Festival Panoramas : la refonte de son modèle pour un festival plus humain et plus durable
Le festival Panoramas est un véritable rendez-vous pour les adeptes de musique électronique et de rap. Il prend place en Bretagne, à Morlaix (Finistère), durant trois jours. À l’heure où la course au gigantisme et aux chiffres bat son plein, le festival annonce lui entrer dans une phase de décroissance.
Une réflexion accélérée par les différentes crises auxquelles font face les festivals
Après 25 éditions, la manifestation bretonne annonce mener une réflexion profonde et globale autour de l’identité de son événement et de sa transition nécessaire. Eddy Pierres, directeur de l’association WART qui organise le festival, nous confie : “Avant la crise du Covid, nous étions déjà en réflexion par rapport à une transition du festival. Le Covid a tout accéléré. En septembre 2021 a eu lieu une édition réduite, où ont été réunies 2 000 personnes par soir dans le quartier de la Manufacture, au cœur de Morlaix. Cette édition a été une sorte de laboratoire.”
De plus, la situation économique du festival n’était pas pérenne. “L’équilibre financier était difficilement atteignable, que la jauge du festival soit légèrement en deçà ou remplie” nous précise-t-il.
L’association a dernièrement déclaré dans un communiqué que cette transition était une nécessité aussi venue “de cette envie de tourner une page”, ainsi que “d’une envie de repenser un modèle plus en adéquation avec notre époque et nos valeurs”. Ajouté aux différentes crises, sanitaire, climatique, énergétique, ceci a poussé la manifestation culturelle à revoir son format, sa jauge ou encore ses dates.
Afin de se laisser plus de temps pour y travailler, le rendez-vous avec les festivaliers sera désormais fixé à la croisée de l’été et de l’automne, et non plus en avril. La prochaine édition aura donc lieu du 22 au 24 septembre 2023.
Un nouveau modèle ayant comme fil conducteur la durabilité…
Le festival breton souhaite inscrire son nouveau format dans une logique de durabilité. Une logique déjà présente lors des éditions précédentes mais que les organisateurs veulent pouvoir développer d’avantage.
Étaient déjà en place la mise en valeur de la restauration locale et des circuits courts, le développement des transports en commun, le remplacement des flyers par des systèmes de projection ou encore l’intégration du festival au collectif des festivals engagés pour le développement durable en Bretagne.
Le festival Panoramas faisait néanmoins face à certaines difficultés pour aller plus loin dans ses démarches. Eddy Pierres nous confie : “Nous avions des objectifs que nous n’arrivions plus à dépasser en termes de développement durable, transport en commun, prévention… Il y a un véritable plafond d’action par rapport à la taille du festival et aux moyens qu’on pouvait y mettre.”
C’est pourquoi le festival, moyennant 26 000 festivaliers cumulés sur les 2 principaux jours, va réduire sa jauge d’environ 50%. “Quand on a 13 000 festivaliers, on essaie d’abord de les nourrir, ne serait ce que pour des questions de prévention, plutôt que de mettre en place quelque chose de plus vertueux mettant en péril économique le festival. Passer a un format plus petit permettra de repenser les choses plus facilement sur ces sujets.”
En plus de continuer à développer toutes les mesures préexistantes, le festival a également la volonté d’aller plus loin. Il compte par exemple travailler en amont avec les artistes de la programmation pour éviter l’utilisation de jets privés, ce qui constitue un levier important pour limiter le bilan carbone de l’événement. “Cela passera par se libérer de la pression des têtes d’affiche ou encore la révision de la notion d’exclusivité” nous précise le directeur de l’association.
Concernant la prévention en matière de réduction des risques, le festival souhaite aussi accentuer le travail en commun avec toutes les associations locales : “On veut essayer de monter en compétence sans dépendre d’associations éparpillées partout en France” ajoute-t-il.
… et des valeurs humaines
L’association souhaite également se rapprocher de certaines valeurs en développant un festival innovant et à taille humaine. Elle a pour volonté de mettre en avant la convivialité, la proximité, ainsi que la mixité sociale et intergénérationnelle. Cela passera, entre autres, par un changement de lieu et de format, avec la délocalisation partielle de l’événement en centre ville.
Jusqu’à maintenant, les concerts se déroulaient majoritairement au sein du parc des expositions, en dehors de la ville de Morlaix. Désormais, la manifestation culturelle aura un véritable ancrage dans le centre ville, avec notamment l’ancienne Manufacture des Tabacs. Depuis 2021, Panoramas opère dans le SEW, un nouveau lieu culturel (une salle de spectacle de 800 places, trois cinémas, deux studios de répétition, une librairie, un restaurant et un bar) situé sur le port de Morlaix.
Eddy Pierres nous précise que l’idée est de faire de la Manufacture des Tabacs un point clé du festival, sans pour autant abandonner le parc des expositions, lieu historique de l’événement : “Le SEW est moins impersonnel que le parc des expositions, on travaillera le décor, les lumières, le mapping… L’idée est que le public s’y sente bien. Nous voulons construire une édition qui nous ressemble et qui satisfera les festivaliers autour du quartier de la Manufacture. C’est un festival qui s’adresse à un public jeune mais pas que. Il a aussi toujours été pour les morlaisiens. Le centre ville permet ainsi de faire un festival plus à la carte, avec le format de jour à Morlaix et le format de nuit au parc de Lango.”
Changer la forme, sans changer l’ADN de Panoramas
Si tous ces changements peuvent faire peur aux inconditionnels du festival, Eddy Pierres tient à rassurer : “On reste sur notre ligne éditoriale, à la croisée du rap et des musiques électroniques. Le festival se tiendra sur deux jours, avec cette partie club qui restera en périphérie de la ville, au parc des expositions de Lango. L’ADN Panoramas sera toujours présent !” Quant au camping du festival, celui-ci continuera d’exister aux abords du site et se verra même amélioré.
Il faudra néanmoins attendre quelques années avant que la transition ne soit complète selon l’association.
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