Claudia Solal – une rencontre entre poésie et improvisation (2/2)
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En 2003, Claudia Solal collabore avec Benjamin Moussay, se produisant alors dans une forme simple, essentiellement piano / voix, petit à petit, ils intégrent des sons autres avec des claviers et des ordinateurs, des logiciels permettant ainsi une évolution musicale sous forme de réactivité, d’interactivité. Mais la recherche de sons ne passe jamais avant la musique. Pour Claudia « ce n’est pas de la recherche pure. Lorsque c’est purement acoustique, ça m’ennuie très vite. J’ai besoin d’une trame, d’une construction narrative aussi bien dans l’improvisation que dans la musique écrite. Sinon j’ai le sentiment que cela devient abstrait, trop expérimental. J’ai besoin d’avoir de l’improvisation et de l’interprétation tout en ayant la sensation de ne plus savoir si là on improvise ou si là on interprète. Car les deux doivent être en lien. »
En 2010, Claudia Solal sort un album « Room Service » qu’elle élabore avec son quartet Spoonbox, on y trouve des textes atypiques, proposant un jazz avant-gardiste sur fond de poésie et de folie douce. Ensemble, sur les scènes, ils livrent ces musiques où le texte n’est pas qu’anecdotique.
Entre poésie déchue et surréalisme enfantin
D’une voix douce, Claudia Solal métamorphose des poèmes d’Emily Dickinson sur des musiques qui en décuplent le sens comme pour mieux savourer chaque mot, chaque silence, chaque coup. Le choix d’Emily Dickinson était un hasard, dit-elle, « j’ai proposé que l’on improvise avec ce texte comme base, je cherchais un texte court. » Mais ce hasard est très vite devenu une habitude, qui trouve sa place à chaque représentation : « nous improvisons toujours sur Dickinson, ce poème donne une forme à l’ensemble. À force de travailler dessus en improvisation les musiciens, même s’ils ne connaissent pas le poème, savent quand c’est la fin. C’est une osmose étonnante. »
La littérature est très présente dans le répertoire de l’artiste, tout comme les mots de Dickinson, la Salomé d’Oscar Wilde trouve en Claudia Solal une voix exquise pour compter son désir.
Artiste aux talents multiples, Claudia Solal écrit également ses textes. Entre absurde et surréalisme, c’est dans le souvenir qu’elle puise ses images. Depuis très petite, notamment parce que sa mère était traductrice de livres pour enfants, Claudia nourrit son imaginaire enfantant d’images qui resurgissent dans ses mots d’adultes. « Nous avions des collections de livres superbes de Maurice Sendak, de Tomi Ungerer, de merveilleux dessinateurs surtout et auteurs aussi. »
Tout cela a su faire de la création musicale de Claudia Solal une œuvre unique et originale. Un monde de références où le jazz et la littérature se côtoient. Un monde où l’improvisation et l’interprétation se domptent. La musique de Claudia Solal est à chaque écoute différente, comme une inlassable ronde de la découverte des sens.
Livia Colombani
« Room Service » de Claudia Solal Spoonbox
Sorti le 22 avril 2010, chez le Chant du monde / Harmonia mundi
Concerts à venir :
- 17/09 Claudia Solal Spoonbox, Festival Jazz aux écluses, Hédé
- 24/09 Trio avec Gérard Siracusa et Garth Knox, A l’Improviste, France Musique
- 07/10 Yves Rousseau sextet « Poète, vos Papiers II », Perpignan
- 19/11 Martial Solal Newdecaband, Guimaraes, Portugal
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