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Chanje : “Mon prochain EP est sûrement celui dont je suis le plus fier, je me suis appliqué plus que jamais”

Iris Guazzini 9 décembre 2021
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© 6riliho

Après son retour sur scène le 17 novembre et en vue de la sortie de son prochain projet – prévu pour 2022 – nous sommes allés à la rencontre de Chanje, rappeur passionné et accompli.

À seulement 23 ans, Chanje compte déjà deux EP à son actif : Pacemaker, sorti en février 2020 et E.M.I. (expérience de mort imminente), dévoilé en février 2021. Issu d’une famille de musiciens et produit par le label LaBréa (Wagram Music), il n’a rien à envier aux autres rappeurs de sa génération. Son dernier titre Secteur en featuring avec Cinco démontre encore une fois sa capacité à mêler chant et rap, et nous laisse entrevoir un prochain EP plus que prometteur. 

Dans tes deux premiers projets on retrouve des titres aux structures musicales très différentes. Quel sera le tempo pour ce prochain projet ?

Je voulais vraiment un style entre Pacemaker et E.M.I., c’est-à-dire un mélange entre des sons un peu “spéciaux” et d’autres plus “efficaces”, avec “couplet-refrain-couplet-refrain”. C’est sûrement le projet dont je suis plus fier, je me suis appliqué plus que jamais. Même pour le tournage des clips, et j’ai aussi fait quelques prods. Je ne sais pas s’il marchera, mais j’ai fait ce que je devais faire et dire sur le moment, et je l’ai fait de la meilleure façon possible. Si ça se trouve dans 5 ans je penserai que j’aurais pu mieux faire, mais en tout cas là j’en suis vraiment fier.

Comment as-tu vécu ces deux années de pandémie mondiale en tant que jeune artiste ?

Il y a eu des côtés cool au COVID, notamment pour l’écriture par exemple : L’EP qui va sortir je l’ai travaillé chez moi – contrairement aux deux autres – et finalement, c’est la méthode de travail que je préfère. Je suis dans ma bulle, je fais mon truc solo et après on rebosse les sons en studio. J’ai écrit ce que je vivais sur le moment, c’est d’ailleurs pour ça que ce projet sera un peu plus sombre que E.M.I.. Après, il y a aussi eu des aspects plus négatifs : pour refaire la chronologie, je sors Pacemaker en février, donc 1 mois avant le COVID. Ça commence à prendre un petit peu – à mon niveau – et d’un coup tout s’arrête. Normalement, j’avais une quinzaine de dates prévues en avril, dans toute la France : des premières parties, des co plateaux, etc, c’était trop bien. Mais COVID oblige, tout est annulé. Même si j’avais de bons retours sur les réseaux sociaux, que j’ai pu voir les chiffres monter sur les plateformes, y’avait pas ce truc de proximité avec le public. Et en réalité, c’est quelque chose que je n’ai jamais vraiment connu. Je sais que je touche des gens, mais j’ai l’impression que ça reste virtuel pour le moment. Après je ne peux pas me plaindre, le “moi” d’il y a 2 ans aurait rêvé de cette situation-là.

Et justement, en quoi penses-tu toucher ton public ?

En fait, quand j’écris c’est comme un exutoire pour moi, une sorte de façon de survivre. Donc je le fais pour moi, mais aussi pour les autres. Je me dis que je ne pourrai jamais changer le monde, mais si y’a bien un truc que je peux faire c’est tenter d’aider les gens à travers ma musique. Il y a déjà des personnes qui m’ont dit que je les avais aidées, et franchement c’est exceptionnel. Je me dis que j’ai fait mon taf, c’est une des plus belles choses en tant qu’artiste.

Qu’est-ce qui inspire tes textes, ton écriture ?

J’écris vraiment ce que je vis. Y’a plein de trucs que j’aimerais faire passer dans mes musiques : avant d’être politique, je veux aussi faire passer des sentiments. Quand je fais un son, je ne me dis pas qu’il doit forcément être politique. En revanche, s’il y a quelque chose qui me dérange à un certain moment, je ne me restreins pas pour passer le message. Sinon de manière générale, je parle de tout.

© sevenj.mp4

Dans tes derniers projets tu entretiens un lien fort avec le domaine médical – tu évoques notamment les troubles psychiques et psychologiques –, pourquoi ?

Plus jeune, ça n’allait pas trop dans ma tête, je me posais plein de questions et on ne savait pas vraiment ce que j’avais. À ce moment-là, j’aurais adoré qu’un artiste me fasse comprendre par ses textes que je n’étais pas fou, que tout allait bien. Maintenant que je fais de la musique à mon tour, je me dis que si je peux éviter à des gens de vivre autant d’années dans la peur comme moi je l’ai vécu, ce serait déjà une grande victoire pour moi.

