Transmusicales de Rennes 2009
Dans un ensemble globalement bien terne, quelques perles ont tout de même émergé pour éclaircir le ciel gris rennais. Et, surprise, les rares phénomènes se trouvaient plutôt du côté de la scène électro. Récit.
Jeudi 4
Les premiers festivaliers se précipitent tranquillement dans un Liberté remis à neuf récemment, qui fait le plein petit-à-petit durant le set des Whitest boy alive, projet parallèle de Erlend Oye, co-leader du groupe The Kings of convenience. Le rouquin à lunettes et ses compagnons de scène (aux airs de premiers de la classe) livrent une prestation électro-pop propre et structurée. La grosse heure allouée aux scandinaves passe bien mais laisse quelque peu amère par rapport aux attentes ; ce qui n’est pas le cas de VV Brown. La diva anglaise remue sa plastique avantageuse dans sa robe satinée rouge au son d’une musique Doo-wop, funk et rockabilly qui transcende les six milles âmes du Liberté. La présence scénique et le talent de la jeune artiste impressionne et représente la première bonne surprise du festival.
Vendredi 5
Sous la tente du village Sony Eriksson, fief des médias, Gaëtan Roussel (ex- Louise attaque) donne une conférence de presse décontractée et bon enfant pour présenter son projet solo, après avoir fondé Tarmac. Le « local » se produira d’ailleurs trois fois durant le festival ; le premier album n’étant pourtant prévu que « fin février, début mars ».
Le soir, sous le hangar 4, les (très) prometteurs Detroit social club sont prêts à en découdre pour prouver que leur réputation n’est pas usurpée. Premier constat : le gang de Newcastle ne lésine pas sur les moyens. Avec une attitude et une intensité comparable à celle de Kasabian, les lads livrent un set linéaire, insoutenable de puissance, truffé de plusieurs hits potentiels qui provoquent quelques mouvements de foule contrairement aux Fever ray qui jouent une poignée de minutes plus tard sous le hangar 9.
Les suédois proposent une musique psychédélique qui ressemble à du Likke Li mixé avec du Bjork dans un décor d’halloween où les citrouilles clignotent dans la pénombre ambiante. Malgré cette comparaison flatteuse, l’ensemble est indigeste et fait se désemplir la salle. Les festivaliers en profitent pour se précipiter vers le hangar 3 où se produit Axel Willner alias The Field. Seul aux platines, le DJ suédois en fait trop, pousse les aigus à l’extrême mais à la judicieuse idée de reprendre l’excellent « Head will roll » des Yeah yeah yeahs, qui sauve un set très décevant.
Samedi 6
Direction le Stade de la Route de Lorient pour assister au derby breton du foot : Rennes-Lorient. Les supporters ultras des visiteurs clament haut et fort que la Bretagne leur appartient, rivalité inter-celtique oblige. Rivalité qui se poursuit vers 21h30 dans les navettes menant au Parc des expositions où des groupes de jeunes issus du Morbihan et d’Ile-et-Vilaine s’affrontent verbalement à l’aide de phrasés communautaires assassins.
Arrivés sur place, on constate que le terrain est miné de vodka et de bières mal digérées. Le panneau affiche « complet » et le nombre de demandeurs de places augmente au fur à mesure.
Hangar 3. On assiste au concert de Rodriguez, groupe made in Michigan, qui jongle entre rock garage et ballades généreuses. Le problème est que les américains mettent du temps à enchaîner et perdent en crédibilité et en rythme malgré les excuses du chanteur (“Thanks to be patient“). Du rythme, les Japanese popstars en mettent. Les Irlandais livrent un show magistral et maintiennent la pression pour transformer la salle en chaudron. Le trio dépasse les limites sonores autorisées et ses compositions font l’effet d’une bombe devant un public en transe.
Après ce qui semble avoir été la meilleure prestation de cette 31ème édition du festival, difficile d’apprécier la drôlerie symbolisée par les français de Push up qui se contentent de narrer de manière théâtrale leurs timides compositions soul. Il en sera de même pour The Carps, South central et Downtown cuckoo qui ne feront que confirmer la frustration du spectateur depuis le début de ces transmusicales.
Olivier Cougot
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