Festival Rock en Seine – 28 août 2009
Maudits ces deux dernières saisons avec l’avortement des prestations initialement prévues d’Amy Winehouse (2007- 2008), les 30 000 festivaliers ont dû cette fois- ci faire face à un nouveau scénario catastrophe en fin de soirée, après un après- midi ensoleillé qui laissait pourtant présager le meilleur Porte de Saint Cloud. En effet, l’ambiance festive présente depuis le début retombera aux alentours de 22h10 quand un speaker annonce que le groupe Oasis ne se produira pas et se sépare pour de bon, quelques minutes avant ce qui devait être l’attraction numéro un du week- end. Récit.
Tout commence bien sur le coup de 16h 15 quand les Anglais de Keane investissent la scène de la cascade. Moins timides que sur disque, les quatre de l’East Essex enchaînent un repertoire pop plaisant et sortent leurs tubes au bon moment sans jamais trembler.
Tom Chaplin, chanteur rondouillard aux joues rouges écarlates à l’air de se sentir bien dans ses baskets (des Nike fluorescentes!) et s’exerce à la langue de Molière avec élégance et sympathie et clame avec conviction “qu’on resterait bien toute la journée si on pouvait”. Le public ne s’y trompe pas et la magie opère.
Magie ou sorcellerie? C’est sur cette question qu’il faut se pencher en voyant les Yeah Yeah Yeahs sur la même scène quelques minutes plus tard tant la chanteuse Karen-O intrigue et ensorcèle avec son jeu de scène si atypique. Loin du niveau qui était le leur il y a quelques années, les trois New- Yorkais (augmentés d’un clavier) livrent quand meme une prestation electro- rock intéressante.
Plus poseur qu’avant, le trio pioche avec ambition dans tous ses albums et tire son épingle du jeu avec les classiques issus de “Fever to tell”. Sur le final, I wanna date with the night rappelle les meilleurs jours du groupe.
Vampire Weekend, haut la main
Au stand pour se rafraîchir et s’alimenter de khebabs gras et onéreux, l’oreille est réceptive à ce qui se passe sur la grande scène où Amy MacDonald se produit avant les Vampire Weekend qui jouent ce soir en ouverture des lads de Manchester.
Auréolé de quelques premières parties prestigieuses dont celle de Blur à Hyde Park début Juillet, le combo made in USA fait vivre à l’audience un moment très agréable en proposant un set qui rappelle Soukous et remporte les faveurs du public avec leurs titres “Oxford comma”, “Cape cod Kwassa Kwassa” et “A punk”. Le Upper Westside Soweto du groupe est géré d’une main de maître par Ezra Koenig, chanteur et sosie de Roger Federer qui, à l’instar du numéro un mondial de tennis, pratique un Français irréprochable. Classe.
Retour à la scène de la cascade où les festivaliers se précipitent en masse pour aller voir Bloc Party.
A priori déjà au courant de l’altercation qui a eu lieu en coulisse, Kele Okereke demande ironiquement “Vous voulez qu’on vous joue du Oasis?” dès la deuxième chanson.
Pas le temps de rester, il est déjà temps de rejoindre la grande Scène une nouvelle fois pour aller voir en découdre les deux frangins Gallagher (sur les planches).
La pelouse se remplit à une vitesse ahurissante et l’atmosphère devient pesante tant l’attente est insupportable pour les fans. Les anglais (très présents ici) mettent de la voix tout en narrant leurs expériences live passées.
Oasis à la derive
22h : A l’heure où était initialement programmé le quartette originaire de Manchester, la scène apparaît encore presque vide. Les roadies ne semblent pas se presser outre mesure et le peu de materiel (minimaliste) déjà installé ne correspond pas à l’artillerie lourde normalement déployée pour les Mancuniens.
22h10 : Un speaker se rapproche courageusement du devant de la scène. La nouvelle tombe: “Liam et Noël se sont battus, le concert de ce soir est annulé, ainsi que le reste de la tournée européenne. Le groupe n’existe plus…”. Enorme stupeur. Le public semble définitivement résigné et se retire peu à peu de la pelouse.
Madness- Quinquas infatigables
Passés sur la scène de la cascade trois heures plus tôt, les plus dignes représentants du Ska en Angleterre acceptent d’assurer un deuxième show pour remplacer Oasis au pied levé.
A l’aise, les Madness le sont. Les gentlemen à chapeaux melons redonnent le sourire et balancent un répertoire connu de tous. Le parterre de la grande scène jubile d’entrée sur One step beyond.
Petit à petit, les festivaliers reviennent sur leur pas et se mettent à danser et chanter au son de My girl et des autres standards.
Pour sa part, Vitalic met le feu avec un set électro diaboliquement efficace sous des effets psychédéliques exposés sur un écran géant divisé en deux parties. Entre ruptures et reprises calibrées, le Français, servi par un son digne d’un concert de Motorhead, transforme la foule en chaudron.
Dans la soirée Noël Gallagher déclarera dans un communiqué officiel “C’est avec une certaine tristesse mais un grand soulagement que je quitte Oasis… Je ne pouvais tout simplement plus travailler avec Liam un jour de plus”.
Certains diront que le comportement et l’égo du Working class hero sont démesurés mais rappelons les faits. Il est, pour sûr, l’un des plus grands songwriter de l’histoire de la musique. Ses hymnes resteront à jamais graver dans les mémoires. Merci à lui.
Olivier Cougot
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