Steven Spielberg
Né le 18 décembre 1946, Steven Spielberg préfère dès son enfance le cinéma à l’école. Malheureusement, n’étant pas accepté dans les écoles de cinéma, il suit par défaut des cours d’art dramatique à l’école d’Arcadia, à Phoenix.
« Je suis né avec une caméra collée sur l’œil », explique-t-il. En effet, dès l’âge de 12 ans, Steven Spielberg prend le super 8 de son père pour réaliser en amateur autodidacte son tout premier court-métrage The Last Gun, un très court western. Il devient assistant monteur sur la série « La Grande caravane » en 1957. Il développe ensuite sa maîtrise technique sur le terrain dans les années 60 en réalisant des courts-métrages, notamment deux films de guerre (Escape to Nowhere et Battle Squad) et un film de science-fiction (Firelight). En 1968, son court-métrage Amblin (titre qui deviendra le nom de sa maison de production en 1968), lui permettra de signer un contrat de sept ans avec la maison Universal. Il réalise ensuite des épisodes pour la télévision, notamment pour Les Règles du Jeu, Night Gallery et Columbo.
Il est repéré pour sa mise en scène oppressante et novatrice dans son premier long-métrage pour la télévision Duel, en 1971. Cette course-poursuite interminable entre un camion fou (où l’on ne découvre jamais le visage du conducteur) et un employé de commerce, est également atypique et permet à Steven Spielberg de remporter le Grand Prix du Festival d’Avoriaz.
Trois ans plus tard, il s’attaque au genre dramatique et sanglant avec le « road-movie » Sugardland Express. Avec le Prix du scénario à Cannes, Steven Spielberg voit sa carrière devant lui et commence très fort dès l’année suivante.
En 1975, il sera le réalisateur du premier blockbuster de l’histoire du cinéma : Les Dents de la mer, film qui va terrifier le monde entier. A seulement 29 ans, le nom de Spielberg est donc répandu et crée le « buzz » à chaque nouveau film sorti jusqu’à aujourd’hui.
Avec Georges Lucas et sa Guerre des étoiles, ils forment à eux deux les personnalités du cinéma ayant réalisées le plus d’entrées au box-office américain. Cela leur permet par la suite d’être autonome ou presque vis-à-vis des majors américaines. Steven Spielberg est aussi l’un des plus grands producteurs et distributeurs hollywoodiens, produisant autant de films à succès populaire tels que Poltergeist, Gremlins, Retour vers le futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit? ou encore les trois Men in Black ; que de films ayant moins de budget mais plus de portée cinématographique et artistique comme Lettres d’Iwo Jima de Clint Eastwood, American Beauty de Sam Mendes et Hollywood Ending de Woody Allen. En plus de sa société de production, il fonde en 1994 avec David Geffen et Jeffrey Katzenberg, les studios DreamWorks. Ses activités de gestionnaire de Steven Spielberg et ses nombreuses productions cinématographiques à succès, lui apportent grandeur et notoriété dans le monde cinématographique.
Sa volonté de rechercher les méandres de la science-fiction lui vaudront plusieurs chefs-d’œuvre tels que Rencontres du 3e type (1977), E.T. (1982), La quatrième dimension (1982), A.I. (2001), d’après une idée de Stanley Kubrick, ou encore Minority Report, une adaptation de l’œuvre de Philip K. Dick interprétée par Tom Cruise.
Mais le divorce de ses parents se répercutera dans ses scénarii, souhaitant mettre en avant l’enfance et particulièrement au sein d’une famille heureuse où l’amour est très présent (E.T., A.I., Super 8). Il donne même des conseils sur la façon d’être un bon père : « Le secret pour être un bon père est simple : écoutez toujours vos enfants… », ce qui montre à quel point cela lui porte à cœur.Sa contribution à la science-fiction moderne est importante mais son esthétique et son goût artistique ne s’arrête pas là. Il est également le « roi du divertissement » et ravive le cinéma d’aventure feuilletonesque grâce à la saga des aventures d’Indiana Jones. Les trois premiers épisodes s’enchaînent assez rapidement : Indiana Jones : Les Aventuriers de l’arche perdue (1981), Indiana Jones et le temple maudit (1984) et Indiana Jones et la dernière croisade (1989). Mais Harrison Ford interprète à nouveau le mystérieux Indy, en 2008 avec Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal. Un cinquième serait même en prévision pour 2014…
Pour continuer dans l’aventure, à mi-chemin avec la terreur, Spielberg modernise le cinéma en étant l’un des premiers à se servir des maquettes animées et des images de synthèse pour réveiller des dinosaures dans le film Jurassic Park (1993) et sa suite Le Monde perdu (1997).La comédie n’échappe pas non plus au réalisateur surdoué qui passe du burlesque, avec le film 1941, à la dérision et la légèreté avec Arrête-moi si tu peux, notamment grâce à des acteurs comme Tom Hanks ou Léonardo Di Caprio qui comprennent le sens de l’humour « spielbergien ».
