David Grimal – Les Dissonances – Cité de la Musique
Les Dissonances sont un orchestre sans chef. David Grimal, premier violon, en assure la direction. La disposition instrumentale est traditionnelle avec les premiers et seconds violons à gauche, et les altos et les violoncelles à droite. L’espace dévolu traditionnellement au chef est vide et les pupitres au lieu d’être arrondis se font face. Les bois à l’arrière scène ferment cet espace leur permettant ainsi de voir également les chefs d’attaque de chaque pupitre de cordes.
Théoriquement, tout le répertoire classique de Haydn à Beethoven leur est accessible. Les musiciens sont jeunes et décontractés, la chemise noire ouverte. C’est une atmosphère qui rappelle les ensembles de musique baroque. L’orchestre est composé de trente cordes (avec un nombre égal d’altos et de violoncelles). Les timbales jouent avec des baguettes en bois et les cuivres sont naturels. L’acoustique de la salle est parfaite pour un orchestre de chambre de cette taille qui occupe bien l’espace de la scène.
En milieu de programme, une œuvre brève de Brice Pauset est donnée en création pour l’effectif exact de la Pastorale telle qu’elle a été donnée ce soir. Peu joué en France depuis une dizaine d’années, date de son exil en Allemagne, Brice Pauset s’inspire dans Maus Frosch d’un Hymne maoïste qu’il déconstruit à la loupe, selon une technique largement éprouvée par Helmut Lachenmann. Différents gestes instrumentaux sont directement empruntés au compositeur allemand comme les coups de baguette sur le corps de la timbale au début de l’oeuvre, ou les sons soufflés aux vents ; plus encore, la pulsation sous-jacente qui passe le matériau musical en répétition comme un effet grossissant. Des superpositions de lignes diatoniques ou chromatiques conjointes se déploient et se répètent dans la deuxième partie. Le résultat n’est pas sans une certaine puissance dramatique. La référence à Mao est bien lointaine, mais la rédaction d’une note de programme est un art que le compositeur français maîtrise aisément. L’oeuvre est dédiée au philosophe slovène Slavoj Zizek.
Le Quatuor à cordes op.76 n°4 de Haydn est interprété pas le quatuor Raphaël, tous les quatre membres de l’orchestre Les Dissonances. L’alto est à droite face au premier violon. Dans cette disposition de salle, l’acoustique est malheureusement un peu lointaine pour cette formation. La sonorité est toutefois très belle dès le premier thème, y compris dans les dynamiques les plus piano. Les lignes mélodiques sont conduites avec une grande intelligibilité. La performance du premier violon, Pierre Fouchenneret, second violon solo des Dissonances à côté de David Grimal, est particulièrement remarquable. Doté d’une chevelure impressionnante, il se dégage de sa présence une expression intense.
Les musiciens reçoivent une belle ovation du public.
David Grimal et Les Dissonances
Ludwig van Beethoven Ouverture de Coriolan
Brice Pauset Maus Frosch (Commande de l’Opéra de Dijon et de la Cité de la musique, création)
Joseph Haydn Quatuor à cordes op. 76 n° 4 « Lever de soleil »*
entracte
Ludwig van Beethoven Symphonie n° 6 « Pastorale »
Les Dissonances
David Grimal, violon, direction
Quatuor Raphaël
Pierre Fouchenneret, violon I
Pablo Schatzman, violon II
Arnaud Thorette, alto
Maja Bogdanovic, violoncelle
Vendredi 24 février 2012 à 20h
Tarif : 18€
Réservation en ligne
Cité de la musique
221, avenue Jean Jaurès
75019 Paris
M° Porte de Pantin
[Crédit Jean-Louis Atlan]
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