The Prodigies
Surdoué, pourvu de dons insoupçonnables, le chercheur Jimbo Farrar se met en tête de trouver d’autres prodigies, gamins isolés, incompris mais bel et bien exceptionnels. Repérés grâce à un imposant dispositif, les fameux prodiges sont réunis à New York, mais une terrible agression remet leur avenir en question…
L’animation française, qui avait déjà tenté de se distinguer avec le pompeux Renaissance, connaît avec ce film une deuxième désillusion qui devrait se solder par un énorme four au box-office. Mis à part les amateurs inconditionnels d’un livre paru il y a 30 ans, qui risquent d’être furieux à la vue de cette trahison faite film, on voit mal qui pourrait vouloir se risquer dans un tel marasme. Sans cible et sans but, The Prodigies tente de vendre mille choses inabouties par le biais de gesticulations hystériques et lassantes. Résultat : une camelote inutilisable et injustifiable, qui fait passer l’ensemble de l’animation française pour un vaste cirque peuplé d’amateurs. C’est sinistre.
On a pourtant envie d’entrer dans cet univers qui n’est pas sans rappeler les débuts des X-men ou la série Heroes : hélas, cette histoire de jeunes surdoués sélectionnés à travers l’Amérique pour apprendre à exploiter leurs dons si spéciaux ne décolle jamais. Incapables de poser concrètement les motivations des protagonistes et les enjeux d’une histoire prétendument tragique, les scénaristes (déjà à l’initiative du scénar de Renaissance, tiens) semblent naviguer à vue pendant une interminable heure et demie. Femme enceinte en dangers, enfants menacés ou menaçants, télé-réalité prétexte : les éléments s’imbriquent si mal qu’ils ont plutôt tendance à se superposer lourdement.
En fait, The Prodigies ressemble à une (trop) longue cinématique d’un (très) mauvais jeu vidéo, avec sa façon de vouloir en donner beaucoup en un minimum de temps. Le film nous jette à la gueule des brassées de thématiques dont on ne sait que faire, des scènes d’action en veux-tu en voilà, des traumas gratuits et racoleurs qu’on tente de nous faire passer pour du courage (viol de mineure face caméra et tutti quanti). On jetterait bien son cerveau et ses oreilles à la poubelle pour ne plus avoir à subir cet amas de vacuité crasse, mais le visuel se charge à tout moment de nous rattraper. Pour une poignée de scènes et de textures réussies, le film propose un lot ahurissant de séquences mal torchées, brillant soit par leur hétérogénéité, soit par leur absence totale de fluidité ou de réalisme. On aurait pu en apprécier le côté foutraque s’il n’y avait l’affligeant sérieux de l’ensemble. Ce cinéma premier degré, dépourvu de recul, ne devrait même plus exister. Pourtant, au vingt-et-unième siècle, des équipes entières suent sang et eau sur ce genre d’aberration qui fait pitié et honte à voir. À n’aller voir sous aucun prétexte, si ce n’est pour la voix de Mathieu Kassovitz.
Thomas Messias (Twitter)
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The Prodigies
Réalisé par Antoine Charreyron
Avec Jeffrey Evan Thomas, Jacob Rosenbaum et Dominic Gould
Interdit aux moins de 12 ans
Durée : 1h27
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