David Lescot chante la Commune dans une explosion de jazz
La chose commune De Emmanuel Bex et David Lecot Mise en scène de David Lescot Avec Emmanuel Bex, Elise Caron, Simon Goubert, Mike Ladd, Géraldine Laurent et David Lescot Du mardi au samedi à 20h30 Tarifs : de 10 à 26 euros Réservation en ligne ou par tél. au 01 42 74 22 77 Durée : 1h30 Théâtre de la Ville-Espace Cardin |
Jusqu’au 29 avril, puis à Marciac, Caen, Nevers
Il faut une bonne dose de talent et d’énergie pour chanter la révolte des Communards, ce printemps politique et social de 1871 qui s’est achevé dans un bain de sang. David Lescot, artiste associé au Théâtre de la Ville, s’entoure d’un ensemble de jazz dirigé par Emmanuel Bex, du rappeur américain Mike Ladd et de la chanteuse Elise Caron pour présenter un cabaret joyeux et nostalgique à la gloire de Louise Michel, d’Elizabeth Dmitrieff et d’Arthur Rimbaud, et de leur utopie revigorante. Un big band à la gloire des femmesSaviez-vous que la grande sortie du dimanche, au moment de la Commune de Paris, était d’aller écouter Rosa Bordas qui s’enroulait dans un drapeau rouge en chantant « La Canaille », tandis que Louise Michel, surnommée par Verlaine la « Vierge Rouge », arborait le drapeau noir des anarchistes en ne cessant de défendre l’éducation des filles malgré la déportation et l’emprisonnement ? Quant à Elisabeth Dmitrieff, la passionaria russe qui défendait les travailleuses, tous les Communards tombaient sous son charme alors qu’elle défilait, en robe rouge, durant la semaine sanglante du 22 au 28 mai 1871 ! Paris fut vite mis à feu et à sang par les soldats versaillais, mettant fin à l’utopie généreuse des commissions novatrices qui inventaient une nouvelle organisation du travail et l’éducation gratuite, laïque et obligatoire pour tous. Du jazz à la révolution En fouillant dans le répertoire des chansons, des poèmes et des discours de l’époque, véritable laboratoire d’idées nouvelles, David Lescot et le musicien compositeur Emmanuel Bex ont réuni la chanteuse Elise Caron, le clameur américain Mike Ladd, la saxophoniste Géraldine Laurent et le batteur Simon Goubert pour raconter en musique, avec une énergie et une douceur communicative, l’histoire de cette période historique. Honneur aux femmes, héroïnes évidentes de ce monde d’hommes, pour lesquelles David Lescot compose, à l’instar de Paul Verlaine, des complaintes nostalgiques ou rebelles. La musique jazz d’Emmanuel Bex se mâtine d’un rythme rock, haletant, pour dire les soubresauts de la violence urbaine. Mike Ladd nous embarque, sans mot dire, dans sa transe américaine tandis que la batterie s’allume de tous ses tambours ! Le Temps des Cerises de Jules Vallès nous cueille à point avec les solos de saxophone de Géraldine Laurent pour tresser la poésie avec la politique. « Le printemps est évident » écrivait Rimbaud. Hélène Kuttner [Crédits Photos : © Christophe Raynaud De Lage ] |
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...