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Alagna triomphe dans “L’Elixir d’amour” à Bastille

4 novembre 2015
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1Vincent-Pontet---Opera-national-de-Paris-L-Elisir-d-amore-15-16--c--Vincent-Pontet---OnP--8--800

L’Elisir d’amore

De Gaetano Donizetti

Mise en scène de Laurent Pelly

Avec Aleksandra Kurzak, Roberto Alagna, Mario Cassi, Ambrogio Maestri et Mélissa Petit

Jusqu’au 25 novembre 2015

Jeudi 5 à 20h30,

dimanche 8, mercredi 11, samedi 14, mercredi 18, samedi 21 et mercredi 25 novembre à 19h30

Tarifs : de 5 à 215 €

Réservation en ligne
ou au 08 92 89 90 90
(0,34 € la minute)

Durée : 2h45

Opéra Bastille
Place de la Bastille
75012 Paris

M° Bastille
(lignes 1, 5 et 8)

www.operadeparis.fr

 1Vincent-Pontet---Opera-national-de-Paris-L-Elisir-d-amore-15-16--c--Vincent-Pontet---OnP--8--800 copieJusqu’au 25 novembre 2015

Accueil triomphal pour Roberto Alagna et sa compagne à la ville Aleksandra Kurzak dans la production reprise de Laurent Pelly avec les chœurs colorés et réjouissants de l’Opéra Bastille. Avec des personnages tout droit sortis des comédies italiennes qui se culbutent dans des bottes de foin, cette histoire d’amour précipitée par un vin de Bordeaux et un charlatan ambulant met du baume au cœur. On en redemande !

-L-Elisir-d-amore-15-16--c--Vincent-Pontet---OnP--3--800Une partie de campagne

Quelle fraîcheur et quelle bonne idée d’avoir installé la scène comme une partie de campagne, bottes de foin en pyramide où trône, royale, la pin-up Adina en robe à fleurs avec des gambettes en éventail ! Cette riche propriétaire, fine mouche de la coquetterie et des manipulations, n’aime rien tant que de balader ses prétendants en mettant tous ses paysans au pas. Laurent Pelly, qui reprend ici une jolie production née en 2006, possède l’immense talent d’un peintre impressionniste qui place où il faut des touches de couleur et en faisant circuler sur le plateau une vie incessante et pétillante. Ici, un chien qui détale, là, une Vespa rouge qui pétarade et plus loin la camionnette géante du charlatan Dulcamare qui vend de l’illusion en bouteille à la barbe de tous.

1-L-Elisir-d-amore-15-16--c--Vincent-Pontet---OnP--6--800Une distribution aux petits oignons

À 51 ans, Roberto Alagna reprend un rôle qu’il connaît bien et qu’il enfile avec une fraîcheur et une vitalité assez surprenantes. Alors qu’on l’avait admiré dans des rôles plus lourds du répertoire dramatique (Lancelot dans Le Roi Arthus cette année ou Le Cid la saison dernière), son Némorino semble avoir 20 ans, des joues de gamin et une agilité adolescente. Surtout, le ténor fait preuve d’une clarté vocale, d’une élégance de timbre et d’une variation de nuances musicales qui forcent l’admiration. Son Furtiva lagrima, l’un des sommets du romantisme masculin, est d’une beauté à couper le souffle et il est du début à la fin somptueux musicalement et théâtralement. La voix d’or ne s’est pas ternie, bien au contraire, peut-être en raison d’une nouvelle paternité. 

3 Vincent-Pontet---Opera-national-de-Paris-L-Elisir-d-amore-15-16--c--Vincent-Pontet---OnP--22--800Le pacte avec Dulcamara

Toute nouvelle sur l’immense plateau de l’Opéra Bastille, la soprano polonaise Aleksandra Kurzak semble s’y mouvoir avec une assurance provocatrice et sexy. Voix parfaite et et vocalises aguerries, la belle brunette, qu’on a déjà beaucoup admirée dans Maria Stuarda au Théâtre des Champs-Élysées, s’en sort plus que bien. Charme piquant et spontanéité malicieuse qui sont portés par une technique musicale assez irréprochable, elle forme avec Alagna un couple délicieux où la séduction le dispute avec l’harmonie artistique. Quant à Dulcamara le bonimenteur mercantile et manipulateur, il est incarné par l’immense baryton Ambrogio Maestri qui fait du personnage un géant débonnaire mais intéressé, aux allures de parrain sicilien qui tire les ficelles de son petit monde pour son plus grand profit.

4 Vincent-Pontet---Opera-national-de-Paris-L-Elisir-d-amore-15-16--c--Vincent-Pontet---OnP--13--800Une partition joyeuse et aérienne

Enlevée, joyeuse, rafraîchissante, la partition musicale de Donizetti séduit par la virtuosité de son bel canto et ses airs gracieux et sentimentaux. Donizetti mit deux semaines à l’achever et ce fut un succès ininterrompu depuis 1832. Le chef Donato Renzetti semble connaître le livret par cœur en dirigeant de manière complice l’orchestre et les chanteurs. Les chœurs, dirigés par José Luis Basso, sont épatants de justesse et de puissance vocale. Le militaire Belcore, chanté par Mario Cassi, fanfaronne avec grâce. Toute une société du XIXe siècle, transposée dans une campagne des années 1950, grouille ici d’une rumeur et d’un bavardage incessants. Éclairé par Joël Adam, le spectacle s’ensoleille d’un mois de juillet permanent.

Hélène Kuttner

[Photos © Vincent Pontet – Opéra National de Paris]

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