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Dimension 32 : “On naît artiste, on ne le devient pas”

Martin, 25 ans, est directeur artistique de Lofi Girl, le plus grand label indépendant au niveau mondial. Il est aussi artiste guitariste de ce même label, sous le pseudonyme de Dimension 32.

Comment est née ta passion pour la musique ?

Je crois tout d’abord qu’on naît artiste, on ne le devient pas. J’ai toujours eu une réelle sensibilité à la musique, et à la création artistique en général.

© Dimension 32

Plus précisément, tout a commencé lorsque j’avais 5 ans, alors que mes parents (tous les deux artistes) m’ont emmené voir un concert de viole de gambe de Marianne Muller, une véritable star du renouveau de la musique baroque. Je me souviens précisément, à ce moment d’être tombé amoureux de cet instrument, et de la musique en général. J’ai tout de suite voulu apprendre cet instrument atypique, qui m’a suivi jusqu’à mes douze ans, période à laquelle j’ai découvert la guitare et le style pop-rock qui a, j’ose le dire, participé à changer ma vie. En découvrant et en partageant cet amour pour des groupes comme Sum 41, Green Day ou encore Blink 182 avec mes deux meilleurs amis, nous avons tous les trois crée le groupe The Scandi, portés par un même rêve : celui d’enregistrer des albums, de remplir des stades et d’apporter une bonne dose de fraîcheur à toute une industrie pop-rock française trop timide depuis plusieurs années. Jusqu’à fin 2020, je n’ai cessé de donner 120% de moi-même pour faire connaître ce groupe et le porter au plus haut, naviguant entre une double formation droit-économie et la gestion d’un tel projet artistique.

© The Scandi

Finalement, c’est après le premier confinement et plusieurs longs mois d’introspection que je me suis rendu compte que j’avais besoin d’un projet en solo, pour porter ma musique à la hauteur de mes ambitions.

C’est alors que je suis tombé sur le style Lo-fi, dans lequel je m’épanouis maintenant depuis plus de 2 ans.

© Dimension 32

Mais ce qu’il faut retenir de tout ce parcours, c’est qu’à travers ces différents projets, c’est cette même passion de créer, d’entreprendre, d’émouvoir et de partager ma musique qui m’a porté tout au long de ces années et qui me suivra toujours.

Comment décrirais-tu ton parcours ?

Mon parcours a toujours été marqué par une réelle ambition d’aller plus loin qu’un simple projet musical/artistique.

Il y a bien sûr l’aspect artistique qui est au cœur et sans quoi le projet musical n’aurait pas vraiment de sens ni d’essence. Mais je vois la gestion d’un tel projet comme celle une entreprise. Il faut dire aussi que j’ai toujours eu une grosse capacité de travail, qui me permettait d’enchaîner facilement des sessions de composition, d’enregistrement, de mix et de mastering à la suite.

Aujourd’hui, je le dis souvent, mais je travaille tout le temps, et pourtant, je n’ai jamais l’impression de travailler.

En résumé, je dirai que mon parcours jusqu’à maintenant a été basé sur un travail acharné et une détermination, même face aux plus grands obstacles, ce qui m’a permis aujourd’hui de pouvoir vivre de ma passion avec Dimension 32, mon projet Lo-fi.

Peux-tu nous expliquer ce qu’est la Lofi music ?

C’est une bonne question car le style de musique “Lofi” est en général très difficile à définir. Pour aller droit au but, il s’agit d’un style de musique instrumental, doux, assez lent, qui tire ses origines du hip-hop et qui vise à relaxer l’auditeur, l’aider à se concentrer, et plus généralement, l’accompagner dans son quotidien. On associe souvent ce style à la chaîne YouTube “Lofi Girl”, plus communément appelée “la petite fille qui travaille”, dessinée avec un style très “Miyasaki” et suivie par plus de 10 millions d’abonnés partout dans le monde, qui écoute en même temps qu’elle les musiques créées par les artistes du label.

Lofi Girl

Ce qui est intéressant d’observer c’est que ce style de musique, encore très jeune puisqu’il a réellement explosé pendant le Covid, ne cesse de se diversifier à une vitesse folle alors que chaque artiste y apporte des influences de plus en plus variées.

Bien plus qu’un simple genre musical, la Lofi tend à devenir un nouveau mode de consommation digitale de la musique, un style qui accompagne au quotidien des millions de jeunes connectés, qui parlent entre eux sur un chat YouTube en temps réel. Ce n’est pas une musique qu’on écoute, mais qu’on entend. Au point que des psychologues la conseillent, voire l’utilisent, pour les assister lors de séances destinées à combattre l’anxiété. C’est un mouvement planétaire qui réunit à la fois les artistes et fans de Corée au Brésil, de Russie à la Turquie, du Canada à la France… Des jeunes que la langue sépare mais que l’état d’esprit qu’est cette musique unit.

