Debussy – atelier lyrique de l’opéra de Paris
Claude Debussy aurait donc eu 150 ans cette année. L’opéra de Paris a choisi de lui rendre hommage en programmant à l’opéra Bastille son opéra Pelléas et Mélisande dans la mise en scène bleutée de Robert Wilson. En marge, l’Atelier Lyrique s’est penché sur deux opéras inachevés du compositeur tirés de nouvelles de l’écrivain Edgar Allan Poe. Ce qui devait être un diptyque dont la première partie serait Le Diable dans le beffroi et la seconde La Chute de la Maison Usher ne fait aujourd’hui plus qu’un.
C’est à partir d’une longue recherche que ces partitions pour piano ont été rassemblées et présentées à l’Amphithéâtre Bastille dans une mise en scène de Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil. Cette production inhabituelle, placée judicieusement sous le signe du fantastique et de l’épouvante, a de quoi laisser perplexe. Ce qui dérange avant tout est sa première partie consacrée au Diable dans le beffroi. Face au public, le comédien Alexandre Pavloff, sociétaire de la Comédie-Française, s’exprime dans un français exquis, mais dont les multiples intonations agacent au fil de son récit confus.
Les quatre font la paire
La force du spectacle apparaît davantage dans une seconde partie où quatre solistes prennent place dans un décor mortuaire et angoissant. Il y a tout d’abord l’ami, double du narrateur, et interprété par Damien Pass. Australien d’origine, l’accent anglo-saxon de ce baryton-basse aurait pu nuire à la langue française, mais vient à l’inverse donner un charme étrange à son personnage. Face à lui, le baryton Alexandre Duhamel incarne un médecin maléfique à souhait dont les aiguës viennent contrebalancer les graves avec brio, clarté et puissance, le tout baignant dans une articulation parfaite.
Puis vient le personnage clef de cette histoire : Roderick Usher. Il est porté par le Canadien Phillip Addis, déjà entendu dans Pelléas à l’opéra comique en 2010. A lui aussi, le chant français sied comme il se doit. Un atout qu’on lui connaît déjà comme il l’a prouvé dans Werther de Massenet (version pour baryton) entendu à l’Opéra de Montréal en janvier 2011. Face à face, ces trois barytons ne se font aucunement concurrence, mais se complètent à l’inverse.
Seule femme sur scène, le chant de la soprano Valérie Condoluci se marie parfaitement à la mélodie debussienne, au son du piano nostalgique et mélancolique de Jeff Cohen. On en sort aussi bien envouté que déçu pour une production originale qui fait étrangement écho à celle d’Orphée et Eurydice de Gluck présentée l’année dernière à Bobigny et reprise en mai prochain à Bordeaux.
Debussy – atelier lyrique de l’opéra de Paris
Du 29 février au 5 mars 2012
Durée du spectacle : 1h30 sans entracte
Prix des places 30€
Amphithéâtre Bastille
M° Bastille
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