Mais la vraie difficulté est de s’éloigner de tout ce divertissement qui nécessite prouesses techniques et scénaristiques, afin de laisser place à une certaine gravité dans les sujets abordés. La Liste de Schindler (1993) est son premier film allant dans ce sens, l’holocauste étant magistralement dénoncé. Puis, l’injustice et la maltraitance se retrouvent dans Amistad (1997), où l’esclavage est ici au cœur du sujet. Enfin, les guerres sont traitées avec beaucoup de sensibilité par le cinéaste avec Il faut sauver le soldat Ryan (1998) pour la Seconde Guerre mondiale et avec Munich (2005) pour le conflit israélo-palestinien. Steven Spielberg souhaite grâce à ses films remplir son devoir de mémoire en rappelant à chacun le génocide qui ne doit pas être oublié pour ne pas qu’il soit répété. Il a pour cela créé une fondation appelée Shoah Foundation Institute for Visual History and Education, recensant plusieurs témoignages de survivants de la Shoah pour les diffuser aux plus jeunes.
Dernièrement, Steven Spielberg s’affirme et se plait dans les productions familiales avec Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne (premier film d’une future trilogie, menée avec son ami Peter Jackson) sorti à la période de Noël 2011, et Cheval de guerre, histoire d’amitié entre un jeune homme et son cheval, pendant la Première Guerre mondiale. Mais il change encore de registre en revenant sur l’histoire des Etats-Unis avec son film Lincoln.
Ombeline Laurent
Filmographie sélective (réalisateur) :
- 1964 : Firelight (et scénariste)
- 1968 : Amblin’ (court-métrage) (et scénariste)
- 1974 : Sugarland Express (et scénariste)
- 1975 : Les Dents de la mer
- 1977 : Rencontres du troisième type (et scénariste)
- 1980 : 1941
- 1981 : Les Aventuriers de l’arche perdue
- 1982 : E.T. l’extra-terrestre
- 1983 : La Quatrième Dimension
- 1984 : Indiana Jones et le Temple maudit
- 1985 : La Couleur pourpre
- 1987 : Empire du soleil
- 1989 : Indiana Jones et la Dernière Croisade
- 1989 : Always
- 1991 : Hook ou la Revanche du capitaine Crochet
- 1993 : Jurassic Park (version 3D en 2013)
- 1993 : La Liste de Schindler
- 1997 : Le Monde perdu
- 1997 : Amistad
- 1998 : Il faut sauver le soldat Ryan
- 2001 : A.I. Intelligence artificielle (et scénariste)
- 2002 : Minority Report
- 2002 : Arrête-moi si tu peux
- 2004 : Le Terminal
- 2005 : La Guerre des mondes
- 2006 : Munich
- 2008 : Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal
- 2011 : Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne
- 2011 : Cheval de guerre
- 2013 : Lincoln
Distinctions
- Le 1er janvier 2001 : Spielberg est fait chevalier dans l’ordre de l’Empire britannique (KBE).
- Le 5 septembre 2004 : il est également fait chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur par Jacques Chirac.
- Le 21 mai 2008 : il est promu officier par Nicolas Sarkozy.
- Le 22 octobre 2011 : il est décoré Commandeur de l’ordre de la Couronne du Royaume de Belgique par le vice-premier ministre et ministre des Finances belge Didier Reynders lors d’une réception organisée par le Gouvernement belge à l’occasion de la première mondiale des Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne.
Récompenses
Steven Spielberg a reçu plusieurs prix tout au long de ses 53 ans de carrière :
- Festival de Cannes : Prix du scénario pour Sugarland Express (1974)
- Lion d’or pour la carrière (1993)
- BAFTA du meilleur film et BAFTA du meilleur réalisateur pour La Liste de Schindler (1994)
- Golden Globe du meilleur film dramatique et Golden Globe du meilleur réalisateur pour La Liste de Schindler (1994)
- Oscar du meilleur film et Oscar du meilleur réalisateur pour La Liste de Schindler (1994)
- César d’honneur (1995)
- Golden Globe du meilleur film dramatique et Golden Globe du meilleur réalisateur pour Il faut sauver le soldat Ryan (1999)
- Oscar du meilleur réalisateur pour Il faut sauver le soldat Ryan (1999)
- Golden Globe du meilleur film d’animation pour Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne (2012)
- Future Film Festival Digital Award pour A.I. Intelligence artificielle (2001)
[Visuel : Steven Spielberg à la Masterclass (leçon de cinéma) du 9 janvier 2012 à la Cinémathèque Française à Paris. Auteur : Romain Dubois. Licence Creative Commons paternité – partage à l’identique 3.0 (non transposée)]
Articles liés
« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...