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Décès de Georges Moustaki

23 mai 2013
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Georges Moustaki

Il avait pour devise « L’homme descend du songe ». Ce n’est pourtant pas un rêve qui nous sort d’une torpeur qu’on ne saurait qualifier de printanière ce jeudi matin ou alors il manque cruellement de cette poésie dont peut se parer toute activité onirique. Avec sa gueule de métèque, de juif errant, de pâtre grec, celui qui avait offert à Piaf un de ses plus grands tubes, « Milord », s’en est allé. Lui qui affirmait qu’on a toute la vie pour s’amuser et toute la mort pour se reposer…

Georges Moustaki restera forever lié à cette image d’éternel estivant selon la formule de Brassens dans sa « Supplique pour être enterré sur la plage de Sète ». Forever mais faux rêveur surtout… Sans cesse entre deux avions, ce dilettante de façade parcourait cette planète qui tout entière lui avait apporté gloire et succès pour y chanter ses ritournelles bucoliques, ses odes à la vie, ses pieds de nez à la Camarde, ses hymnes à l’amitié. Et il y a quatre ans, non loin des ramblas de Barcelone, le concert qu’il ne finit pas…

S’en suivra une lutte. La plus banale, la plus vitale. Celle pour respirer. Etrange coïncidence avec le mal dont Barbara finit par souffrir plus que celui aux autres et qui l’emporta voilà un peu plus de quinze ans. Il lui avait écrit « La dame brune » qui deviendra presque une carte d’identité physionomique, oripeaux dont elle eut parfois du mal à se départir. Il y eut aussi l’iconoclaste « Moi je me balance » pour les besoins du film « La Fiancée du Pirate » de Nelly Kaplan. Et « De Shanghai à Bangkok » sur le premier disque contenant également les premières compositions de Barbara. Et quelques autres…

Mais le nom de Moustaki restera aussi lié à Brassens vu en concert (une révélation au point qu’il lui chipe son prénom), à Montand mais surtout Serge Reggiani. Deux voix assez proches, d’une méridionale virilité qu’enrobait une suave gravité. Il écrit pour l’amant de Casque d’Or dans le film de Becker « Sarah », « Ma solitude », « Joseph », « Ma liberté » qu’il reprendra à son compte par la suite.

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Le troubadour ne restait pas pour autant perché sur son nuage, hors du temps, hors du monde. Cet ancien journaliste s’engage en mai 68. Un engagement qui en chanson devient « Le Métèque ». Pas si bucolique ni baba cool que ça, si on écoute bien ce titre. Un succès foudroyant, international. Il la chantera même en allemand. Deux ans plus tard, il monte sur la scène de Bobino en vedette tout en continuant d’afficher ses préférences à gauche. Jusqu’au soutien pour Philippe Poutou aux dernières élections.

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Fort d’un parcours de dizaines de chansons, d’une demi-douzaine de musiques pour le cinéma, de tournées permanentes, il donne son nom à un prix. Qu’on ne s’y trompe pas, il ne prend pas cela comme un honneur officiel ou une consécration. Il y voit simplement la possibilité de récompenser un artiste qui s’autoproduit autrement dit un album réalisé « en toute liberté et toute indépendance ». On ne peut faire plus moustakien…

Franck Bortelle
 

[Visuel : Georges Moustaki, Frans chansonnier. Travil personnel de Michiel Hendryckx. This file is licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license.]

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