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Discussion avec Yanga Kali : “Prenez le temps de vous écouter”

23 juillet 2020
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Discussion avec Yanga Kali, jeune artiste mélangeant rap avec des sonorités R’n’B. À l’image d’une génération où énormément de jeunes se mettent au rap, Artistik Rezo donne ici la parole à un de ces artistes, pour tenter de comprendre sa musique et les problèmes que peuvent entraîner le manque de notoriété.

Peux-tu nous raconter ton parcours dans la musique ?

Alors, j’ai commencé à rapper en 4e, je n’avais pas vraiment d’idée précise derrière la tête, j’ai juste trouvé ça cool que tout le monde à cette période-là se mette à rapper. J’ai vraiment essayé de voir ce que ça donnait et de comprendre cet effet de masse.

Peux-tu nous parler de ton premier projet Nihil ?

Nihil a été mon deuxième vrai projet. Mon premier vrai projet était On the road to Jhagloria III. Il est uniquement disponible sur SoundCloud. Nihil a été le premier projet que j’ai mis sur toutes les plateformes avec une idée précise derrière, donc j’ai vraiment essayé de proposer un contenu solide, des thématiques où tout le monde pourrait se retrouver (la solitude, l’amour, ce qui m’entoure), grâce à la vibe.

Quelles sont les difficultés que tu peux rencontrer en tant qu’artiste ?

Les difficultés je dirais qu’il y’en a pas vraiment. Tout le monde peut faire de la musique, avec des écouteurs et un ordi tu peux faire de la musique. Ce qui va être compliqué c’est atteindre plus d’individus, ce qui va aboutir à plus, le rapprochement entre les beatmakers et l’artiste. Aujourd’hui la notoriété est ta carte d’accès à plus de collaborations et d’échanges, sans ça, tu n’es qu’un rappeur amateur parmi des milliards. C’est une réalité où ta crédibilité se mesure en nombre de vues sur Internet pour espérer rentrer en contact avec un individu qui a de la visibilité, c’est vraiment dommage de se rabaisser à de la quantité plutôt qu’à de la qualité et de l’authenticité.

Donc j’essaie vraiment de faire avec ce que j’ai : mon entourage et mon carnet d’adresses. Il y a des gens que je connais qui font du son, qui produisent des choses extraordinaires et qui se rapprochent vraiment de ma vision de la musique.

En tant qu’artiste indépendant, qui travaille majoritairement seul, sans label ou producteur, quelles sont tes relations avec l’industrie du disque ?

C’est quelque chose qui me fascine pour deux raisons. D’un côté, j’ai un regard extérieur. C’est-à-dire que j’entends des histoires sur l’industrie musicale, positif ou négatif, et j’en ai peur sincèrement parce que personne n’est réellement prêt à rentrer dedans, t’apprends au fur et à mesure. Je me dis que si un jour un morceau ou un projet “perce”, ces gens-là m’approcheront pour diverses raisons, en me disant : ” j’ai écouté ton son, ce que je te propose de faire c’est de te mettre à disposition des producteurs, des réalisateurs pour tes clips, une équipe derrière toi pour essayer de te façonner.” Donc oui, l’industrie musicale c’est quelque chose que je redoute et qui me fascine en même temps.

Tu fais partie d’une génération où quasiment chaque jeune a un texte dans son téléphone. Dans cette foule de rappeurs, comment tu espères te démarquer ?

C’est une question que je me pose tout le temps. C’est que oui certes, il y a cette envie de faire de la bonne musique, mais il y a cette envie de me dire que sur chaque morceau j’aimerais tellement qu’on dise : “Ah ! C’est Yanga Kali !”. J’aimerais être détaché des comparaisons comme on aime si bien le faire. Souvent ce sont des personnes que je respecte beaucoup mais j’aimerais vraiment imposer ma touche.

Mes inspirations et ma musique évoluent vraiment en fonction de ma propre vie. Dans les morceaux que je vais faire, j’essaye vraiment de te les présenter afin que tu puisses voir ce que j’ai pu ressentir. Tout est une question de “sense”, le sense pour moi c’est la vie, c’est ce qui fait que tu te lèves le matin, que tu es productif, que tu repousses tes limites, c’est ce qui fait qu’aujourd’hui je suis là en train de parler avec toi. C’est vraiment quelque chose qui nous maintient dans une direction. Donc le sense ça va être ce que tu ressens, ta dévotion envers une chose. Ça a du sens pour toi donc c’est pour ça que tu le fais, c’est pour ça que tu continues, c’est pour ça que t’y crois, c’est le même schéma pour ma musique.

Et justement j’ai essayé de creuser cette idée-là et cela m’a ramené à tout intégralement. Donc je me suis mis à essayer de le tourner en direction d’une voie qui pourrait m’identifier en tant qu’être humain. Chacun a sa vision de la musique ; mais je pense qu’il y a un manque de personnalité…  On vit tous des choses qui méritent d’être exploitées, tu ne penses pas ? Pourquoi on ne parle pas simplement de la pluie et du beau temps ou de ce qui nous concerne individuellement ? C’est une question que je me pose souvent.

Pour finir, y aurait-il un sujet dont tu aimerais parler, quelque chose de personnel que tu voudrais dire ?

Je vais prendre ce temps-là pour ne pas juste parler de moi, ou de ma musique, je vais m’adresser à chacun, peu importe où il est !!! Vivez ! MORE LIFE ! Tout ce que vous vivez, ça a du sens. Prenez le temps de vous écouter, prenez le temps de vraiment profiter de chaque moment parce que malheureusement, le temps est compté. Donc vivez ! Soyez heureux, appréciez votre compagnie, aimez-vous les uns les autres et vous verrez que la vie est tellement simple en fait. Ne vous limitez pas à ce que vous voyez !! C’est tout je crois.

Si tu veux écouter NIHIL sur Spotify, c’est juste en-dessous !

Propos recueillis par Briac Montet

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