Orchestre de Paris – Tomas Netopil – Anja Harteros – Salle Pleyel
La soprano allemande Anja Harteros a déjà derrière elle une longue carrière de chanteuse d’opéra. Elle a chanté dans les plus grands théâtres lyriques d’Europe, et a déjà interprété les lieder de Strauss à plusieurs reprises, notamment en 2010 dans le cadre du Festival de Saint-Denis sous la direction de Myung-Whun Chung.
Son exécution révèle des qualités de soprano dramatique de premier plan. Son médium offre un timbre d’une présence rare et chaleureuse tandis que l’aigu rayonne naturellement.
Jamais couverte par l’orchestre, contrairement à cette autre interprétation l’an passé dans la même salle, ses phrasés, y compris dans le registre le plus grave de sa voix, comme au début de Frühling, sont toujours parfaitement audibles. Saluons également la performance de l’Orchestre de Paris qui n’avait pas rejoué cette oeuvre depuis treize ans. La subtilité de chaque détail, de chaque phrase, dans September, est magnifique, notamment la belle présence du cor.
De lied en lied l’intensité dramatique ne cesse de monter. Beim Schlafengehen est époustouflant de beauté. Notons le solo de violon de Roland Daugareil. Enfin, Im Abendrot emporte le public de la salle Pleyel dans un tonnerre d’applaudissements.
Déjà interprète de Violetta, mais aussi de Eva ou Elsa chez Wagner, gageons que nous entendrons bientôt Anja Harteros en Sieglinde ou en Elektra.
Nous avons entendu le jeune chef tchèque Tomas Netopil la saison dernière à l’Opéra Bastille dans Kátia Kabanová de Janácek. C’est à nouveau dans un programme tchèque que nous l’entendons ce soir, programme qu’il dirige d’ailleurs par coeur (contrairement aux lieder de Strauss).
En ouverture de concert, Taras Bulba de Janacek met un peu de temps à se mettre en place. L’orchestre n’a pas joué cette oeuvre depuis vingt-sept ans. Le premier mouvement, d’une écriture très fragmentée, presque hachurée, typique de la manière du compositeur et son goût pour les timbres instrumentaux bruts, est évidemment très difficile à unifier, malgré l’engagement du chef, très mobile sur son estrade.
Le deuxième mouvement, plus resserré, est le mieux réussi. Les cordes y ont un rôle de premier plan de bout en bout, et de l’ostinato des contrebasses au final, la musique est très enlevée. Le troisième retombe un peu dans l’ambiance du premier, mais à la fin, le magnifique thème des premiers violons nous emporte avec émotion.
On ne présente plus la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, matrice de tant de musiques hollywoodiennes, notamment de westerns. L’ayant joué trois autres fois ces cinq dernières années, et de nombreuses fois auparavant, l’Orchestre de Paris connaît parfaitement cette partition.
Et c’est effectivement admirable de cohésion. La puissance de l’orchestre traverse l’oeuvre, et chaque pupitre démontre l’étendue de son talent.
Tous les musiciens sont applaudis avec enthousiasme.
Orchestre de Paris – Tomas Netopil – Anja Harteros
Leoš Janácek
Taras Bulba
Richard Strauss
Quatre Derniers Lieder
Antonín Dvorák
Symphonie n° 9 du Nouveau Monde
Anja Harteros, soprano
Orchestre de Paris
Tomas Netopil, direction
Jeudi 4 octobre 2012 20h
Salle Pleyel
252, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
[Visuel : © Marco Borggreve]
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