Adriana Lecouvreur : un mélo racinien pour Angela Gheorghiu
Adriana Lecouvreur De Francesco Cilea Mise en scène de David McVicar Avec Marcelo Alvarez, Wojtek Smilek, Raul Gimenez, Alessandro Corbelli, Alexandre Duhamel, Carlo Bosi, Angela Gheorghiu ou Svetla Vassileva, Luciana D’Initino, Mariangela Sicilia et Carol Garcia Jusqu’au 15 juillet 2015 Vendredi 3 juillet, lundi 6 juillet, jeudi 9 juillet, dimanche 12 et mercredi 15 juillet 2015 à 19h30 ou 14h30 Tarifs : de 5 à 210 euros Réservation en ligne ou par tél au 08 92 89 90 90 Durée : 3h20 Opéra Bastille |
Dans le rôle superbe de cette comédienne du Français admiré par Voltaire, Angela Gheorghiu y déploie son subtil velouté de soprano avec élégance. Sa rivale dans l’opéra, Luciana D’Intino, voix magistrale, lui soufflerait presque la vedette à l’Opéra Bastille.
Pour ne pas faire trahir les héroïnes malheureuses et passionnées, Adrienne Lecouvreur fut une actrice de la Comédie Française tombée éperdument amoureuse de son jeune amant Maurice de Saxe, qui mourut dans les bras de Voltaire en 1730 mais qui fut répudiée par l’Eglise, intransigeante sur le thème de l’excommunication des actrices et des putains. Celle qui triompha dans « Mithridate » de Racine aurait été empoisonnée par la Duchesse de Bouillon, sa rivale de coeur. Sarah Bernhardt, Joan Crawford et Yvonne Printemps furent les stars qui l’incarnèrent après que son histoire ait inspiré Eugène Scribe et Ernest Legouvé pour une pièce de théâtre que le compositeur Francesco Cilea adapta avec un énorme succès pour l’opéra en 1902. Créée à Londres en 2010, la mise en scène de David McVicar déploie le décor somptueux (Charles Edwards) d’un théâtre grandeur nature avec ses loges et ses escaliers en bois qui mènent au plateau où le petit monde des comédiens et des habilleuses fait frémir une rumeur joyeuse. Les lumières dorées d’Adam Silverman sertissent les très beaux costumes bouillonnants de soies ou de cotonnades conçus par Brigitte Reiffenstuel qui habillent les personnages à la manière d’une composition de Watteau. Très classique certes, presque trop sage, l’esthétique du spectacle respecte avec finesse et honnêteté le contexte historique et la théâtralité du mélodrame aux méandres et imbroglios très romanesques. C’est elle que l’on vient voir et applaudir à l’Opéra Bastille, Angela Gheorghiu, soprano à la voix d’or et au souffle profond, dans le rôle d’Adriana Lecouvreur. Longue silhouette juvénile, chevelure de jais, beau visage de madone, elle promène son maintien altier avec aisance et grâce, timbre qui se colore délicatement au fils des émotions de son personnage. Pourtant, face à la direction d’orchestre énergique et toute en relief du chef Daniel Oren qui maîtrise parfaitement la partition, la cantatrice à la musicalité formidable et aux aigus si nuancés, si veloutés, semble un peu en retrait. Il faut dire que Luciana D’Intino qui interprète la Princesse de Bouillon, sa rivale dans l’histoire, lui soufflerait presque la vedette avec une puissance vocale et un tempérament de feu explosifs. Dans le rôle de Maurizio, l’amant, Marcelo Alvarez est irréprochable et Alessandro Corbelli prête au rôle de Michonnet, le confident d’Adriana, une douceur sympathique et tendre. Tous les chanteurs sont d’ailleurs parfaitement investis dans cette intrigue rondement menée aux multiples rebondissements, autant Wojtek Smilek le raide Prince de Bouillon que Raul Gimenez l’Abbé de Chazeuil. Un opéra décidément bien théâtral. Hélène Kuttner Crédit Photos (c) Vincent Pontet |
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