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Avec Iolanta et Casse-Noisette, un vent de Russie romantique souffle sur le Palais Garnier

15 mars 2016
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Lanniversaire Agathe Poupeney Opera national de Paris-Iolanta-Casse-Noisette--c--Agathe-Poupeney---OnP--7--800 copie

Iolanta/Casse-Noisette

De Piotr Ilyitch Tchaikovski

Mise en scène, adaptation et décors de Dmitri Tcherniakov

Chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui, Edouard Lock et Arthur Pita

Avec Alexander Tsymbalyuk, Sonya Yoncheva, Arnold Rutkowski, Andrei Jilihovschi, Vito Priante, Roman Shulakov, Gennady Bezzubenkov, Elena Zaremba, Anna Patalong, Paola Gardina

Les Etoiles, les premiers danseurs et le Corps de Ballet

Les 17, 19, 21, 23, 25, 26, 28 et 30 mars à 19h

Le 1er avril à 19h

Tarifs : de 10€ à 210€

Réservation en ligne par tél au 08 92 89 90 90 (0,34E mn) 

Durée : 4h05 avec deux entractes

Palais Garnier
8, rue Scribe
75009 Paris
M° Opéra

www.operadeparis.fr

Lanniversaire Agathe Poupeney   Opera national de Paris-Iolanta-Casse-Noisette--c--Agathe-Poupeney---OnP--7--800 copie copieL’Opéra de Paris poursuit sa créativité plurielle en proposant au metteur en scène russe Dmitri Tcherniakov de monter à la suite l’opéra en un acte Iolanta et le ballet festif Casse-Noisette dans la même soirée et avec trois chorégraphes différents. Un spectacle en forme de poupées russes qui s’emboitent dans la plus pure tradition du romantisme russe, avec la soprano Sonya Yoncheva bouleversante.

Iolanta Agathe Poupeney   Opera national de Paris-Iolanta-Casse-Noisette--c--Agathe-Poupeney---OnP--3--800Un conte à faire pleurer

Alors que les metteurs en scène d’opéra rivalisent d’originalité en créant des scénographies et des mises en scènes décalées, métaphoriques et souvent provocantes, Dmitri Tcherniakov n’a pas ce souci. En installant les personnages de Iolanta dans un petit salon tout blanc, bordé de hautes fenêtres aux rideaux ouatés qui diffusent un doux soleil d’hiver boréal, dans un cadre de scène resserré comme une focale d’appareil photographique, le metteur en scène n’obéit qu’à un seul objectif : nous faire pénétrer dans l’univers ultra protégé d’une jeune fille de Roi qui vit isolée du monde en raison de sa cécité. La jeune Iolanta doit épouser Robert, le duc de Bourgogne, mais son père souhaite qu’elle vive cachée de tous pour dissimuler son handicap. C’est Sonya Yoncheva qui interprète le rôle titre, dans une robe aussi blanche que la neige des steppes russes. Vibrante et bouleversante, d’une précision mélodique irréprochable, la jeune soprano est une interprète merveilleuse de la partition de Tchaikovski qui dégage une émotion intense, un romantisme puissant et céleste porté par les cordes, la harpe et les voix des choeurs. 

 2 Agathe Poupeney   Opera national de Paris-Iolanta-Casse-Noisette--c--Agathe-Poupeney---OnP--8--800La langue russe est une musique

Autour de Sonya Yoncheva, royale et splendide, Alexander Tsymbalyuk incarne un imposant Roi René, haute stature en pelisse d’aristocrate, voix de basse au timbre profond et à la sensibilité exacerbée. La Martha d’Elena Zaremba et le Bertrand de Gennady Bezzubenkov sont parfaits comme anges gardiens d’un paradis artificiel que viennent violer, avec la fantaisie de leur jeunesse, les deux amis Vaudémont (Arnold Rutkowski) et Robert (Andrei Jilihovshi), très en forme scéniquement et vocalement. Le premier va naturellement tomber éperdument sous le charme de la beauté de Iolanta, quand le second fuira ce lieu ensorcelé. L’amour on le sait a des charmes puissants qui parviendront à rendre la vue à Ia jeune aveugle, avec l’aide de Dieu. On regrettera simplement la modestie vocale de Vito Priante dans le rôle du médecin.

lannive Agathe Poupeney   Opera national de Paris-Iolanta-Casse-Noisette--c--Agathe-Poupeney---OnP--8--800Un Casse-Noisette en miroir de Iolanta

A peine Iolanta s’achève par la résurrection de l’héroïne dans les bras de Vaudémont que le petit salon blanc s’ouvre en profondeur et prend les couleurs d’un anniversaire : c’est celui de Marie dans le Casse-Noisette réécrit par Dmitri Tcherniakov. La jeune et filiforme Marion Barbeau campe la jeune fille aérienne en robe fleurie qui va entraîner famille et amis dans une chorégraphie totalement débridée signée Arthur Pita. Personnages et objets s’animent, les cadeaux volent, jeunes et vieux glissent au rythme des percussions de Tchaikovski pour dessiner avec humour une comédie américaine des années 50 avec des chutes vertigineuses et des roulés pliés acrobatiques. Tout cela est vif et enlevé avec des personnages qui sont des doubles de l’opéra, Marie et son amoureux Vandémont. Le chef Alain Altinoglu conduit son orchestre avec maestria et brio, ce qui est tout à son honneur face à ces enchaînements assez périlleux. Puis la fête s’assombrit et on passe au tableau fantastique de la Nuit choregraphiée par Edouard Lock, vision d’enfer noire et charbonneuse, hallucinante, où les corps des danseurs tétanisés sont envahis de soubresauts mécaniques, comme torturés, et du Pas de Deux de Sidi Larbi Cherkaoui qui projette Marion Barbeau et Stéphane Bullion en un tournoiement élastique et aérien de pulsions contradictoires. C’est totalement superbe.

la nuit Agathe Poupeney   Opera national de Paris-Iolanta-Casse-Noisette--c--Agathe-Poupeney---OnP--12--800 copieUne forêt qui s’ouvre sur un rêve

Marie seule et perdue dans une forêt d’ombres, d’arbres géants et de clones de son fiancé, qu’elle recherche désespérément (vidéos d’Andrey Zelenin et chorégraphie de Lock), échouée dans une clairière au milieu des jouets de sa chambre qui l’entourent comme des robots géants et monstrueux, alors que des doubles d’elle même tournoient autour d’eux, le personnage ne cesse de traverser des épreuves qui la confrontent à des mirages à la recherche de son amour.

Pas de deux Agathe Poupeney   Opera national de Paris-Iolanta-Casse-Noisette--c--Agathe-Poupeney---OnP--9--800C’est sans doute la partie la plus faible du spectacle qui progresse vers un dénuement toujours plus saisissant. Alors que nous retrouvons tous les personnages de l’anniversaire, les deux amants se rencontrent dans un final épuré chorégraphié par Cherkaoui : tout cela n’était finalement que le songe d’une jeune fille. Et nous, captifs spectateurs de ce rêve, nous y avons assisté avec des yeux émerveillés d’enfant.

Hélène Kuttner

[ Crédit Photos : © Agathe Poupeney-Opéra national de Paris]

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