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Célébration Liszt – Salle Pleyel – Orchestre Philharmonique de Radio-France

23 octobre 2011
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INBAL_Eliahu_2011_Credit_Rikimaru_Hotta

Le Concerto pour violon de Schumann est une œuvre peu connue, et peu jouée. Composée au début des années 1850, comme l’œuvre de Liszt inscrite au programme, elle appartient à la dernière période créatrice du compositeur rhénan, peu de temps avant sa crise de folie et sa tentative de suicide. Bien que créée dans les années 1930, dans une version modifiée par Hindemith, ce n’est que depuis le début des années quatre-vingt qu’elle est intégrée au répertoire des plus grands solistes.

Son dédicataire, le violoniste Joachim, avait refusé de créer la partition, la jugeant vraisemblablement mal écrite, bancale. En effet, Schumann la composa rapidement, à une période de sa vie créatrice difficile, sans cadence de soliste, et développant une grande partie du jeu dans le médium et le grave du violon. C’est aussi pour toutes ces raisons qu’Isabelle Faust est peut-être venue exécuter l’œuvre avec partition.

Sous la direction très retenue du chef israélien, le premier mouvement fait effectivement la part belle aux sonorités graves du violon. Il est composé d’alternances simples entre les tutti d’orchestre (avec deux trompettes, deux cors et timbales), et les parties solistes accompagnées de l’orchestre à cordes, maintenu volontairement dans des nuances très piano, ponctuant le discours du soliste comme dans un récitatif accompagné.

Nous sommes harmoniquement dans la période tardive du compositeur allemand, et cela s’entend dans des enchaînements parfois étranges, comme dans la dernière cadence de l’exposition et de la ré-exposition.

Le chef lit également beaucoup la partition, ce qui laisse penser qu’il l’a également peu dirigée. Le deuxième mouvement, le plus réussi de l’oeuvre, nous fait entendre de beaux pianissimos aux cordes.
Il s’enchaîne au troisième mouvement, qui fut l’objet du problème lors de sa création avortée par Joachim, et de la ré-écriture d’Hindemith.
Le rythme de polonaise, qui est un rythme plutôt lent, est ici donné, en accompagnement de la partie soliste, aux cors en notes piquées, ce qui donne un résultat particulièrement étrange, pour ne pas dire flottant. L’usage des autres vents est minimaliste. L’opposition entre soliste et cordes n’est plus aussi tranchée qu’avant, les cordes reprenant des figures du violon solo.

Isabelle Faust, lisant sa partition, se surmène pour nous rendre la profusion de notes de sa partie soliste. Elle est très applaudie par le public de la Salle Pleyel.

La Faust-Symphonie de Franz Liszt est plus célèbre que l’oeuvre précédente. Elle n’en est pas moins trop peu connue au regard du véritable chef-d’oeuvre qu’elle est. Contrairement à Schumann, le début des années 1850 est pour Liszt le début de sa production orchestrale. La « musique de l’avenir » est en effet le produit de compositeurs qui furent plus tardifs dans l’accomplissement de leur style.
Le premier mouvement, long d’une demi-heure, se nomme Faust. Dès le commencement, Eliahu Inbal demeure modéré dans ses gestes, à l’écoute de l’orchestre. Du son magnifiquement feutré des altos dans la première phrase, à la grande intensité de l’orchestre à cordes dans le deuxième thème Allegro agitato, le chef semble stationner comme en lévitation au-dessus de l’orchestre.
Nous sommes ici proche du Wagner de Tannhaüser et de Lohengrin. Liszt, ami de Berlioz, s’inspire ici aussi certainement du compositeur français. Le coup de cymbale dans le quatrième thème grandioso aux cuivres n’est pas sans évoquer un certain tic berliozien.
Le second mouvement dédié à Marguerite est d’une beauté profonde et intime.
Le troisième mouvement consacré à Mephistophélès est le plus original et sarcastique. Il déforme les thèmes précédemment entendus, pour les ridiculiser. Des modes de jeux plus fréquemment opposés les uns aux autres, pizzicato, staccato, des groupes legato très rapidement jetés, évoquent également Berlioz. La conduite du discours, rendue plus difficile par des changements soudains de vitesse et de sonorités contrastées, n’intimide pas l’orchestre qui s’en sort admirablement. En définitive, une très belle unité ressort de cette interprétation, nous laissant présumer que le chef connaît parfaitement cette partition.
Le chœur d’hommes, à la fin de l’oeuvre fut brillamment murmuré. Le ténor australien Steve Davislim, entendu l’an passé dans la messe en ut de Beethoven avec le National, nous fit profiter par sa belle voix de la belle acoustique de la salle, puisque, placé derrière l’orchestre, il fut audible jusqu’aux nuances les plus piano. Ce qui n’est jamais le cas au Théâtre des champs-Elysées dans la même situation.

La salle Pleine, et l’orchestre, ont applaudi longuement le chef israélien.
Laurent Torrès

En direct sur arteliveweb.com et sur concerts.radiofrance.fr, puis accessible gratuitement en différé pendant plusieurs mois.

Robert SCHUMANN
Concerto pour violon et orchestre

Franz LISZT
Faust Symphonie

Célébration Liszt

Isabelle Faust, violon // Steve Davislim, ténor

Chœurs d’hommes de Radio France // Matthias Brauer, chef de chœur

Orchestre Philharmonique de Radio France – www.concerts.radiofrance.fr
Eliahu Inbal, direction

Vendredi 21 octobre 2011 – 20h

Tarifs : 60 € // 45 € // 34 € // 22 € // 10 €

Salle Pleyel
252, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
M° Ternes

[Visuel : Crédit Rikimaru Hotta]

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