Plus précisément, comment décrirais-tu le style musical de Dimension 32 ?

Le style musical de Dimension 32 est assez unique puisque j’y mêle tout mon héritage rock, mes influences de musiques classiques/baroques, mon amour pour la pop ainsi que ma découverte de certains autres artistes de Lofi dont je m’inspire aussi beaucoup.

Tout ce mélange pourra notamment se retrouver sur mon prochain album, qui sortira le 26 septembre prochain sur le label Lofi Girl et qui mêlera notamment guitare, violoncelle, piano pour un style global que l’on pourrait qualifier de “dramatic cinematic Lofi”.

Mais en général, la musique de Dimension 32 se caractérise par des mélodies de guitare hypnotiques, un son subtil et aérien, et des nappes de synthés épurées et relaxantes.

Quel est ton rôle aujourd’hui chez Lofi Girl ?

Depuis plus de deux mois maintenant, je suis “artiste relation manager” au sein de Lofi Girl.

Plus précisément :

– j’écoute les musiques que les artistes nous envoient et en fonction de leur qualité et des critères de sélection bien précis du label, je les accepte ou non.

– j’aide à la gestion des réseaux sociaux : (qui comptent plusieurs millions d’abonnés) et je travaille quotidiennement pour proposer du contenu interactif, intéressant et enrichissant pour la communauté.

– je suis le premier artiste du label qui fait aussi parti du staff, et je suis donc l’intermédiaire entre la team du label et la communauté des artistes. Je réponds aux questions, remarques, plaintes et j’organise des évènements IRL et digitaux pour les artistes. J’ai par exemple profité d’un meet up à Amsterdam avec nombreux artistes du label pour faire filmer un documentaire qui sera bientôt disponible.

Mon rôle est de donner une voix et une image aux artistes de Lofi trop souvent cachés derrière leurs propres musiques et surtout derrière la chaîne mondialement connue Lofi Girl, portée par cette petite fille, devenue aujourd’hui un symbole de la pop culture.

De quoi/de qui t’inspires-tu ?

Lorsque je compose dans un style de musique, j’aime énormément aller à contre courant, aller chercher des inspirations qu’aucun autre artiste n’aurait osé imaginer.

Pour mon album Aeolia, c’est notamment le groupe de pop-punk Knuckle Puck qui m’a beaucoup inspiré. Leur style agressif et puissant est pourtant à l’antithèse de la musique Lofi, censée être très douce et relaxante. Et c’est bien là tout l’intérêt !

Ce groupe propose des arpèges de guitare souvent très mélodieux, avec des grilles d’accords particulièrement originales, mais cachées par une distorsion sur les guitares voulue par le style.

En m’inspirant de cela et en y apportant un son à l’inverse très doux et subtile, j’arrive en général à prendre le contrepied et surprendre l’auditeur tout en collant aux codes du style Lofi.

Pour mon prochain album, c’est le groupe allemand de métal Rammstein qui m’a beaucoup inspiré, avec leur univers très mélancolique et poétique.

Je crois que derrière tout cela je trouve un malin plaisir à ramener dans ce style de musique Lofi, qui a parfois tendance à être un peu trop répétitif, une fraîcheur de par ces influences inattendues.

Quels sont tes projets pour cette année 2022 ?

Outre la sortie de cet album très mélancolique inspiré par des groupes comme Rammstein, la fin de l’année 2022 verra naître un de mes projets les plus ambitieux à mon sens. En effet, je prépare, en partenariat avec le label brésilien Sleep Tales, la sortie d’un projet assez particulier : celui d’un album de musico-thérapie. Il s’agit d’un album de Lofi sur lequel je travaille depuis plusieurs mois, particulièrement méditatif et relaxant, par-dessus lequel une sophrologue professionnelle interagira avec la musique afin de proposer une séance complète de sophrologie à l’auditeur, avec notamment des exercices de respiration et de relâchement des muscles.

J’aimerais donc sortir cet album-concept d’ici la fin 2022, et présenter aux auditeurs une expérience immersive interactive de musico-thérapie.

À suivre…

Quelles sont tes ambitions pour l’avenir ?

Ma principale ambition pour 2023 est de remonter sur scène. Après près de 10 ans dans un groupe de rock, le contact avec la communauté, les auditeurs et la scène me manquent.

Le seul aspect négatif du style Lofi est qu’il n’existe pas encore de concerts d’artistes de ce genre.

Mais je suis en train de travailler avec les équipes de Lofi Girl pour proposer bientôt de la Lofi en live, sur scène !

Si tu pouvais réaliser un feat avec l’artiste de ton choix, lequel serait-il et pourquoi ?

Je dirai le chanteur et compositeur anglais James Blake, avec sa voix magnifique, ses mélodies enivrantes et ses paroles poétiques !

Propos recueillis par Marjolaine Dutreuil

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