Aerosmith – Palais Omnisports Paris Bercy
Après une carrière longue de quarante ans, quelques cent cinquante millions de disques vendus à travers le monde, des départs répétés et des consommations pharaoniques de stupéfiants, les désormais sexagénaires ne sont toujours pas prêts à rendre leurs instruments, et c’est une bonne chose.
Absents des planches parisiennes depuis 2007, les Aerosmith ont eu la judicieuse idée de faire une halte à Bercy trois ans plus tard en cette soirée estivale.
L’héritage Hard-rock
A 19h, les marches du parvis du POPB sont déjà bien remplies. Comme toujours, les tee- shirts noirs floqués du nom du groupe fleurissent dans le décor et les individus aux cheveux longs sont repérables à des hectomètres. Surprise, les fans se présentent parfois en famille, comme si les premières chansons du groupe avaient été responsables de rencontres fructueuses – et de progénitures. En tout cas, l’héritage hard- rock/blues du quintette a bien été transmis à une population juvénile heureuse d’enfin pouvoir assister à la prestation d’un groupe de légende.
Vers 20h, les portes s’ouvrent, le public s’amasse religieusement vers l’entrée et prend tranquillement place dans les gradins.
Une heure trente plus tard, c’est dans la pénombre qu’est arboré un drapeau géant d’Aerosmith légèrement éclairé. Le bruit des spectateurs atteint des records à l’applaudimètre et couvre presque la bande son choisie (Bob Dylan).
Le pari du défi physique
Steven Tyler, qui arbore un chapeau haut, entre dans le vif du sujet et s’avance déjà vers le devant de la scène, rejoint quelques secondes plus tard par son fidèle bras droit Joe Perry. Durant la première partie du concert, le groupe de Boston se montre finalement assez timide malgré un répertoire assez rock. Au fur et à mesure, – et même s’ils sont à des âges avancés –, les cinq se montrent de plus en plus à l’aise et tiennent le pari du défi physique, Tyler se permettant même quelques euphories vocales et se déhanche comme un forcené. De son côté, Perry n’a rien perdu de sa superbe, dompte son instrument avec génie et échange les solos avec son compère Brad Whitford. Sur Pink, le chanteur à la face ingrate étale son aptitude à jouer de l’harmonica comme un bluesman.
Le pianiste – dans l’ombre jusque-là – est présenté et ouvre I don’t want to miss a thing chanté solennellement et qui, selon toute vraisemblance, restera le meilleur titre du set.
Après un interlude assuré par le batteur Joey Kramer, les auteurs de Shut up and dance et Janie’s got a gun réinvestissent la scène et sortent l’artillerie lourde jusqu’au rappel où sont notamment jouées les chansons Dream on et Walk this way.
De fait, alors que d’autres groupes en manque de royalties ne se reforment que pour alimenter un portefeuille dégarni, les Aerosmith eux, suent de toute leur âme pour satisfaire un public qui, après une prestation comme celle- ci, les suivra éternellement, forcément.
Olivier Cougot
Aerosmith en concert
Le 29 juin 2010 à Paris Bercy
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