“Un Coup de maître”… mais pas un coup d’essai
Cette comédie argentine n’arrive pas tout à fait de nulle part… elle émane en effet d’un trio d’artistes argentins qui, à défaut d’être célébrissimes en France, sont néanmoins en train de se forger une belle filmographie.
Si le nom de Gastón Duprat vous est absolument inconnu, sachez qu’il n’y a rien de honteux. Les films réalisés (en duo ou en solo) par le cinéaste argentin sortent pourtant régulièrement dans les salles françaises et rencontrent un succès critique certain et un accueil chaleureux (même si pas pléthorique) de la part du public hexagonal.
En 2011, sortaient coup sur coup L’Homme d’à côté et L’Artiste, deux films signés par Gastón Duprat et Mariano Cohn, sur des scénarios écrits par Andrés Duprat, frère de Gastón et troisième larron officiel. Dans les deux films, il était question de faire se télescoper deux mondes, à savoir celui de l’art (architecture ou peinture) et celui des gens ordinaires. Dans L’Artiste, réalisé en premier mais sorti en second, l’infirmier d’un service de gériatrie rencontrait un vif succès grâce à des toiles dont l’auteur était en fait l’un de ses patients, un vieil homme mutique et sans doute autiste. Le tout débouchait sur une satire grinçante du monde de l’art, avec ses petites hypocrisies et ses grandes exagérations.
Dans L’Homme d’à côté, ce sont les problèmes de voisinage d’un riche designer, propriétaire estimé d’une maison argentine conçue par Le Corbusier, qui finissaient par créer l’implosion de sa petite vie bien réglée. Son nouveau voisin, dur à cuire et clairement moins sophistiqué, allait vite le rendre zinzin, le tout au sein d’un jeu de massacre jubilatoire car très fin. Hors de question d’aller dans l’excès d’hémoglobine et le Grand-Guignol façon Álex de la Iglesia ; chez Duprat et Cohn, le malaise est bien plus sournois.
Leur film suivant n’est hélas pas sorti en France, alors qu’il valait son pesant de cacahuètes. Son seul titre, Querida voy a comprar cigarrillos y vuelvo (Chérie, je vais acheter des cigarettes et je reviens) suffisait à faire envie. Sur le thème de “que feriez-vous si vous pouviez rembobiner votre vie ?”, le trio Duprat-Cohn-Duprat s’en donnait à cœur joie, évitant les morales sirupeuses et les considérations casse-tête sur l’espace-temps pour livrer un zigzag jouissif entre passé et présent.
Avant Un Coup de maître, qui parle lui aussi d’art et de malaise, Gastón Duprat et Mariano Cohn avaient réalisé ensemble Citoyen d’honneur, l’histoire d’un prix Nobel de littérature qui semait la zizanie en revenant dans son village natal, dont la faune locale lui a inspiré la majeure partie de son œuvre tant célébrée. Il finissait également par faire partie du jury d’un concours de peinture d’un niveau absolument affligeant. Une nouvelle fois, le décalage entre un petit monde intellectuello-méprisant et celui des “vraies gens” faisait merveille. Le film a d’ailleurs reçu de nombreux prix, à commencer par un prix d’interprétation à Venise pour Oscar Martinez.
Cette fois, Gastón Duprat est seul aux manettes, Mariano Cohn n’étant plus crédité que comme producteur. Andrés Duprat, lui, est toujours présent au scénario. Tous les trois continuent leur petit bonhomme de chemin en égratignant le monde de l’art, ceux qui le dirigent, ceux qui le font, mais également ceux qui l’observent avec mépris. Espérons que ce sujet continue à les inspirer encore longtemps.
Articles liés
MINIATURE : l’expo événement pour les 10 ans de la Galerie Artistik Rezo
La galerie Artistik Rezo et FIGURE s’associent pour présenter la troisième édition de l’exposition MINIATURE : un événement unique en son genre à l’occasion des 10 ans de la galerie. Cette édition réunit plus de 80 artistes français et...
Justice livre un show explosif et festif à l’Accor Arena de Paris Bercy
Ce mardi 17 novembre 2024, après une première partie orchestrée par Pedro Winter, boss du label Ed Banger, Justice a électrisé une salle pleine à craquer, première date des deux soirées prévues à Paris, chez eux, à domicile. La...
Marion Mezadorian pète les plombs au Théâtre Victor Hugo
Avec son précédent “one woman show”, Pépites, Marion Mezadorian a défrayé la chronique. Dans la même veine, celle d’une performance scénique où l’humour le dispute à l’émotion, cette nouvelle création donne la parole à celles et ceux qui craquent...