Grand retour d’ABBA ! L’ouvrage à lire pour comprendre leur histoire
Entretien avec Jean-Marie Potiez, journaliste et biographe officiel pour les pays francophones d’ABBA, à l’occasion de la sortie de ce nouvel ouvrage qui revient sur la carrière de Abba qui a signé la bande son des années 1970 pour atteindre le chiffre de 400 millions d’albums vendus à ce jour.
Outre la discographie complète du groupe et les carrières solos de chacun des musiciens, ce livre propose des entretiens inédits qui illustrent le “phénomène” ABBA. Après une pause de 40 ans, le nouvel album sortira en novembre et le groupe suédois se produira lors d’un spectacle à Londres sous forme d’hologramme.
Comment votre passion pour le groupe ABBA est-elle arrivée et s’est-elle développée ?
Au départ, ce fut un coup de foudre énorme en les voyant chanter Waterloo au concours Eurovision 1974. J’avais 13 ans et je me suis pris d’une immense passion pour ce groupe que je trouvais formidable et tellement différent des artistes de l’époque. Chaque disque qu’ils sortaient était meilleur que le précédent. Ils faisaient preuve d’une inventivité incroyable.
Quel lien entretenez-vous avec le groupe ?
Les membres d’ABBA devinrent pour moi des compagnons d’adolescence. Dans mon dernier ouvrage Un adolescent des années 70 (Ma vie avec ABBA) aux Éditions Olaa, je raconte en détails comment ils ont illuminé ma vie à cette époque. Je les ai d’abord rencontrés à deux reprises, à l’âge de 17 ans. On dit souvent qu’il vaut mieux ne pas trop s’approcher de ses idoles pour s’épargner des désillusions. Avec ABBA, ce fut tout le contraire, je me suis retrouvé face à quatre personnes qui faisaient preuve d’une extrême gentillesse et d’une incroyable humanité. Ils sont au courant de tout ce que je fais. Au printemps dernier, ils m’ont demandé une photo publiée dans mon premier livre ABBA The Book (2000), sans pouvoir me dire qu’elle était destinée au vidéoclip de la chanson I still have faith in you. Je n’ai pas eu l’occasion de leur amener mes derniers ouvrages à Stockholm. J’espère pouvoir le faire bientôt.
Selon vous, quelles sont les caractéristiques qui font qu’ABBA est un groupe unique ?
Ils font une musique universelle qui touche beaucoup de monde. Ça tient à leurs chansons qui donnent envie de bouger et de danser, et contiennent des mélodies, des arrangements et des harmonies vocales d’une extrême richesse. Je dis souvent que les chansons d’ABBA contiennent des ingrédients sonores qui rendent heureux. Quand on met un disque, l’effet est immédiat. Le son d’ABBA est unique et intemporel. C’est bien pour ça que plus de 40 ans après leur création, les grands tubes sont toujours aussi pétillants et réjouissants. ABBA a marqué l’histoire de la musique pop internationale. N’en déplaise à certains, ce groupe suédois fait partie de la culture populaire au même titre que les Beatles, les Stones et Johnny Hallyday !
En tant que biographe officiel d’ABBA pour les pays francophones, avez-vous rencontrez des difficultés, avez-vous dû faire face à des défis lors de ce travail de “retranscription” de leurs vies ?
Mon travail de biographe a commencé par un documentaire télévisé, intitulé Thank You ABBA, à l’aube des années 1990. Par la suite, j’ai écrit de nombreux ouvrages, en anglais et en français. Dès le départ, ils m’ont fait confiance. C’est pour cela qu’ils m’ont très vite ouvert leurs archives et donné accès à de nombreux documents inédits. J’étais devenu ami avec leur directeur artistique et ils m’ont donné leur aval pour tous mes projets. Les seuls obstacles que j’ai pu rencontrer, c’est de la part de certains éditeurs ou diffuseurs français qui, dès qu’on parle du groupe ABBA, brandissent encore le crucifix ! (rires)
Comment expliquez-vous le succès transgénérationnel que rencontre ABBA ?
Ce sont des chansons qui parlent à tout le monde. Elles sont extrêmement bien faites, intemporelles, et elles donnent la pêche. À titre d’exemple, je me réjouis de voir qu’en Angleterre, les 18-24 ans ont téléchargé en masse le titre dansant Don’t shut me down (sources Itunes et Spotify). Dans les années 1980, ABBA était devenu “ringard” ou “has been” pour tout le monde. Et puis, dix ans plus tard, tout le monde s’est rendu compte que cette musique faisait du bien et qu’elle était bien plus complexe et intelligente qu’il n’y paraît. Une nouvelle génération a découvert les chansons d’ABBA grâce aux films australiens Muriel et Priscilla, folle du désert. Ensuite, il y a eu la comédie musicale Mamma Mia !, suivie des deux longs-métrages du même nom. Et je ne parle pas des multiples hommages rendus par des artistes aussi divers que, pour n’en cite que deux, le chanteur belge Arno et la chanteuse Cher, qui a enregistré pas moins de deux albums de reprises d’ABBA. Aujourd’hui, ABBA revient avec un neuvième album studio et des concerts en hologrammes. L’engouement pour ABBA n’est pas près de s’éteindre !
Que pensez-vous de ce retour inattendu d’ABBA ?
C’est réjouissant. Le succès qu’ils rencontrent à nouveau ne m’étonne pas du tout. Certains ont dit : “Ils refont du ABBA !” Mais, bien sûr, à quoi s’attendaient-ils ? À des titres rap, électro, RnB, aux paroles déprimantes chantées par des voix déformées par l’Auto-Tune ? Soyons sérieux ! Si ABBA est devenu un groupe aussi populaire c’est parce qu’ils ont toujours su se renouveler en gardant leur propre style. Ils n’ont d’ailleurs jamais voulu sacrifier celui-ci aux modes du moment. Des titres comme I still have faith in you et Don’t shut me down font beaucoup de bien. Il ne faut pas s’étonner qu’elles soient plébiscitées par le public car elles sont mélodieuses et extrêmement bien produites… contrairement à une large partie de la production musicale actuelle. C’est difficile de se reconnaître parmi tous ces gens qui se disent artistes mais n’ont pas de voix, pas grand-chose à dire, des textes déprimants et des morceaux dépourvus de mélodie !
Propos recueillis par Juliette Labati
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