Qu’est-ce qui te plaît dans le rap ?

Faut savoir que je chante depuis tout petit, au départ le rap je ne faisais que l’écouter. Mais je me suis rendu compte que la manière dont j’écrivais c’était une façon rap – même si je continue à chanter dans mes sons. Je trouve que ça peut être bien d’écrire très poétiquement, mais ce qui me plaît le plus dans le rap, c’est qu’on dit la vérité telle qu’elle est. On ne sublime pas, et j’aime vraiment cette honnêteté, ce côté authentique. J’ai aussi envie, quand j’écris un son, d’utiliser les mots que j’emploie dans la vie de tous les jours, mon argot, mon accent de banlieusard que je peux avoir de temps en temps.

Quels sont tes goûts musicaux et les artistes qui t’inspirent ?

J’ai été élevé au rock anglais – mon père est un fan inconditionnel des Beatles. J’écoutais aussi pas mal de chansons françaises : Céline Dion, Francis Cabrel, Goldman, Aznavour… Puis vers 10/11 ans mes propres goûts musicaux ont commencé à s’affirmer, et c’est là que j’ai commencé à écouter du rap français. En ce moment j’écoute beaucoup Sevdaliza, Lucky Daye, Daniel Caesar, ou du R&B en général. En termes de styles musicaux j’ai des goûts assez larges. Pour l’EP à venir, je me suis inspiré d’albums qui proposent le principe de story telling.

Revenons justement à ton prochain projet. On a pu en voir un aperçu grâce au titre Secteur, en featuring avec Cinco. Comment s’est faite la rencontre entre vous deux ?

Il était déjà venu enregistrer au 386 (lab), donc mon manager connaissait son manager. Il lui a proposé le feat, il a dit oui. On s’est rencontré en studio et le contact est super bien passé. On a élaboré et enregistré le titre en une journée.

Dans le clip de Secteur sorti il y a un mois, vous y avez glissé des énigmes et des messages cachés. Ce sont des indices sur ton prochain projet ?

(Rires) Tout ce que je peux répondre, c’est que “tout n’est qu’ADN”.

© innoncent43

Quel est ton meilleur souvenir en tant qu’artiste ?

Il y en a plein, mais je pense que parmi eux il y a le concert à la machine du Moulin Rouge. Techniquement, ce n’était pas mon meilleur concert, mais en tout cas c’est celui que j’ai le plus ressenti. Les jours qui ont précédé l’événement, j’étais super stressé parce qu’on m’avait averti que des grosses têtes de l’industrie venaient pour moi. Donc je savais qu’il ne fallait pas que je me plante. Au final, il y a quelque chose de magique qui s’est passé ce jour-là, j’ai vraiment l’impression qu’il y a eu une osmose. Le public était bouillant : à peine j’avais lâché les premières paroles que tout le monde sautait déjà. En revenant dans les coulisses j’ai pris mon manager dans les bras. C’est d’ailleurs en partie grâce à ce concert que j’ai signé avec Wagram Music, en 2019.

… Et ton pire souvenir ?

Je n’ai pas vraiment de mauvais souvenirs en tant qu’artiste, j’aime mon taf et c’est le plus important. C’est sûr qu’il y a des moments plus difficiles que d’autres, des moments de doutes, de remises en question. Y’a des matins où je me lève et je me dis “mais j’suis un ouf de faire ça moi. Ok, j’en vis pour le moment, mais pour combien de temps ?”.

Tu aurais des conseils à donner à d’autres artistes qui voudraient se lancer dans la musique ?

Je leur dirais d’abord de ne pas abandonner les études, parce que c’est important. Après, ceux qui réussiront c’est ceux qui ne m’écouteront pas. L’important c’est de faire ce que t’aimes, cherche à faire de la bonne musique et surtout cherche à être heureux, c’est le plus important.

Où est-ce qu’on peut te retrouver sur scène prochainement ?

En ce moment ça reprend doucement, parce que je voulais d’abord me concentrer sur mon prochain projet. Mais je suis le 9 décembre en concert à Nantes, en 1re partie de Luidji. Sinon, il y aura des concerts sur Paris d’ici 2022, mais je n’ai pas encore les dates.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

Comme dirait Booba, la santé, le bonheur, et le reste on l’achètera.

Merci Chanje !

L’Instagram et la chaîne Youtube de Chanje

Propos recueillis par Iris Guazzini

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