Capriccio – Srauss – Opéra Garnier
R. Carsen, après avoir mis sur scène la fosse d’orchestre dans les Contes d’Hoffmann, situe l’action de Capriccio dans les coulisses de l’opéra. Étrange impression : les dorures somptueuses avoisinent les murs anthracites meublés d’échelle de secours et autres matériels techniques. Les lieux s’encastrent les uns aux autres jusqu’à la scène finale magique où le spectateur découvre la jeune danseuse dans le petit salon de répétition. La comtesse est alors arrachée de la scène brutalement. Quelle violence ! Le pacte implicite avec le spectateur est brutalement rompu. Ce n’était que du théâtre… alors que l’émotion était à son comble. Un choix de mise en scène qui fonctionne mais quelle douleur ! À ce brouillage spatial, s’ajoute un brouillage temporel. L’opéra se déroule au temps de Rameau et de Couperin, mais un SS se glisse parmi les spectateurs de la répétition sur scène. Double mise en abyme, les chanteurs tournent le dos et assistent au spectacle.
Michaela Kaune en comtesse a conquis l’auditoire. Quel lyrisme et quelle intensité des sentiments ! Ce n’est pas une coquette : elle souffre divinement. Sublime dans la scène finale d’un bleu virginal. Triomphe formidable de Peter Rose dont la superbe présence caustique a étourdi le public. Son La Roche, très charismatique, est à la fois attachant et poignant. Adrian Eröd en Olivier frétille de spiritualité quand Joseph Kaiser romantique et très pur conquiert par la beauté de son timbre. Le superbe ténor émeut. Michaela Schuster a une magnifique voix de tragédienne, très imposante.
On aime tous les jeux de scène, les espaces cachés qui se dévoilent. La musique dirigée par Philippe Jordan, très applaudi, est magnifiquement interprétée.
Un hommage magique à l’opéra.
Marie Torrès
Capriccio (1942)
Conversation en musique en un acte, op.85 de Richard Strauss (1864-1949)
Direction musicale : Philippe Jordan
Mise en scène : Robert Carsen
Décors : Michael Levine
Costumes : Anthony Powell
Lumières : Robert Carsen et Peter van Praet
Chorégraphie : Jean-Guillaume Bart
Dramaturgie : Ian Burton
Tarifs : 5€, 15€, 35€, 70€, 90€, 115€, 135€, 155€ et 180€
Opéra Garnier
M° Opéra
[Visuels : Opéra national de Paris/ E. Mahoudeau // Opéra national de Paris/ Elisa Haberer]
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