Entretien avec Contrefaçon pour la soirée “Escape from Reality”
Contrefaçon c’est quatre parisiens, amis de longue date et réunis autour d’un concept à contre-courant : lier étroitement la musique à la vidéo. Leur univers techno s’étend des clips à la scène, reprenant avec finesse les flambeaux tant de Gaspar Noé que de Justice.
Nous les avons rencontrés à l’aube de leur live pour la soirée “Escape from Reality”.
Vous participez ce soir à la soirée “Escape from Reality”, un DJ set techno en ligne, dites-nous en plus.
Le festival est organisé par la Raw Agency, une agence de booking au roaster techno/hardcore assez garni avec des gros noms comme I Hate Models ou D.Carbone. Ce sont des artistes qui sont très présents lors de grosses teufs underground comme les Possessions. L’idée de ce soir, c’est de regrouper des DJs et des VJs (Visual Jockeys, ndlr) qui eux vont faire des créations visuelles par dessus les sets. Tout sera diffusé en ligne en direct, nous on passe ce soir entre 21h et 22h.
Vos lives sont toujours très visuels, avez-vous également traité cet aspect pour ce soir ?
Carrément. On a les deux cordes à notre arc : on est capable de faire aussi bien la musique que l’image, et un festival comme celui-ci est l’occasion de proposer quelque chose d’entièrement “Contrefaçon”. On a préparé une heure de set entièrement personnalisé avec des visuels incrustés derrière nous pendant qu’on joue. C’est vraiment un jeu synchronisé entre la musique et la vidéo. On essaye d’enrichir la musique par l’univers visuel qu’on a pu proposer jusqu’à présent, de ramener ça sur scène et de le dynamiser.
Vous êtes un groupe de musiciens mais aussi de vidéastes, est-ce que le confinement c’est une contrainte qui vous inspire ?
Alors le confinement c’est pas forcément facile pour collaborer, parce qu’on est chacun à des endroits séparés. Les musiciens, Junk8 et moi (Mike Doe), sommes à Paris alors que Antipop et MandelBoy, les vidéastes, sont dans le Sud.
Malgré ça, on profite de cette période pour essayer de jouer sur l’actualité et faire plusieurs DJ sets retransmis en direct sur Youtube et Facebook. Le but est d’essayer de sortir les gens de leur quotidien et de leur monotonie. C’est aussi l’occasion de faire quelques sons, par exemple on a réussi à sampler le premier discours de Macron sur le morceau Nike ta Mère Jo (NSEG edit). En général on prépare nos projets à l’avance, là c’était quelque chose d’assez spontané, on l’a posté sur Soundcloud et on a eu pas mal de réactions positives.
Vous utilisez beaucoup l’esthétique numérique dans vos clips, qu’est-ce que ça apporte à votre projet ?
Quand on parle de musique Techno, rien que dans le mot il y a un aspect technologique et un peu futuriste. Dans notre premier EP en 2016, on a exploité certaines technologies qui étaient nouvelles à l’époque, comme la réalité virtuelle. Maintenant c’est quelque chose d’assez répandu, donc on a mis ça de côté pour se tourner vers l’aspect visuel notamment les fractales pour leur côté organique. Ça nous permet de faire des visuels assez singuliers pour le live, et d’y apporter une dimension psychédélique et organique.
Vous avez sorti votre album, Mydriaze, accompagné d’un court métrage en septembre dernier, vous pouvez m’en parler ?
Ça a été un long travail de réflexion, on a mis un peu plus d’un an à le faire, autant en terme de production musicale que vidéo. L’enjeu c’était de savoir comment on allait jouer sur les deux tableaux. On a naturellement voulu aller vers quelque chose de plus cinématographique que ce qu’on avait pu faire jusque là.
Notre univers était déjà fortement teinté par le cinéma et on s’est dit que c’était l’occasion de passer à la vitesse supérieure avec ce court métrage. Il reprend les personnages des précédents clips pour raconter une nouvelle histoire, celle d’Antoine, un parisien qui essaye de se sortir de son quotidien avec pour objectif d’amener sa dulcinée, Eva, à la mer, loin de l’oppression de la ville.
Mydriaze tourne aussi autour de Paris où on a tous grandi. On est des 100% purs parisiens et on essaye de montrer le Paris que personne ne veut montrer ; le dégueu du métro, les crackheads et le monde de la nuit underground, entre autres. Ça nous permet d’en explorer des facettes qu’on trouve trop peu exploitées dans notre scène.
Cet album réunit à peu près toutes nos inspirations depuis le début de Contrefaçon dans un seul gros projet.
Retrouvez Contrefaçon au RAW Festival en live stream ici de 21h à 22h.
Hélène de Montalembert
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