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Tony Harrisson : “Le métier d’acteur est passionnant”

Léa Héron 22 mai 2020
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Tony Harrisson

© Chakhara Chea

Vous l’avez peut-être aperçu au cinéma dans La Squale, à la télévision dans Engrenages, ou encore au théâtre dans Ici, il n’y a pas de pourquoi. Tony Harrisson est devenu acteur par hasard puis a enchaîné les pièces et les tournages. Il nous parle ici de son histoire et de son métier.

Bonjour Tony Harrisson, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis acteur au théâtre, au cinéma, à la télévision, et également metteur en scène, réalisateur et auteur. J’ai bientôt 39 ans, j’ai commencé quand j’avais 17 ans. Je suis toujours habité par cette soif d’apprendre et de transmettre ma passion : le théâtre, le jeu, la scène.

Comment êtes-vous devenu acteur et comédien ? Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?

Par pur hasard ! J’ai été repéré par le biais d’un casting “sauvage” à la sortie du lycée, pour le rôle masculin principal du film La Squale. J’ai ensuite obtenu un prix d’interprétation au Festival de Paris à l’époque, ce qui m’a permis de continuer à bien travailler et d’enchaîner les tournages. Le metteur en scène Peter Brook, qui avait vu ce film, a voulu me rencontrer et j’ai commencé à travailler au théâtre avec lui. Au début, ce n’était pas vraiment un choix mais une suite de rencontres. C’est dix ans plus tard que j’ai vraiment fait le choix de continuer, quand je me suis posé après plusieurs années de tournées en France et à l’étranger.

Vous avez aussi été réalisateur pour des courts métrages comme Brouillard et L’Étoile et la lune en 2011, puis une courte série en 2014, Répliques , et enfin L’Écran de Max , un autre court métrage, réalisé en 2018. D’après votre expérience, qu’est-ce qui pousse un acteur à passer derrière la caméra ?

Je pense que le métier d’acteur est passionnant et que je le ferai toute ma vie. Ayant une énergie productive, j’aime matérialiser mes idées et passer à l’action, être à l’origine des projets. Cela m’a poussé à passer derrière la caméra. C’est aussi pour cette raison que je suis également auteur. D’ailleurs, “acteur” et “auteur” viennent de la même étymologie et veulent dire “créateur” en grec.

Tony Harrisson

© Gianni Giardinelli

En tant qu’acteur, vous avez fait beaucoup de théâtre, de séries télévisées et de longs métrages. Est-ce plus difficile de s’adapter à un milieu plutôt qu’à un autre ? Vous sentez-vous plus à l’aise dans l’un d’eux en particulier ? Et si oui, pourquoi ?

Je me sens à l’aise lorsque je défends un bon texte et donne vie à un personnage, que ce soit devant une caméra ou sur une scène de théâtre. Mais il est vrai que sur un plateau, je me sens comme à la maison. J’aime cette énergie du théâtre où, quand la pièce commence, personne ne peut nous dire “coupez ”. L’acteur devient fragile, incontrôlable, libre .

Vous interprétez des personnages parfois très différents les uns des autres. Comment vous imprégnez-vous d’un personnage à chaque nouveau tournage ou représentation ?

Pour moi, le texte est le centre du travail de composition. J’adore Brad Pitt ou Jamie Foxx par exemple, car ils ont cette capacité à s’engager réellement dans l’environnement de leurs personnages et défendre un point de vue. J’ai également cette rigueur, cette énergie de vouloir donner vie à un personnage de la manière la plus intense possible, pour pouvoir le laisser “mourir” une fois le travail effectué. Je suis dedans à 400%.

Y a-t-il un personnage que vous avez interprété qui vous a particulièrement marqué dans votre parcours et pourquoi ?

Non, pas vraiment… et si c’est le cas, ce n’est pas pour des raisons artistiques. C’est soit par mélancolie, soit pour le succès ou pour des raisons autres que le personnage en lui-même. Je suis un serial killer, je tue mes personnages une fois que je leur ai donné vie.

Tony Harrisson

© Richard Hannard

Quelle sensation ressentez-vous lorsque vous vous apercevez à l’écran ?

Je suis très critique. Je regarde dans un premier temps les défauts, plan par plan. Puis, je regarde ce qu’il y a de bien, ce qui m’aide à voir si je progresse dans une palette de jeu ou une autre. De manière générale, je ne me regarde pas beaucoup. Je regarde un film le jour de la première puis une autre fois seul et après, basta !

Malgré cette période de confinement qui a mis en péril de nombreux tournages, avez-vous des projets qui arrivent, en tant qu’acteur et/ou réalisateur ?

Le confinement a été une épreuve sans précédent pour nous, les intermittents du spectacle. D’ailleurs, je tiens à adresser tous mes encouragements à mes confrères. Toutes mes dates de tournées ou de tournages ont été repoussées, parfois à l’année prochaine. C’est comme ça, il faut s’adapter. J’en ai profité pour développer bridgi.fr : une plateforme de streaming live dédiée aux professionnels du spectacle vivant. J’ai également continué l’écriture d’une pièce, Clean, qui porte sur le combat environnemental et la famille.

Pour finir, avez-vous une anecdote ou un souvenir marquant de tournage à nous raconter ?

Pour le film Dans tes rêves, je devais interpréter un rappeur, qui était le “méchant” du film et qui devait rapper comme un pro. La production m’avait organisé plusieurs séances de coaching avec Kool Shen du groupe NTM, pour être vraiment crédible. J’ai tellement aimé l’énergie des concerts dans le film que par la suite, j’ai continué à faire de la musique et j’ai créé un groupe qui s’appelait “Tony et Les Cyclopes”. Et au théâtre, un jour, j’ai dû reprendre un rôle dans une pièce, Le Costume de Peter Brook, dans laquelle je jouais déjà un autre personnage, et ce, en six heures, pour me retrouver devant huit cents personnes… Je n’ai jamais eu un stress égal à ce jour-là .

Pour plus d’informations, visitez le site de sa compagnie : ici.

Propos recueillis par Léa Héron

 

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