Fréquence Metal, première webradio consacrée aux musiques extrêmes sur Twitch
Rencontre à l’ère du Covid, donc en visio et à distance, avec Fréquence Metal : la première webradio consacrée aux musiques extrêmes sur Twitch et écoutée en France, en Turquie, au Québec et dans les pays de l’Est.
La joie comme unique vengeance
Oui, “La joie comme vengeance. Vae soli !” hurlent Mass Hysteria sur leur album Matière Noire sorti en 2015, mais ce ne sont pas les seuls, loin s’en faut. Gilles Moindron, l’un des fondateurs de Fréquence Metal avec Clément Maréchal, décide de finir notre entrevue avec cette maxime empruntée au fameux groupe de metal français, porte-étendard d’une rage positive et incandescente depuis des décennies. Un paradoxe qui, sans exagération aucune, symbolise également l’esprit de Fréquence Metal et de ses créateurs. Née d’une force et d’une envie de repartir à zéro, cette association créée en 2018 mérite elle aussi d’avoir ses propres lettres de noblesse ou du moins une ébauche, car l’histoire ne fait que commencer.
Le dernier dimanche pluvieux de février marquait notre premier échange face caméra avec Gilles. Depuis trois ans, la webradio Fréquence Metal bat son plein avec toujours autant de ferveur grâce à deux passionnés, Gilles et Clément. Une rétrospective de son histoire se devait donc de voir le jour.
Ainsi Gilles, grand gaillard d’1m90, cheveux longs, barbu et habitant dans l’antre d’un dragon tué jadis par une épée toute droit sortie d’un album de power, ou presque, accepta de faire sa première interview avec moi. Attentif, l’œil vif et le débit déjà rapide, il était tout ouïe.
Mais alors, qu’est-ce que Fréquence Metal ?
C’est d’abord des rencontres… et du bouche-à-oreille ! Un élan de solidarité entre deux amis, fans de metal et partis de rien, qui souhaitaient faire comme bon leur semble pour partager leur amour des musiques extrêmes et mettre en lumière la scène émergente. Une alchimie digne d’une bromance glamérienne qui a permis à deux personnes de se rencontrer par hasard, au détour d’une radio locale du 91, et de créer quelque chose de nouveau. Par choix, ils se lancèrent non pas sur YouTube mais sur Twitch, plateforme dédiée principalement au gaming. Ils y partageaient des morceaux de groupes émergents et s’aperçurent avec joie que leur public – et non communauté, terme que n’apprécie pas notre interlocuteur de par sa connotation trop péjorative – était bien au rendez-vous, toujours aussi fidèle et soucieux de la réussite de leur webradio préférée. Et entre nous, c’était justifié !
Depuis 2018, nos deux têtes d’affiche s’acharnent à proposer un résultat de qualité tous les vendredis soirs, de 20h à 23h. Les émissions leur demandent du travail, beaucoup de travail, mais il y a aussi les backstages – les fameuses – celles que nous, auditeurs et spectateurs, occultons. Il ne faut pas l’oublier mais Fréquence Metal reste l’entreprise d’une équipe faite d’êtres humains aux personnalités, affects et sentiments différents, et savoir manager tout ce tohu-bohu, surtout par les temps qui courent, n’est pas chose aisée et mérite un double investissement.
Mais qu’importe, avec une volonté sans faille et une envie de transcender son handicap visuel l’obligeant à ne pas pouvoir travailler pendant cinq ans, Gilles n’a pas l’intention de reculer devant des obstacles de la sorte. Bien décidé à réaliser ses rêves (double check : partir en Irlande et fonder une webradio jazz ou metal), il est un exemple pour celui ou celle qui lirait ses lignes en doutant encore de ses propres capacités. Ne sortez pas les violons mais là où certains manquent de courage et n’osent pas, d’autres agissent et se donnent les moyens d’y arriver, comme Gilles et Clément.
Le partage comme fer de lance
Pour Gilles, la musique est un art très vite accessible et sous ses airs bourrus, parfois brutaux, le metal cache énormément de belles choses. Il est cathartique et offre des moments de communion exceptionnels. C’est un genre qui ne s’interdit rien. On le voit bien avec Belzebubs, Aggetsuko par exemple, ou tout simplement avec les nombreux sous-genres qui composent le metal. Cet arbre aux milliers de branches se diversifie, tout en gardant son authenticité. “Nous sommes des veinards d’avoir autant d’artistes !” lance Gilles. Et je ne vous le fais pas dire ! C’est une chance inouïe que d’avoir tant de richesse artistique pour le plaisir des oreilles, mais aussi des yeux et du cœur. Et Fréquence Metal, grâce à ces deux êtres contemplatifs, est là pour vous les faire découvrir.
Rien que leur plateau, agencé et éclairé par Clément, vous invite à venir passer un bon moment. L’esprit bienveillant, chaleureux et accueillant ne se retrouve pas que dans l’apéro servi chaque vendredi. Fréquence Metal est aussi et surtout un espace de parole et d’échange convivial. Nos deux acolytes n’ont jamais eu de tabous pour ce qui est de faire des galéjades à tout bout de champ et cela se remarque également dans les discussions avec leurs invités. La liberté de parole est fondamentale et rien n’est fait pour mettre mal à l’aise. Dès lors, là où le commun des mortels pourrait y voir une dichotomie entre l’esthétique de la musique metal et la bienveillance régnante chez une grande partie du milieu, ici, le parallèle est clair.
Punky, leur mascotte toute mignonne en est l’exemplum. Mêmes les plus imposants bikers de France et de Navarre sont incapables de lui résister. “C’est un distributeur de sourires !” affirme Gilles, et on ne peut qu’acquiescer. Né de la gentillesse d’une maman britannique il y a plus de quinze ans et mis sur le devant de la scène après une misérable bassesse d’anciens collègues, Punky, ce “hard teddy”, a su fédérer. À l’instar de ses pères qui n’ont jamais cherché à être des “gratteurs du buzz [flirtant] avec les extrêmes (…) dans un monde où rien s’efface” (cf. L’odeur de l’essence, Orelsan), au contraire. À eux trois, ils forment une dream team unie contre l’adversité de la dil’douille – les vrais savent, c’est l’un de leurs formats d’interviews.
Un avenir plus que prometteur
Et ils ne comptent pas s’arrêter là ! En plus de continuer à peaufiner leur webradio, nos deux compères souhaitent lancer une gamme de merch, développer d’autres concepts qui mettraient à l’honneur les photographes, plusieurs acteurs de l’ombre (bars, associations etc) et créer une seconde émission plus live qui mêlerait toujours des interviews, mais de solistes cette fois-ci, avec des actus sur le milieu et tutti quanti. Tout doit toujours fonctionner en synergie pour la scène émergente.
Ainsi, là où certains ont voulu arrêter cette machine de guerre composée au départ de deux guerriers et atteignant aujourd’hui un effectif de neuf personnes, celle-ci n’a jamais cessé de continuer son chemin en clamant haut et fort ses volontés et convictions. C’est donc ça, Fréquence Metal.
Retrouvez Fréquence Metal sur leur site internet, Twitch, Instagram, Facebook et Twitter
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