Zep – Interview
C’est ce que l’on appelle un… « over méga » succès ! En moyenne, les albums de Titeuf se vendent à deux millions d’exemplaires. Dévorés à 70% par des enfants et… à 30% par des adultes. Petits et grands connaissent donc bien le héros coquin des bd de Zep. A partir du 6 avril, ils vont pouvoir le (re)découvrir au cinéma, puisque Titeuf le film élargit sa déjà grande audience dans les salles de ciné. Explications avec son suisse créateur, de passage (tranquille) à Paris….
Comment ça, Zep réalisateur de cinéma, c’est pô possible ? Eh ben si ! Le créateur du prodigieux Titeuf — les albums bd du petit héros à la houpette blonde se vendent à 2 millions d’exemplaires — entre sinon dans la cour des grands, en tout cas dans la cour d’une école particulièrement animée… à l’occasion de son premier long métrage. Dénommé sobrement Titeuf le film – Zep est resté un garçon simple – ce dessin animé (donc) de facture douce et classique convoque tous les petits personnages de son plus grand succès. Est-ce à dire que le 7e art va ouvrir de nouvelles portes à Titeuf, ses amis, ses amours et ses rototos ? Le mieux est d’écouter son réalisateur-scénariste-démiurge suisse, de passage à Paris, en parler. Sinon par bulles et cases interposées, en tout cas par mots rebonds et clins d’œil familiers.
Cinéma « J’ai une certitude : je suis le meilleur spécialiste en Titeuf du monde (rires) ! C’était donc évident qu’il fallait que ça soit moi qui réalise le film, même si…. je ne connaissais rien au travail d’animation (sourire). Je devais m’entourer, ce que j’ai fait. Avec des jeunes très expérimentés. Bon, en fait, le milieu de l’animation est tout petit, on n’a pas trouvé assez d’animateurs en France. Du coup, la fabrication du film, parfois, a tourné au casse-tête. A un moment donné, je me suis retrouvé à travailler avec 18 studios en même temps ! Pour en revenir à mon travail sur le long métrage, j’ai fait plein de dessins de préparation, mais je n’ai pas dessiné à proprement parlé dans le film. En revanche, je l’ai écrit. Et puis, comme je suis cinéphile depuis longtemps, j’ai revu des films que j’adore, des comédies comme Prête moi ta main, Mensonges et trahisons, Comment épouser un millionnaire… Le rythme, c’était très important pour moi. Chaque étape a eu son lot de stress malgré tout. Mais les premiers plans qui arrivent, et que l’on voit bouger, ça, c’est vachement émouvant (large sourire) ! » Voix « La voix de Titeuf, celle du comédien Donald Reignoux, existait déjà, depuis 2001. Il fallait donc absolument la garder. Sauf que dans le film, le personnage est plus développé dans le jeu, moins cartoon. Donald a donc dû travailler avec un coach, en l’occurrence Zabou Breitman, qui est une très bonne copine, et qui fait également la voix de la maman de Titeuf dans le long. Elle a été très généreuse. Et puis l’on retrouve aussi Maria Pacôme, Jean Rochefort, Sam Karmann, Michael Lonsdale. On s’est bien amusé (sourire reconnaissant) ». B.O. « Pour la B.O., ça a été un long boulot, les musiciens ont travaillé quasiment deux ans dessus, j’ai moi-même composé quelques refrains. Mais Jean-Jacques Goldman, qui est également un copain, j’avais fait les dessins pour le livret de l’un de ses CD, nous a bien conseillés (sourire complice). Du coup, on a un casting assez exceptionnel pour les chansons. Cabrel, Souchon, Grégoire, James Blunt… Et puis Johnny. Johnny Hallyday, il y a une scène du film, carrément, qui lui est consacrée. Parce qu’il est arrivé au moment de l’écriture. C’est un moment où Titeuf est vraiment déçu par les adultes. Il est perdu dans son train. Et, tout à coup, il a cette vision de l’aventurier, incarné par Johnny, qui se met à chanter un blues, la route est ta seule amie, un peu comme s’il lui disait : “Ecoute petit, je vais t’expliquer la vie”. Pour ça, Johnny, il n’est pas remplaçable. C’était lui et personne d’autre (sourire de groupie) ! » 3D « La 3D, ça s’est décidé en cours de film. C’est vrai que ça peut paraitre un peu étrange, vu que le film, en fait, est en 2D, pas en images de synthèse. Mais en faisant un essai, j’ai trouvé ça charmant (sourire charmant, itou). Ça donne un côté pop-up, un aspect multiplans. Et puis, je trouve aussi que ça apporte un peu de profondeur aux décors, que j’ai voulu très réalistes, même si on tord les couleurs ! » Consensuel « Ça fait bientôt 20 ans que Titeuf est là. C’est sûr, il ne choque plus comme aux tout débuts, mais il n’est pas plus consensuel pour autant ! L’attitude du personnage ne s’est pas adoucie. Je reconnais qu’il a été édulcoré pour la télé. Mais pas dans les albums de bd (plus de rire ni de sourire, mais rien de grave pour autant, c’est juste le mot de la fin…)”. Propos recueillis par Ariane Allard |
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