0 Shares 3327 Views

À ne pas rater : la suite de l’aventure MAWYD

Elise Marchal 6 juillet 2020
3327 Vues
Plant The Seed

© Ben Hito

Bientôt de retour avec son troisième album, la talentueuse et chaleureuse équipe du groupe de reggae MAWYD nous fait découvrir son univers.

Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter ?

Nous sommes un groupe de Reggae aux multiples influences comme le jazz, le funk, le rock, les musiques soul, hip-hop, roots ou encore tout ce qui groove.
Nous sommes 7 sur scène et avons un “dub-operator” qui nous accompagne sur la route !

MAWYD © Studio des Collines

Comment qualifieriez-vous votre reggae ?

Francis de l’association Allez les Filles sur Bordeaux aime nous qualifier d’”Old School Reggae”, on lui laisse le bénéfice de sa longue expérience accumulée dans les musiques en tout genre pour le faire.

On ressent les touches funk, hip-hop et jazz dans votre musique, d’où vous viennent vos influences ?

Tout d’abord, nous venons tous d’univers musicaux bien différents et même si nous avons un goût commun pour le reggae et ses racines (Bob Marley & The Wailers, Burning Spear, Gladiators, Israel Vibration, Toots and the Maytals…), il est clair depuis le début que nous aimons sortir des sentiers battus.
L’univers proposé par un groupe comme Groundation met tout le monde d’accord dans l’équipe, c’est du reggae, mais aussi du jazz, du roots, du Pink Floyd par touches, de la musique progressive, du dub, etc. Ils ont réussi à développer leur univers mais aussi un petit quelque chose de plus qui produit cette immersion dans leur son, une transe qui fait voyager et communique cette belle énergie de groupe. La musique que propose Mike Love est aussi extrêmement enthousiasmante !
La liste d’influences est donc non exhaustive car nous nous nourrissons de tout ce qui existe et qui nous touche, même s’il s’agit principalement de reggae.

Vous créez de manière collective, qu’est-ce que cela vous apporte ?

Tout d’abord le plaisir d’être ensemble ! La joie de partager des moments précieux dans les tournées, avec des moments plus difficiles aussi, ça soude. Ça se ressent en studio car cela fait déjà 10 ans que nous avons créé le groupe et sans cette force tirée du collectif, nous ne serions plus là. Que ce soit sur le plan musical, structurel, logistique et organisationnel (et c’est un sacré programme !), chacun apporte sa pierre à l’édifice et ce que nous construisons chaque jour, jusqu’au nouvel album à venir, est le fruit de ce processus.

Vous êtes complètement autoproduit, pourquoi ce choix ?

On pourrait vous dire que c’est un choix mais ce n’est pas le cas. Nous aurions aimé avoir l’aide d’un label quand nous démarrions car cela nous aurait permis d’être totalement concentrés sur notre musique et le process créatif dont elle émerge. Cela nous aurait épargné les longues démarches nécessaires au développement du jeune groupe que nous étions mais cela n’est pas arrivé. Nous sommes donc autoproduits car ça a été, jusqu’à présent, le moyen le plus simple et ce malgré les contraintes opérationnelles, de faire exactement ce que nous voulions avec qui nous voulons.

Comment s’est déroulé la réalisation du clip de “Reggae is my Religion” ?

Très très fun, il a été réalisé par Balkan Tekelioglu et on s’est régalés avec tous nos invités du moment. Nous avons tourné sur Bordeaux, le Bassin d’Arcachon – dans le très joli village de l’Herbe notamment – ainsi que sur la route qui nous emmenait à la Rochelle où nous faisions un concert le soir même… Nous avons pu compter sur des copains, copines et figurants que nous avions sollicités via les réseaux sociaux ainsi que des passants qui se sont spontanément prêtés au jeu. On garde d’excellents souvenirs de ces moments précieux partagés avec ces très belles personnes !!

Depuis votre dernier album en 2016 Plant the Seed, vous travaillez sur une nouvelle création, peut-on en savoir plus ?

