Franco Fagioli – Laurence Equilbey – Opéra royal de Versailles
On ne présente plus le chœur Accentus dirigé par Laurence Equilbey. Depuis la date de sa création en 1991, il a rencontré un très large succès critique et public. En revanche, l’Insula Orchestra, créé en 2012 par la même Laurence Equilbey, n’a pas encore la même popularité. Ce nouvel orchestre, qui ouvre avec ce concert sa deuxième saison, joue sur instruments d’époque, et se consacre en grande partie à la musique du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle. Il propose quatre programmes par an, chacun joué à deux ou trois reprises dans des salles différentes (notamment dans les Hauts-de-Seine, mais aussi Paris, Versailles, Reims ou Aix-en-Provence). Ces concerts sont souvent réalisés avec la collaboration du chœur Accentus, ce qui semble en faire le pendant orchestral.
Orfeo ed Euridice de Gluck fut composé à une période charnière de l’œuvre du compositeur allemand dont Alceste, présenté récemment à l’Opéra Garnier, est l’autre jalon. C’est avec ces œuvres, dans les années 1770, et leurs différentes variantes, que Gluck élabore ses réformes qui l’ont rendu célèbre. L’action de l’Orfeo est assez exceptionnellement resserrée sur trois personnages, dont deux, l’Amour et Euridice, ont un rôle réduit. La brièveté du livret constitue en grande partie la nouveauté de l’œuvre.
C’est la version viennoise, en italien, c’est-à-dire la version de la création de l’œuvre avant modifications, qui est choisie ce soir par Laurence Equilbey. La création fut chantée par un castrat dans le rôle titre, et l’on imagine que pour cette raison, ainsi que pour la langue et l’ornementation, Franco Fagioli ait préféré interpréter les airs de la première version.
Franco Fagioli est un phénomène. Agé d’à peine plus de trente ans, ce chanteur argentin est déjà l’un des plus grands contre-ténors de la scène internationale. Il est doué à la fois d’une belle aisance, d’une grande légèreté, mais également d’une redoutable puissance, aussi bien sonore que dramatique.
Les deux rôles féminins, moins importants, sont tenus par Emmanuelle de Negri (Amore) et la suédoise Malin Hartelius (Euridice). Quoique toutes deux sopranos, leurs timbres respectifs sont parfaitement singuliers. Le caractère dramatique de chacune d’entre elles ressort ainsi aisément.
Le dernier air de l’acte 1 de Fagioli donne lieu à une cascade d’applaudissements. Quelle aisance technique ! et quelle projection sonore pour un Contre-ténor ! Le chœur n’est pas en reste dans la descente aux enfers au début du deuxième acte. Quant au célèbre “Che faro senza Euridice ?” à la fin du troisième acte, c’est encore l’occasion d’une ovation pour Franco Fagioli.
Seul petit bémol de la soirée, l’orchestre, dont la texture semble demeurer sur un registre unique : gageons que cette très jeune formation saura développer plus de matière sonore à l’avenir.
Enfin, il est impossible d’assister à un concert dans la salle de l’Opéra Royal de Versailles sans s’extasier sur sa beauté. Elle mérite à elle seule le déplacement.
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