Coppélia – Palais Garnier
La représentation du 20 mars a été dédiée au peuple japonais, en présence de l’ambassadeur du Japon, dans un esprit d’espoir et de solidarité.
On retrouve tout à fait l’esprit sombre de L’Homme au sable des Contes d’Hoffmann, dont s’inspire le ballet Coppélia en deux actes. L’ivresse, le rêve, la maladie, l’amour disparu, la solitude sont des thèmes chers aux auteurs fantastiques.
La mise en scène fonctionne à merveille. Un rideau peint habille le plateau sur lequel apparaît les différentes tentatives du professeur pour animer sa poupée. Les danseurs apparaissent derrière dans la lumière. Spalanzani, ce personnage à la fois burlesque et servile qui tient des valets italiens, interprété avec humour par Fabrice Bourgeois, tourne les pages d’un livre gigantesque faisant apparaître Coppélia : c’est magique.
La magnifique chorégraphie de Patrice Bart prend place dans un décor ténébreux propre à l’univers maléfique de Coppélius. Le décor s’effondre comme dans le conte fantastique de La Maison Usher de E. A. Poe au second acte, laissant place à la fumée qui envahit le plateau de Garnier comme si les lieux subissaient aussi le terrible bouleversement de perdre à nouveau la jeune fille aimée. L’antre de Coppélius est à son image, gris foncé et inquiétant : le danseur étoile Benjamin Pech, très charismatique, y évolue avec élégance, prestance et puissance. On ne voit que lui. Il a quelque chose du rapace qui fascine sa proie, de Rothbart du Lac des Cygnes. À deux reprises, il semble pris de crises « épileptiques » magnifiques qui impressionnent beaucoup. Son sourire, sa détermination, sa présence font frémir toutes les jeunes filles à l’exception de Mélanie Hurel en Coppélia, très audacieuse.
La première danseuse ne nous surprend pas beaucoup au premier acte. On la souhaiterait encore plus étincelante, plus unique, plus extraordinaire, plus sensible. Elle se rattrape dans l’acte deux, très gracieuse. Frantz, Christophe Duquenne déçoit aussi un peu. En revanche, tout le corps de ballet espiègle, jeune, frétille, galvanisé dans les danses tziganes. Les superbes automates dans l’acte deux, soldats et poupées transportent dans l’univers onirique et fantastique de Coppélius. Les mouvements saccadés, la tête pantelante au visage de cire, le mouvement ralenti, concourent à l’hésitation. C’est somptueusement interprété.
Enfin, saluons l’orchestre Colonne dirigé par Koen Kessels qui fait des bonds très surprenants, il a été chaleureusement applaudi.
Marie Torrès
Coppélia
Ballet de l’opéra national de Paris en deux actes d’après Arthur Saint Léon
Léo Delibes Musique
Patrice Bart Chorégraphie et mise en scène (Opéra national de Paris, 1996)
Ezio Toffolutti Décors et costumes
Yves Bernard Lumières
Les Étoiles, les premiers danseurs et le corps de ballet
Orchestre Colonne
Koen Kessels Direction musicale
12 représentations du 17 au 30 mars 2011
Prix des places : 89€, 67 €, 45 €, 23 €, 12 €, 8 €
Palais Garnier
Place de l’Opéra
75009 Paris
M° Opéra
Coppélia fera l’objet d’une captation audiovisuelle réalisée par Vincent Bataillon en coproduction avec l’Opéra national de Paris et Telmondis, avec la participation de France3, pour une diffusion ultérieure sur ses antennes.
Coppélia sera diffusé en direct, en association avec Ciel Écran, dans les salles de cinéma en France et à l’étranger, lundi 28 mars 2011 à 19 heures 30
[Visuels : Sébastien Mathé/ Opéra national de Paris]
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