Contes d’Hoffmann – Opéra Bastille
Robert Carsen est à l’honneur cette première semaine de septembre à l’Opéra de Paris et débute la saison avec Offenbach et Strauss. La mise en scène des Contes d’Hoffmann immisce le spectateur dans la mise en abyme même de l’opéra. Ce fil d’Ariane tissera un lien entre les trois tableaux de cette oeuvre de registre fantastique. Aussi le metteur en scène fait-il attendre la diva de Don Giovanni par Hoffmann dans les coulisses de l’opéra au premier acte. On notera qu’au second tableau, la scène sur deux niveaux, illustre la fosse et la scène où apparaît la cantatrice. Enfin, au troisième acte, les sièges de la salle de théâtre meublent le repaire de la courtisane Giuletta dans lequel les décors et costumes rouge incarnat de Michael Lévine créent une ambiance lascive.
Le ténor Stefano Secco, rôle-titre, superbe de sincérité, bouleverse. Il incarne avec ardeur autant la force de jeunesse du jeune romantique que l’homme déchiré, vieilli prématurément par les plaisirs décadents. La chanson de Kleinzach est très réussie dans l’allégresse chorégraphie du choeur enjoué, accompagnée par deux chanteurs issus de l’atelier lyrique. mais le clou du premier tableau est l’apparition de Jane Archibald véritable « bombe » à retardement. Le décalage burlesque fonctionne magnifiquement : brutalité de sa gestuelle mécanique, virtuosité de soprano, dérèglement de la poupée qui s’affranchit de ses concepteurs déjantés et aveuglement amoureux du jeune homme transi. Ce véritable feu d’artifice déchaîne des salves d’applaudissement et l’enthousiasme le public. Le deuxième tableau paraît plus long, moins prenant malgré la magnifique voix d’Ana Maria Martinez d’Antonia, fiévreuse et les duos magnifiques. Soulignons la très grande puissance tragique du trio F.Ferrari, S.Secco et de la basse Jean-Philippe Lafont, très applaudie. Enfin, Sophie Koch en Giuletta, femme fatale et damnée, est magistrale. Kate Aldrich est très convaincante en muse du poète et Franck Ferrari crée une inquiétante figure récurrente et renouvelée du diable à chaque tableau.
Les Contes d’Hoffmann
Opéra en 3 actes, un prologue et un épilogue de Jacques Offenbach (1881)
Livret de Barbier et Carré
Direction musicale Tomas Netopil
Mise en scène Robert Carsen
Avec Jane Archibald (Olympia), Sophie Koch (Giulietta), Ana Maria Martinez (Antonia), Kate Aldrich (La Muse, Nicklausse), Qiu Lin Zhang (une voix), Stefano Secco (Hoffmann), Fabrice Dalis (Spalanzani), Cyrille Dubois (Nathanaël), Jean-Philippe Lafont (Luther, Crespel), Eric Huchet Andrès (Cochenille, Pitichinaccio, Frantz), Franck Ferrari (Lindorf, Coppélius, Dapertutto), Miracle
Damien Pass (Hermann), Michal Partyka (Schlemil) et Schlemil Michal (Partyka)
Chœur et orchestre de l’Opéra National de Paris
Décors et costumes : Michael Levine // Lumières : Jean Kalman // Mouvements chorégraphiques : Philippe Giraudeau // Chef du chœur : Patrick Marie Aubert
Tarifs : 5€, 15€, 35€, 70€, 90€, 115€, 135€, 155€, 180€
Opéra Bastille
Métro : Bastille
[Crédit : Opéra national de Paris/ Ian Patrick]
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