décennies ça aura encore du sens.
Les thèmes abordés sont importants pour moi et notamment éveiller les consciences sur des sujets essentiels comme l’écologie, il faut en parler et ainsi permettre aux plus jeunes de comprendre l’importance de ce sujet.
Si tu devais définir ton spectacle en 3 mots ?
Spectacle, musical, immersif ! Je le dis dans chacune de mes interviews, je ne peux pas faire mieux (rire).
Et pour finir, qu’est-ce que l’on te souhaite pour cette nouvelle année ?
Sur le plan professionnel, une nouvelle tournée avec ce spectacle et la force, dans les mois qui viennent, d’écrire un nouvel album. J’aimerais qu’il surprenne encore les personnes qui me suivent et qu’il ramène aussi de nouvelles personnes. L’idée c’est que l’on avance, comme si la carrière d’un artiste était un train qui s’arrête à différentes stations et chaque album correspond à une station : il y en a qui montent, d’autres qui descendent. L’idéal c’est de continuer et d’avoir un maximum de personnes dans ce train, et d’en faire un voyage inoubliable jusqu’à qu’il s’arrête.
Propos recueillis par Tiphaine Conus
Articles liés
MINIATURE : l’expo événement pour les 10 ans de la Galerie Artistik Rezo
La galerie Artistik Rezo et FIGURE s’associent pour présenter la troisième édition de l’exposition MINIATURE : un événement unique en son genre à l’occasion des 10 ans de la galerie. Cette édition réunit plus de 80 artistes français et...
Justice livre un show explosif et festif à l’Accor Arena de Paris Bercy
Ce mardi 17 novembre 2024, après une première partie orchestrée par Pedro Winter, boss du label Ed Banger, Justice a électrisé une salle pleine à craquer, première date des deux soirées prévues à Paris, chez eux, à domicile. La...
Marion Mezadorian pète les plombs au Théâtre Victor Hugo
Avec son précédent “one woman show”, Pépites, Marion Mezadorian a défrayé la chronique. Dans la même veine, celle d’une performance scénique où l’humour le dispute à l’émotion, cette nouvelle création donne la parole à celles et ceux qui craquent...