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Thirst, ceci est mon sang

7 octobre 2009
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Thirst

Thirst, (besoin, fort desir de) soif en anglais est un film qui ne sait pas où il va. Les personnages principaux sont deux vampires, quelque part perdus entre la vie et la mort, entre le cauchemar et la réalité, suceurs de sang et épris des plaisirs charnels. Ils sont toujours en flotaison, pris au choix dans les vagues d’un matelas couleur glauque, hanté par le fantôme du guignol qu’ils ont assassinés ou dans la légèreté d’une caméra virtuose n’hésitant pas à cirer le parquet avant une chute de cinq étages en vol plané. La réalisation frise le tour de grand huit, et quant est injecté à cette caméra oeil de chauve-souris la dose de tranquilisant nécessaire, elle stoppe son vol et s’arrête tête en bas dans les angles les plus biscornus qui soient pour noyer ses personnages sinon dans la flotte dans une profusion de symboles à donner la migraine.

La deuxième conséquence de ce choix esthétique est la drôlerie déroutante que peuvent apporter ces mêmes plans : le héros par exemple, un prêtre sorte de batman, il a même la cape, passe ses nuits de justicier à soulager en enfer des âmes suicidaires mais incapable d’avouer son vampirisme à la jeune Tae-Joo dont il est épris, il lui offre sans précaution démonstration de son régime alimentaire, couché par terre, il combat les pustules intravéneuse à la bouche. Religieux, il buvait le sang du Christ. Son état de vampire l’écarte peu à peu de la religion, il se nourrit maintenant de sang tout court.

C’est alors que Park Chan-Wook enclenche le jeu de cause-conséquence développé dans Thérèse Raquin. Entre le « prêtre » et sa copine, la fausse somanbule qui a les pieds plein de cornes, il faut se débarasser du mari cancéreux castrateur qui sent l’oeuf pourri jusqu’au projecteur et empêche l’idylle entre La Belle, poupée asiatique à la blancheur porcelaine, et La Bête. La vengeance, thème cher du réalisaeur, pousse cette fois la martyre à devenir bourreau. La non-maitrise de sa vampirisation donne au film ses séquences les plus gores depuis la flûte du début et son ambiance putride, malsaine, attaché au dégout que renvoit les deux amants.

Il organise leur coup dans une coquetterie asiatique bien connue, référencée et assimilée. La partie de mahjong par exemple devient l’endroit idéal où leur humour sadisme que l’on retrouve aussi dans le « maman, il y a un film d’horreur à la télé ce soir » s’exprime dans le double discours et le sous-entendu. Terrorisée de bout en bout puis paraplégique et vampyrisée, la mère assiste en spectateur privilégié au tentative d’esthétisation à la Dario Argento (jeu sur les couleurs), à la touche finale influencé par Kitano et flairée à 10 kilomètres puis à la poésie (ça manquait) qu’évoque le retour des chaussures de Wall-E, nous arrachant un dernier sourire.

De Park Chan-wook
Avec Song Kang-Ho, Kim Ok-vin, Kim Hae-Sook   Plus…
Sortie le 30 Septembre

Durée : 2h13

Florent Boucheron

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