Vous êtes bien informés ! En effet, nous travaillons depuis 2 ans maintenant sur notre nouvel album. Pour célébrer nos 10 ans, nous avons l’honneur d’être accompagné par Marcus Urani (pianiste/organiste/compositeur/arrangeur à l’origine de Groundation et Rising Tide ndlr).
Après Flox qui a joué le rôle de producteur artistique sur l’album Plant The Seed, Marcus nous a rejoint pour occuper cette fonction avec nous chez notre ami Bernard Indeau au Studio des Collines (Hautefort 24) fin octobre. Il est le maître de cérémonie de ce nouvel opus. Dans ce studio tout analogique, nous avons donc enregistré nos nouvelles compositions sur bandes magnétiques après y avoir réalisé une première pré-production déjà un an auparavant. Marcus a été d’une incroyable gentillesse et générosité en nous donnant de précieux conseils, ce qui nous renforce dans nos convictions artistiques. Nous avons vécu ainsi quinze jours tous ensemble et l’expérience a été incroyable !
Nous avons eu la visite de Winston McAnuff qui a posé avec Fixi sur un de nos titres. Cedric Myton des Congos nous fait aussi l’honneur de sublimer l’une de nos nouvelles compositions. Et nous avons encore quelques surprises qui arrivent… Maintenant, Marcus est en Californie où il finalise les mix en travaillant le son de nos morceaux avec Jim Fox du Studio Lion & Fox (Washington DC) ref : Gladiators, Black Uhuru, Congos, Don Carlos, Israel Vibration..
Autant vous dire que nous sommes comblés !!!

Quelle relation avez-vous avec votre directeur artistique ?

Excellente ! Nous avons beaucoup appris à son contact. Marcus avait déjà collaboré avec nous sur notre titre “Vampaya” puis est devenu un plus proche ami du groupe lorsque nous avons partagé la scène avec son nouveau projet Rising Tide en 2016. Nos relations musique, travail, amitié sont aussi naturelles avec lui que de manger, boire ou respirer ! Il est très à l’écoute, franc avec nous, bienveillant, bourré d’humour et toujours positif. C’est une chance incroyable que de l’avoir rencontré à cette étape de notre aventure et surtout, le son qui va arriver est impressionnant ! On peut dire que c’est un maître Jedi et que nous sommes des padawans.

Vous avez enregistré en novembre avec Marcus Urani. On sait que la COVID 19 a chamboulé la diffusion des nouveaux titres, pour quand est prévue la sortie de l’album ?

On y travaille. Pour le moment, nous ne pouvons pas trop nous projeter car nous voulons être sûrs que tout soit bien finalisé pour bien définir ça. L’artwork est “in progress”, également avec l’illustrateur Ben Hito. Et comme nous aimerions pouvoir défendre cet album sur scène, nous nous efforçons d’envisager la suite en cohérence. La période nous poussant à nous réinventer, quand les idées nouvelles émergeront, nous nous en emparerons !

Est-ce qu’il y a quelque chose qui se cache derrière vos musiques ?

S’il se cache quelque chose, c’est à vous de le trouver. La musique a cette particularité d’être une matière vivante, elle nous appartient quand nous la jouons mais l’instant d’après, elle ne nous appartient plus vraiment. Ça se vérifie en live : la musique est un échange, un partage, une modalité d’expression, elle voyage d’imaginaires en imaginaires et chacun prend et interprète comme il veut, sur l’instant.
La musique nous fait également prendre du recul sur nos conditions d’êtres humains car elle nous permet à la fois de ressentir les vibrations réelles qu’elle produit et aussi de nous transcender grâce aux émotions qu’elle procure. C’est un véritable langage.
Cet art nous permet d’être mieux dans notre peau, quelle que soit notre origine !

D’après vous, quelle est la place de la musique dans la société ?

Ça dépend les périodes mais dans l’ensemble, elle reste un élément majeur. Autant elle a joué un rôle unificateur dans ses rituels depuis ses origines autant, dans la société actuelle, qui est en perpétuel mouvement, elle est devenue par le biais de la musique enregistrée, la bande-son de nos vies avec tout ce que nous voulons y voir !
Elle reste à notre sens un moyen d’expression important pour l’émancipation au sens le plus large du terme (individuelle et collective) et donc un formidable vecteur créatif, qui plus est universel.

