Alvaro Mena : “Et j’ose penser que ce n’est que le début”
Rencontre aujourd’hui avec Alvaro Mena, fondateur du média Raplume. En plus de son activité médiatique, il est à l’initiative du projet « Le chant des oiseaux », paru le 27 mars, hommage à son grand-père disparu.
Alvaro, tu es à l’origine de Raplume. Comment est né ce média ?
Raplume est né en 2016, c’était juste mon compte Twitter à la base ; moi, dans ma chambre, qui tweetais des phrases de rap que j’aimais bien. Avec le temps, il y a eu de plus en plus de gens qui ont commencé à me suivre. Comme j’ai vu que ça les intéressait et que ma façon de parler de rap intéressait, j’ai commencé par ouvrir un site internet, raplume.eu. J’ai également reçu des messages privés de personnes qui me disaient : « J’aime bien ce que tu fais, c’est possible d’écrire pour toi ? » et ces personnes travaillent encore souvent pour le site aujourd’hui. On a aussi orienté le compte Twitter, cessé de tweeter simplement des phrases pour se concentrer sur l’actualité rap et on a rallié tous les réseaux.
Comment Raplume a-t-il trouvé sa place dans le paysage rap français ?
On a d’abord eu les rappeurs dont on parlait qui nous remerciaient. On a ensuite eu des contacts avec les maisons de disques, les labels, qui nous ont ajouté à leurs books. On a ainsi eu accès aux nouveautés et des propositions d’interviews. Ensuite, avec les autres médias rap, il a eu une reconnaissance partagée et je suis souvent en contact avec VIEWS ou REVRSE, par exemple.
Y a-t-il une certaine fierté à réussir, dans une période aussi riche en média rap, à toujours se démarquer ?
Je suis fier, bien sûr. D’une passion sans prétention, atteindre ce niveau-là et être autant suivi, forcément je suis fier, oui. Et j’ose penser que ce n’est que le début, parce qu’il y a d’autres projets qui arrivent derrière. Je suis plus fier des opportunités que ça m’ouvre, que de là où on en est aujourd’hui.
Il y a une forte activité sur le média, c’est ton travail à temps plein ?
Avant le confinement, j’étais étudiant en alternance et auto-entrepreneur. C’était compliqué de gérer Raplume quand tu fais 10h-19h au taf et qu’après t’as des devoirs, des exams. Maintenant, le but c’est de valider mon bachelor et vraiment me lancer à temps plein dans Raplume et d’autres projets que j’ai à côté.
Tu as mené « Le chant des oiseaux » à terme, puisqu’il est paru le 27 mars dernier. Comment as-tu choisi les artistes présents sur le projet ?
Le premier, ça a été HZY. C’est un ami et c’est lui qui pose le premier couplet de l’album. Je lui ai parlé de mon idée, de cet hommage, et en discutant tous les deux, on s’est dit que c’était une bonne idée de faire une mixtape avec un fil conducteur. Ensuite, je lui ai proposé d’inviter Danyl sur le morceau parce que c’est un artiste que j’aime aussi beaucoup et ça s’est fait. Pour les autres, la plupart sont soit des artistes que je suivais depuis longtemps et que je voulais avoir sur le projet, soit des artistes qui m’ont été conseillés et à qui on a simplement demandé de participer. Puis Ave Purple, c’est un gars de ma classe.
Les artistes ont-ils ramené leurs producteurs/prods eux-mêmes ?
Ça dépend. La plupart d’entre eux ont tenu à avoir leurs propres producteurs. Après, Hotel Paradisio a fait la prod lui-même, Danyl aussi. Un des mecs qui écrit pour moi à la base et qui a commencé sur le beatmaking, a au final posé trois prods sur le projet (Danse pour moi, Interlude et Pyromane).
Étant donné qu’il s’agit d’un projet assez personnel, tu t’es chargé de la direction artistique ?
Je considère ça comme de la direction artistique dans le sens où j’ai dessiné l’univers, j’ai aiguillé le graphiste pour en arriver à cette cover et à ce teaser qui sont très importants pour visualiser le projet. Il a fait exactement ce que je voulais donc gros big up à Igniseum, qui a aussi réalisé la dernière cover de DTF ou plus récemment, celle de Gianni. Pour les artistes, je leur ai envoyé un texte écrit par Antonia Maestrali, professeure de lettres et ancienne rédactrice de Raplume, dans lequel elle décrivait le projet, les thèmes d’amour et d’oiseaux, afin qu’ils aient les bonnes images en tête. On a bien précisé que l’amour pouvait prendre le sens que l’artiste désirait et que l’oiseau était moins essentiel au projet.
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En parlant d’Antonia Maestrali, pourquoi avoir fait appel à elle particulièrement pour les textes fondamentaux du projet ?
Elle a écrit l’Interlude, le teaser et le texte envoyé aux artistes. C’est quelqu’un qui écrit vraiment bien et maîtrise la langue française, c’est son métier. Je lui ai demandé si elle était partante pour le faire, elle m’a directement dit oui et au final, je suis très content car le rendu est encore mieux que ce que j’attendais. Moi, je n’aurais pas pu écrire aussi bien.
L’ordre du tracklisting participe bien à la cohérence du projet. Est-ce que c’est toi qui t’en es occupé ?
J’ai fait la tracklist après, avec les conseils des gens qui écrivent pour moi. Le but est qu’à l’écoute, on puisse avoir l’impression qu’il s’agit d’une seule et même relation. Si tu l’écoutes dans l’ordre, tu peux penser que c’est le cheminement d’une relation qui peut être la tienne, alors qu’il s’agit d’artistes différents et que si on prend deux tracks au hasard, les morceaux n’ont rien à voir ensemble. Mais on a réussi à créer une homogénéité.
Pour finir, la recommandation : qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?
Ces derniers temps, j’ai bien kiffé l’EP de Leto (Virus : avant l’album) et j’ai pas mal écouté le son de TK sur la Booska Pefra, Vol .7 (Bonne nuit). J’écoute beaucoup de Jul en ce moment, Emmenez-moi et Je t’aimais bien. Qui d’autre ? Les Inachevés de Dinos.
Pour suivre le travail d’Alvaro, rendez-vous sur Raplume.eu et sur les réseaux sociaux de Raplume.
Retrouvez également Le chant des oiseaux sur toutes les plateformes de streaming.
Propos recueillis par Loïck Piovesan
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