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Barry Douglas & Alan Gilbert – Orchestre Philharmonique de Radio-France

11 décembre 2011
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GILBERT_Alan_credit_Chris_Lee

L’Orchestre Philharmonique de Radio-France retrouve Liszt, après une Faust-Symphonie remarquée au mois d’octobre. Composée à la même période, Tasso, Lamento et Trionfo, est un des premiers poèmes symphoniques du compositeur hongrois, inventeur du genre.

La magnifique introduction des violoncelles nous plonge immédiatement dans une intensité expressive rare. Les autres pupitres, à leur tour, vont varier autour de ce thème que Liszt prétendra être le chant d’un gondolier à Venise : le hautbois, la clarinette basse, qui a un rôle décisif de bout en bout, les violons, le violoncelle solo et les alti s’enchaînent magnifiquement. On se demande encore d’où vient cette vieille idée que les partitions de Liszt seraient mal orchestrées.

Alan Gilbert
, directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de New-York, est extrêmement mobile sur son estrade. Jeune, il a quarante-quatre ans, il saute, tord son poignet tel un fleurettiste, et se pose souvent dans cette position virile jambes écartées face à l’orchestre qu’affectionnait Bernstein, son prédécesseur.

La séquence homophonique des cuivres en fin de première partie semble un peu moins dans le ton.

Dans le menuet central, au caractère plus léger, les gestes du chef sont empruntés.
La dernière partie, dramatique, rappelle un peu le Vaisseau fantôme. Le chef dépense une énergie prodigieuse, et finit éreinté, après vingt minutes de musique.
La Totentanz, un concerto pour piano dans une forme non traditionnelle, est écrite pour un effectif légèrement plus restreint. Constituée d’une introduction et de sept variations, elle est une démonstration diabolique de virtuosité pour le soliste. Barry Douglas, pianiste irlandais, propose un jeu puissant et percussif. D’une difficulté technique redoutable, et d’une écriture quelque peu kitsch, chaque variation présente une épreuve nouvelle pour le soliste. La dernière semble en être l’apothéose avec ses piano et ses forte juxtaposés dans un même phrasé.
Très applaudi, le pianiste propose un bis en contraste total avec l’œuvre précédente (et d’une durée équivalente au tiers de l’oeuvre de Liszt), ce qui est très agréable : l’Intermezzo en Mi majeur des Fantasien op. 116 de Brahms. Ce choix judicieux nous permet d’apprécier la palette de Barry Douglas. Le poids incroyable de son corps dans ses doigts lui permet également les phrasés les plus subtils et pénétrants.
Il y a toujours eu un dilemme quant à savoir comment jouer Wagner dans un concert symphonique. Ce florilège de cinquante minutes des meilleurs pages orchestrales du Ring semble avoir été sélectionné par le chef (ou bien par Leinsdorf, ou Maazel, mais on ne comprend pas très bien la note de programme).
La Chevauchée des Walkyries qui ouvre cette suite n’est pas vraiment vive. On ne ressent pas le drame qui se joue. Peut-être en raison de l’absence des voix ?
Après une transition de clarinette basse, les Adieux de Wotan offrent des sonorités magnifiques, mais on est privé du final du troisième acte, qui aurait fait doublon avec l’extrait suivant, la Musique du Feu du troisième acte de Siegfried. La transition est abrupte. Cependant, il est intéressant d’entendre des séquences que l’on ne joue habituellement jamais en concert. L’orchestre y est magnifique également. Puis vient la phrase en unisson des premiers violons du début de la troisième scène, dont le sens opère moins dans ce cadre non dramatique.
Au deux-tiers de la suite, comme un point culminant, le Lever du jour et Voyage de Siegfried sur le Rhin, l’une des plus belles pages symphoniques de Wagner. Le crescendo initial est pris très lentement, et les imprécisions aux cuivres se multiplient. Le chef semble juxtaposer chaque séquence d’une façon étrangement scolaire. Mais la suite, le voyage proprement dit, est absolument magnifique. On est transporté.
C’est un grand plaisir de ré-entendre l’interlude orchestral du premier acte du Crépuscule des Dieux, rarement joué en concert. Sa lenteur lui confère une fonction d’articulation avec le passage suivant. La transition avec la Marche funèbre et la Scène finale est abrupte. Comme dans les autres transitions, cela donne des enchaînements de tonalités hétéroclites. Ces deux derniers moments sonnent magnifiquement.
Le chef est très applaudi, également par l’orchestre, qui lui a été cependant supérieur.

Laurent Torrès


Franz LISZT
Tasso, Lamento e Trionfo
Totentanz

Richard WAGNER Suite symphonique d’après le Ring

Barry Douglas, piano

Orchestre Philharmonique de Radio France
Alan Gilbert, direction

Vendredi 9 décembre 2011 à 20h

Tarifs : 60 // 45 // 34 // 22 // 10 €

Concert en direct sur  France Musique
Et en direct sur arteliveweb.com et sur concerts.radiofrance.fr, puis accessible gratuitement en différé pendant plusieurs mois.

Salle Pleyel
252, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
M° Ternes

www.sallepleyel.fr

[Crédit visuel : Chris Lee]

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