The Room : une fiction actuelle
Avec The Room, Christian Volckman, nous propose un film de science-fiction surprenant et captivant. À cause de la crise sanitaire, le film sortira directement en VOD dès le 7 mai 2020.
L’histoire ? Kate et Matt, la trentaine, sont en quête d’authenticité. Le jeune couple décide de quitter la ville et achète une grande maison à retaper dans un coin reculé perdu dans le Maryland. Peu après leur déménagement, ils découvrent une chambre étrange capable d’exaucer tous leurs désirs. Leur nouvelle vie devient un véritable conte de fée.
Une atmosphère prenante et un casting efficace
Au premier abord, on pourrait croire à un scénario d’horreur classique. D’ailleurs, le scénario rappelle vaguement Shining : un couple isolé est confronté à la folie. Pourtant, le réalisateur réussit à s’éloigner des clichés sanglants. La savante gestion de l’atmosphère, grâce aux lumières et à la variété esthétique des plans, réussit à présenter la mystérieuse maison sous différents angles, tout comme les deux protagonistes qu’elle abrite.
La première partie du film, peut-être lente et superficielle, est vite bousculée. Kate, plus réticente que Matt face à la chambre, perd le contrôle sur ses désirs et demande un enfant. Les rôles s’intervertissent : le personnage de Matt exprime son côté plus réfléchi, tandis que Kate s’investit dans son nouveau rôle de mère et s’abandonne à ses émotions. Olga Kurylenko et Kevin Janssens réussissent cette transition avec brio.
Le choix de plonger le spectateur dans un quasi huis-clos crée une ambiance hypnotisante. Perturbé par les comportements malsains des personnages, on a envie d’aller jusqu’au bout. Avec The Room, Christian Volckman toutefois propose un récit ancré dans la réalité. Le film nous pousse effectivement à nous questionner sur nos désirs et sur la manière dont ils peuvent influencer notre vie.
Un film d’horreur moralisateur
Tout d’abord guidé par leurs envies matérielles, le couple finit par explorer des désirs plus profonds. Lassé par l’abondance de toutes ces belles choses, Matt suggère d’agrandir leur famille. C’est à ce moment que la peur de Kate de perdre à nouveau un enfant prend le contrôle sur ses désirs. Matt comprend que toutes les choses créées par la maison ne sont qu’illusion : une fois à l’extérieur, elles vieillissent et deviennent cendres. Kate devient obnubilée par la protection de son enfant et leur quotidien se transforme en cauchemar. Le couple s’éloigne, s’isole. L’enfant qui devait les unir et les rendre heureux leur procure tout le contraire.
Belle métaphore sur notre monde actuel ! Dans cette société où nous sommes concentrés sur nos désirs, nous voulons toujours plus, nous courrons après des illusions matérielles qui ne font pas notre bonheur et oublions de nous contenter de ce que la vie nous offre. Parfois, nos frustrations nous poussent meme à oublier l’essentiel, et nous percevons les relations humaines comme des objets, prêts à être usés et remplacés.
Malgré quelques scènes inutiles, comme la rencontre avec John Doe qui apporte peu, et quelques répétitions, The Room est un film esthétiquement réussi, avec un scénario à portée philosophique. À voir, donc !
Anouchka Derouault
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