Femi Kuti en concert au Casino de Paris
Femi Kuti est le fils du précurseur de l’afro beat, Fela Kuti. Un genre musical créé dans les années 70, mêlant jazz, funk, influences américaines et rythmes africains, sur fond de révoltes des politiques menées sur le continent noir. Fela Kuti, le Chef d’orchestre, saxophoniste, chanteur, est décédé en 1997, laissant derrière lui une longue carrière de révolution musicale et politique.
Difficile de passer après un tel artiste. Pourtant Femi l’a fait. Avec des débuts difficiles et quelques peu tâtonnant. Mais à force d’acharnement, Femi Kuti prouve en 2008, avec son cinquième album « Day by Day », qu’il est le digne héritier de son père. Il s’accroche aux valeurs du Nigeria, son pays natal, tout en s’appropriant l’afro beat. Le rendant plus accessible, afin d’élargir son public et de réveiller les consciences sur les problèmes persistants sur tout le continent africain. Femi Kuti ne chante pas uniquement la politique africaine, mais il dénonce la réalité économique et sociale du continent, rendue possible avec la complicité de l’organisation économique mondiale.
Le concert s’ouvre sur They will run. Vêtu d’un ensemble africain aux couleurs chaudes, Femi Kuti arrive sur scène. Calmement, souriant, cheveux grisonnants. Sur scène trois choristes / danseuses se déhanchent tout au long du concert, sans s’arrêter, aux côtés de l’orchestre « The Positive Force ».
Invité surprise
Une salle comble, cédant juste assez d’espace pour se balancer sur des rythmes envoûtants. Le Prince de l’afro beat salue le public puis son orchestre, et prend son saxophone. Le tempo se tamponne aux rythmes du cœur. La musique monte crescendo grâce à un solo au saxophone de l’artiste, laissant juste le temps au public de se laisser surprendre par la force de son souffle. Pendant presque deux heures Femi Kuti jongle tour à tour avec ses différents instruments, avec délice, générosité et une once de séduction.
En invité surprise : Abd Al Malik, le slameur récompensé à trois reprises aux Victoires de la musique, fait un passage éclair sur scène, sur le titre Do you know. Chanson enivrante sur laquelle l’artiste tente, tant bien que mal, d’imposer son slam.
Puis Femi enchaîne les tubes, Beng beng beng, You better ask yourself, Inside religion. Des chansons qui durent des dizaines de minutes. Les spectateurs ne cessent de s’agiter dans tous les sens. Femi Kuti, le chef d’orchestre, jubile. Le public est conquis.
Le spectacle s’éteint sur un titre du Positive Force, laissant le goût amer de ne pas avoir encore tout découvert du Prince de l’Afro beat.
Tiphaine Lawson
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