Bertrand Chamayou & Jean-Frédéric Neuburger – Salle Pleyel
Œuvre peu connue de Mendelssohn, le Concerto pour deux pianos en mi majeur fut composé par un musicien de quatorze ans, déjà en pleine possession de ses moyens techniques.
Si l’orchestre demeure plutôt en retrait, les parties de piano rappellent Mozart. Pas de grande virtuosité, mais de nombreux traits rapides parcourent la partition.
Les deux pianos sont placés devant l’orchestre, comme encastrés l’un dans l’autre, les claviers sont ainsi de part et d’autre, à droite et à gauche. Les cadres sont l’un derrière l’autre, et le son des deux instruments fusionne.
Il n’est donc pas possible de savoir qui joue, ni ce qu’ils jouent, sans regarder les interprètes.
Fort heureusement, les deux parties procèdent beaucoup dans le premier mouvement par imitations et jouent peu simultanément.
Si Bertrand Chamayou est plutôt statique derrière son clavier, Jean-Frédéric Neuburger se balance d’avant en arrière, même lorsqu’il ne joue pas.
Le deuxième mouvement fait se succéder les deux pianistes dans deux parties bien distinctes. Très à leur aise dans les tempi rapides, ils savent dégager une belle amplitude sonore dans ce mouvement lent, emprunt d’une expression intense. L’écriture est très diversifiée dans le troisième mouvement. Les pianistes ne cessent d’échanger et de se répondre des mélodies furtives.
Ils donnent en bis une Étude en forme de canon de Schumann, dans laquelle la fusion des deux pianos dans l’acoustique de Pleyel est totale, puis à quatre mains, Le jardin de Dolly de Fauré. Ils sont très applaudis par le public.
Au préalable, l’Ouverture tragique de Brahms a initié le concert. Très en verve, l’Orchestre de Paris se révèle parfaitement investi. Les soixante cordes ont une sonorité presque métallique s’alliant au caractère tragique de l’oeuvre. La sortie progressive de la partie centrale vers la ré-exposition est très habilement menée.
Louis Langrée, chef français dont la carrière se déroule en grande partie depuis une quinzaine d’années aux États-Unis, vient d’être nommé à la tête de l’Orchestre de Cincinnati. Il dirige régulièrement au Met, mais aussi au StaatsOper de Vienne.
D’une taille imposante, sa position sur l’estrade, les jambes écartées, les bras levés et les épaules très mobiles, il rappelle un peu Lorin Maazel. Il fait également ce geste un peu gauche, genoux pliés, épaules tombantes, qu’affectionnait Bernstein.
Diriger la Symphonie de César Franck n’est pas une mince affaire. La densité des lignes et les difficiles équilibres de timbres s’ajoutent à la conduite d’un discours qu’il faut rendre intelligible. Le chef dirige par coeur. Les premières sonorités sont parfaites. Les cordes, omniprésentes, conduisent la ligne admirablement. Le premier mouvement s’achève sur de vives tensions dramatiques. Le deuxième en revanche demeure lointain tant la compréhension du cheminement est vague : si l’on ressent effectivement une atmosphère mystérieuse, ce n’est pas simplement du fait de la couleur harmonique. Mais le début éclatant du troisième mouvement, et son célèbre thème que les musiciens semblent avoir du plaisir à jouer, nous réconcilie avec l’oeuvre.
Le public applaudit vivement le chef et l’orchestre.
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Le Concerto pour deux pianos de Mendelssohn
Johannes Brahms
Ouverture Tragique, op.81
Felix Mendelssohn-Bartholdy
Concerto pour deux pianos en mi majeur
César Franck
Symphonie en ré mineur M 48
Bertrand Chamayou, Piano
Jean-Frédéric Neuburger, Piano
Orchestre de Paris
Louis Langrée, Direction
Jeudi 4 avril 2013
Salle Pleyel
252, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
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