Anna Aaron – interview
Timide, la jeune bâloise répondait à nos questions de manière furtive mais intègre, entre une séance photos (accompagnée de sa guitariste) et un concert au centre culturel suisse.
Comment en es-tu venue à faire de la musique ?
Rien d’extraordinaire. Je veux dire, J’ai juste commencé et quand j’ai rencontré les gens de mon label, j’ai signé avec eux, enregistré l’album. Le processus normal quoi !
Tu as vécu dans plusieurs pays anglo-saxons comme l’Angleterre. Est-ce la raison pour laquelle tu chantes en anglais à la place de ta langue natale (elle est suisse allemande) ?
Je n’ai jamais vraiment réfléchi à cela parce que j’ai appris l’anglais quand j’avais cinq ans, au moment où je vivais à Londres et je me suis toujours exprimé en anglais. Je veux dire, quand j’écrivais mes trucs, mes histoires ou n’importe quels textes, j’écrivais toujours en anglais. Par conséquent, c’était clair pour moi de m’exprimer dans cette langue.
Tu as étudié la philosophie et la littérature. Cela t’a-t-il aidé et/ou inspiré pour composer tes textes, si lyriques ?
Je pense que lire des livres aide toujours si tu écris. Je ne pense pas que ce que j’ai appris à l’université m’ait aidé mais le fait de beaucoup lire oui. Après, l’inspiration vient naturellement
Que signifie le titre de ton album, « Dogs In Spirit »?
C’est assez typique. C’est un extrait du nouveau testament. En fait, quand j’enregistrais le disque, j’avais cette sensation de faiblesse… C’était une vision parfaite de ce que je ressentais. Quand tu vas au studio, tu as une impression de travail forcé et tu réalises que tu ne fais jamais ce qu’il faut. Tu es humain, tu travailles et ce que tu fais ne sera jamais parfait et jamais complété. Cela m’ennuyait un peu et je me disais que j’étais pauvre d’esprit, j’étais blessée. Peut-être que je devais tourner en rond et faire de ma faiblesse une force. .. On cherche à être fort, à avoir du succès, du pouvoir, de l’argent, etc… J’ai juste changé « poor » par « dogs ».
Comment viennent les chansons ? Composes-tu les mélodies avant d’écrire, ou l’inverse ?
Ca vient ensemble ! Je pense que les deux avancent ensemble. Je ne peux pas imaginer une mélodie sans mots.
Tu es de Suisse, un pays pas vraiment réputé pour la musique. En l’absence de groupes, penses-tu que tu es une sorte d’ambassadrice ?
Non pas vraiment, mais… (Elle réfléchit). Je ne me vois pas vraiment comme une musicienne suisse. Je suis suisse, c’est tout.
Y a-t-il un deuxième disque en prévision ?
J’essaie d’écrire tout le temps. J’écris sur le moment, quand je suis à la maison… Mais on a encore rien planifié pour l’enregistrement.
Tu as joué en France, il y a quelques mois. Comment juges-tu le public français, par rapport au public suisse, par exemple.
Pour moi, c’est difficile à dire parce que le public me connait en Suisse ! Donc quand je joue là-bas, c’est vraiment différent. Mais je me souviens que quand je jouais en Suisse, il y a avait à peu près la même appréhension (qu’en France, au moment où elle n’était pas connue).
Tu es encore assez jeune… Te vois-tu faire de la musique jusqu’à 50 ans ?
J’espère que oui !
Quelles ont été tes principales inspirations musicales ?
Je ne suis pas vraiment inspirée par les musiciens en fait. Je pense que je trouve plus d’inspirations dans les livres ou (peut-être) dans les films. (Elle se ravise) Je ne sais pas, mais j’écoute beaucoup David Bowie, Kate Bush, Fleetwood Mac. Je pense que je suis une personne des années 80 ! (Elle esquisse un sourire).
Ta phrase ou citation préférée ?
(Elle reprend en français, étonnée) Un mot pour finir ? (Elle cite une phrase extraite du roman Crime et Châtiment de Dostoïevsky): « Someday, you will meet a border that you cannot cross and you’ll be unhappy. But if you cross it, you will may be in heaven happier. »
Olivier Cougot
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Anna Aaron – Dogs In Spirit
Two Gentlemen / Ephélide
[Photos par Jacob Khrist – www.jacobkhrist.com]
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