Charles Delestre : « Paris Hip Hop Winter Festival favorise l’émergence »
La 2e édition du festival se déroule du 1er au 10 décembre. Au programme : conférences, concerts et avant-première dans plusieurs lieux emblématiques de la culture hip hop parisienne, comme l’Aérosol ou la Bellevilloise. À l’affiche : Di-Meh, Isha, les Tontons flingueurs, l’Ordre du Periph, Aj Tracey, Gracy Hopkins, 13 block, Statik Selektah… Rencontre avec Charles Delestre, responsable de la communication pour l’association organisatrice Hip Hop Citoyens.
Pourriez-vous nous en dire plus sur Hip Hop Citoyens ?
Cette association a pour but de promouvoir la culture hip hop en France et à l’international. Parmi nos activités, la plus importante est le festival Paris Hip Hop d’été, dont on a fait la 12e édition, l’été dernier, et qui se développe comme une quinzaine culturelle avec multitude d’évènements, de la danse jusqu’au graffiti ou le rap, en passant par le djing. Bref, tous les aspects du hip hop. Ce sont des événements gratuits ou payants, des conférences, des projections, donc vraiment de quoi présenter et promouvoir ce genre sous toutes ses formes et permettre des échanges.
Comment votre association favorise-t-elle l’émergence ?
Nous organisons le Buzz Booster, dont on fera la finale au Paris Hip Hop Winter, en première partie de AJ Tracey et Gracy Hopkins. Il s’agit d’un dispositif de repérage, c’est-à-dire un tremplin pour de jeunes musiciens d’Ile-de-France (rap et ses dérivés). Sur plus de 200 candidatures par an, 30 dossiers sont retenus pour les quarts de finales. Ces artistes jouent sur scène leurs morceaux. 10 sont retenus en demi-finale. Ensuite, les trois meilleurs vont en finale sur le festival d’hiver. Le lauréat Buzz Booster intègre un accompagnement sur l’année. De ce fait, il est intégré dans la programmation du festival d’été, en 1ère partie. L’été dernier, on a eu Bruck avant The Underachievers, Kool G rap et Joey Starr. C’est une vraie passerelle. Le Buzz Booster est aussi un dispositif national. À la clé : encore de l’accompagnement et des dates supplémentaires dans chaque festival ou SMAC du dispositif.
Repérage régional et national, donc. Hip Hop Citoyens a-t-elle un rayonnement international ?
Nous développons d’autres activités avec les instituts français, par exemple, pour envoyer des artistes à l’étranger dans le cadre de missions particulières, pour des conférences des ateliers, souvent autour du graffiti, du beatbox ou du rap. Ainsi, l’été dernier, des breakdancers d’Infamous Crew sont allés en Colombie. Et sur le festival, on a accueilli des Colombiens. On a également travaillé avec l’Académie nationale de peinture de Pékin qui nous as appelés pour repeindre les murs d’un nouveau quartier en expansion.
La 2e édition du Paris Hip Hop Winter commence bientôt. Quel est l’ADN de ce festival ?
Nous souhaitions avoir un autre événement saisonnier. Cette manifestation ressemble dans les grandes lignes à notre festival d’été, mais le Winter favorise encore plus l’émergence et les nouvelles pratiques. Par exemple, hormis notre tête d’affiche Statik Selektah, nous n’avons programmé que des jeunes artistes, même si Isha, Di-Meh, les Tontons flingueurs, l’Ordre du périph sont en pleine progression. Gracy Hopkins est tout juste repéré sur la scène parisienne et AJ Tracey commence à faire parler de lui en Angleterre. Parmi les thèmes des conférences : Le beatmkaing et le business, l’image de la rue dans le rap américain, l’évolution du rap et ses conséquences en terme de diffusion.
En quoi ce festival traduit-il aussi un engagement citoyen ?
Nous venons de créer, en collaboration avec la Rumeur, un événement cinéma indépendant : Capital Risque. L’année dernière sur la première édition du Winter, on avait accueilli, en avant-première, le film de la Rumeur, les Derniers Parisiens. Cette année, nous programmons Whose Streets ?, un documentaire qui revient sur les révoltes de Ferguson suite au meurtre de Michael Brown par la police. La réalisatrice va venir des USA pour l’occasion.
Comment a été constituée cette programmation ouverte à l’international (Belgique, Suisse, Angleterre, USA) ?
Forcément, beaucoup d’influences viennent d’Outre Atlantique ! Mais le rap est aussi francophone. Il y a une énorme scène en Belgique, en Suisse, au Québec. Et ça ne fait que commencer. Tout est possible !
Quelle est votre politique d’accueil des publics ?
Les concerts sont à réserver via la billetterie, même si grâce à nos partenaires, nous proposons des jeux concours. Il faut bien nous suivre sur les réseaux sociaux ! Sinon, nous veillons à l’accessibilité au plus grand nombre. C’est pourquoi les conférences sont gratuites. Il faut juste s’inscrire, dans la limite des places disponibles. On accueille quand même Statik Selectah, ça peut attirer pas mal de monde… Nous aurons aussi David Diallo, maître de conférence et spécialiste des études anglophones qui étudie le rap américain depuis des années. Une autre rencontre est prévue avec des professionnels. L’année dernière, «Du Clic à la scène » a analysé comment un artiste, ayant commencé sur Soundcloud, peut ensuite être une tête d’affiche programmée dans plusieurs concerts. Cette année, on propose un panorama de la diffusion du rap en France. Pour cet état des lieux et ce tour d’horizon des nouveaux enjeux économiques ou artistiques, on va accueillir un représentant de Warner, des tourneurs, des bookeurs, des managers.
Quelles sont les prochaines dates à retenir ?
Déjà, le Winter du 1er au 10 décembre, ensuite la finale Buzz Booster nationale, début mai, puis le Paris Hip Hop, fin juin. On va annoncer prochainement les dates précises et les nombreuses surprises ou nouveautés que nous sommes en train de préparer.
Pour finir, que peut-on vous souhaiter ?
Déjà, de bons concerts et un public conquis. Ensuite, que le festival grossisse. Et on peut souhaiter plus de projets à l’international pour Hip Hop Citoyens, avec encore plus d’artistes qui puissent promouvoir le hip hop français à l’étranger.
Propos recueillis par Orlane Bénard
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