Amalia : “Je rappe beaucoup à propos de l’amour avec un grand A”
Jeune rappeuse marseillaise, Amalia a déjà un flow et une plume qui la caractérisent bien. Très présente sur Instagram, elle propose des freestyles exprimant sa perception du monde.
Depuis quand est-ce que tu t’intéresses à la musique ?
Je baigne dans le monde de la musique depuis toute petite car j’ai des membres de ma famille d’origine espagnole qui sont musiciens. Durant l’enfance mes parents m’ont incitée à faire de la musique ; j’ai fait un peu de conservatoire à Marseille. J’ai pratiqué le violon aussi. J’ai toujours écouté de la musique en fait, beaucoup de Jazz, de musique cubaine… Rien à voir avec le rap finalement.
Tu es présente sur le compte instagram @1minute2rap, est-ce que c’est à partir de ce moment-là que tu as commencé à avoir de la visibilité ? Quels autres moyens tu utilises pour te faire connaître via les réseaux ?
@1minute2rap ça a été vraiment le début de tout. En novembre 2019, j’ai envoyé mon premier freestyle et il a marché. C’est à partir de là que mon compte a plus ou moins décollé. Pour moi le meilleur moyen de continuer ce serait de rencontrer le public avec des concerts mais depuis le confinement c’est compliqué. En attendant je continue sur les réseaux. Il y a des gens qui m’aident pour la communication bien sûr, mais je mets un point d’honneur à ce que ce soit moi qui gère mes réseaux pour que le contenu soit authentique.
Quelles sont tes sources d’inspiration lorsque tu écris ? Y a-t-il des causes et des sujets qui te tiennent à cœur et que tu souhaites impérativement transmettre dans tes textes ?
Pour l’instant je me rabats beaucoup sur moi, même s’il y a des freestyles qui m’ont propulsée comme celui sur la journée des droits des femmes. Il y a deux thèmes finalement qui reviennent souvent dans mes sons. Je rappe beaucoup à propos de l’amour avec un grand “A”, que ce soit l’amour sentimental, fraternel mais aussi l’amour de soi qui est très compliqué selon moi. Aussi le sentiment de solitude, d’abandon. Oui vraiment ce sont les deux sujets qui reviennent le plus… Un peu dépressif !
Le milieu du rap est majoritairement un monde d’hommes, les femmes sont très peu représentées. Est-ce que tu ressens cette pression ? Tu parlais tout à l’heure de ton freestyle sur les droits des femmes, est-ce que tu te considères comme une rappeuse féministe ?
On m’a proposé de faire un freestyle sur la journée des droits des femmes et je ne voulais vraiment pas entrer dans un cliché en disant que c’est très important alors que pour moi c’est complètement hypocrite. Alors j’ai décidé de sortir de ces barrières là, pour donner mon avis sur le fait que les gens croient encore à cette journée alors que c’est de la poudre aux yeux. Je ne m’estime pas du tout rappeuse féministe parce que je n’ai absolument pas envie de rentrer dans des cases. J’ai l’impression qu’en France on nous demande toujours de rentrer dans des cases, d’être classé. Pour moi, on n’est pas obligé d’être catégorisé féministe pour parler d’égalité. Après bien sûr que le rap est plus compliqué quand on est une femme. Mais finalement c’est pas le monde du rap qui veut ça. Entre rappeurs c’est toujours bienveillant. Je n’ai jamais eu de mauvais échanges avec des rappeurs hommes ou femmes. Le problème vient davantage de l’audience. À chaque fois que j’ai été postée sur @1minute2rap j’ai reçu des commentaires d’une violence extrême et très misogynes ou qui n’ont rien avoir avec le rap ; sur le physique, sur une manière… Je parle de ma propre expérience mais c’est pareil pour chacune des rappeuses que je connais : le lynchage existe.
Quels rappeurs ou chanteurs t’ont inspirée et donné envie de te lancer ?
La première c’est Diam’s bien sûr ! Mais je pense que c’est pareil pour tout le monde. J’aime beaucoup Youssoupha, Kery James, Nekfeu, Alpha Wann… Aujourd’hui c’est vrai que pour travailler ma manière d’écrire, j’écoute beaucoup Guizmo parce que je trouve qu’il a cette touche personnelle très authentique il parle avec son vécu et ses tripes ; ça m’intéresse beaucoup. En terme de flow je m’inspire beaucoup de Diam’s parce qu’il est lent. Elle n’est pas obligée d’utiliser une technique ou des assonances pour exprimer quelque chose ; elle n’est pas sur la performance.
24h sur youtube c’est le premier son que tu as enregistré ? Qu’est ce qu’il signifie pour toi ?
Cette musique c’est mon tout premier enregistrement mais c’est surtout mon tout premier texte. J’ai une très bonne amie à moi qui a eu beaucoup de mal à se sortir d’une rupture. Je passais 24/24h avec elle. J’ai décidé d’écrire un texte pour évacuer la chose parce que je subissais aussi sa peine. Finalement ça lui a permis de prendre du recul et d’aller mieux. Après coup, je me suis dis qu’il y avait peut être quelque chose à faire. Donc je me suis mise à écrire plus pour me lancer dans le rap. Dans un premier temps j’ai écrit pour les autres, pour mes amis.
Quels sont tes prochains projets ?
J’ai des contacts avec des gens qui vont peut être me permettre d’enregistrer un album. Tout était plus ou moins lancé mais à cause du confinement c’est en pause. Je ne peux pas en dire plus pour le moment… mais dans l’optique il va bien falloir que je rencontre mon public un jour !
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Propos recueillis par Charlie Egraz
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