Que souhaitez-vous véhiculer à travers votre musique ?

Avec le recul, transmettre l’amour de ce que nous faisons et contribuer, à notre niveau, à une société du partage, plus juste, où chacun·e a sa place et droit au bonheur.
Le nom du groupe MAWYD permet de débattre en douceur, avec un soupçon de provocation, des liens et paradoxes qui unissent les différents états de conscience de tout un chacun quant aux différents choix de société que s’offrent à nous (questions sociales, écologiques, sanitaires, scientifiques, philosophiques, technologiques, etc.)

Vous avez eu l’occasion de vous produire de nombreuses fois sur scène, quel a été votre plus beau souvenir ?

Houlala, on a fait plus de 300 concerts. C’est dur de vous dire ça comme ça. Chaque concert est unique et nous ne jouons jamais vraiment la même setlist. Alors pour l’ambiance, chacun dans l’équipe a donc son moment phare mais si nous avons un concert marquant qui met tout le monde d’accord, c’est bien notre programmation au festival Rolling Saône où on a partagé la scène et les loges avec le grand Jimmy Cliff. L’organisation ainsi que l’accueil du public ont été exceptionnels ! Mémorable.
Aussi, au niveau de notre région d’origine, un joli big up aux festivals Relâche et Reggae Sun Ska !
Grâce à leur audace, aux formidables réactions du public et des professionnels en présence, nous avons pu mesurer que le chemin parcouru jusqu’ici n’était pas vain et que nous avions bien notre place dans cet environnement. Ce fut une grande satisfaction !

Quelle relation entretenez-vous avec votre public ?

Nous aimons jouer pour les gens qui sont en face de nous et ils nous le rendent bien alors quand nous le pouvons, nous échangeons avec eux et partageons ces moments de joie qui nous rassemblent. C’est souvent là que notre côté funk, énergique s’exprime !

Avez-vous d’autres projets en cours ?

Nous avons tous chacun individuellement des vies assez intenses alors oui ! Plus sérieusement, nous travaillons sur les différents clips qui accompagneront notre sortie d’album avec le réalisateur Jérémy Trellu. On a vraiment hâte !

Quelles sont vos espérances pour le futur ?

Nous sommes absolument enthousiastes (et c’est un euphémisme) de pouvoir sortir notre prochain album ! Il est le fruit de tellement de travail, de répétitions, de rencontres géniales et inédites que nous comptons les jours qui nous séparent de sa sortie !
Pour être au courant de quand il sortira précisément, vous pouvez nous suivre sur Facebook, sur notre site ou vous abonner à notre chaîne Youtube mais vous pouvez aussi chercher MAWYD sur les plateformes de streaming.
Si on voit plus loin, nous souhaitons également une réelle avancée du jeu démocratique en lien avec les enjeux sociaux et écologiques impérieux, ça nous laisse une belle marge de progression tout ça n’est-ce pas !

Propos recueillis par Elise Marchal

Articles liés

“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune
Agenda
122 vues

“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune

A dix-sept ans, Yasser, le frère de Rabih Mroué, subit une blessure qui le contraint à réapprendre à parler. C’est lui qui nous fait face sur scène. Ce questionnement de la représentation et des limites entre fiction et documentaire...

“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins
Agenda
109 vues

“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins

Victor l’a quittée. Ils vivaient une histoire d’amour fusionnelle depuis deux ans. Ce n’était pas toujours très beau, c’était parfois violent, mais elle était sûre d’une chose, il ne la quitterait jamais. Elle transformait chaque nouvelle marque qu’il infligeait...

La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”
Agenda
108 vues

La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”

Raconter la vie d’une femme dans sa poésie propre, de l’enfance à l’âge adulte. En découvrir la trame, en dérouler le fil. Les mains féminines ont beaucoup tissé, brodé, cousu mais elles ont aussi écrit ! Alors, place à leurs...