Stavros Antipas : “Il s’agit de la première communauté qui travaille pour le développement des régions à partir des créativités locales”
De la création artistique dans des lieux discrets pour aller occuper des écrans dans les salles de cinéma, Stavros Antipas travaille à mettre en avant des artistes femmes du Moyen Orient à partir d’oeuvres cinématographiques.
Parles-nous de ton parcours ?
J’ai commencé en étudiant l’architecture et le cinéma. Et j’ai mis tous mes efforts afin de trouver un moyen de développer ma propre expérience créative.
J’ai vécu toute ma vie à Abu Dhabi, où il n’y avait pas d’école privée ni publique qui fournit une éducation avec une expérience artistique créative permettant de devenir un artiste. En plus, les métiers de la créativité, peu stables, n’assurent pas des promesses financières.
Qu’est-ce que signifie Tawahadna ?
Tawahadna veut dire “devenir solidaire” en arabe. Il s’agit d’une communauté d’hommes et des femmes solidaires, travaillant pour mettre en lumière les femmes artistes. Ce travail se fait à partir des récits de films documentaires, sur ces femmes issues du Moyen Orient et d’Afrique du Nord.
Comment cela a-t-il commencé ?
En Octobre 2016, en travaillant sur mon projet de fin d’études dans le cinéma, concernant le démarrage d’un business dans un domaine créatif. La grande surprise est survenue lors de la première projection de Tawahadna, dans la Galerie Al Serkal Avenue à Dubai. La salle était remplie de nos 50 invités, sauf qu’il y avait 200 personnes de plus qui attendaient pour une prochaine séance, ainsi que pour acheter les œuvres de l’artiste en question dans l’épisode projeté.
C’était le déclencheur dont nous avions besoin pour prouver que Tawahadna manquait au monde, et ce dont la communauté avait besoin. Il manquait la créativité!
Que s’est-il passé après ce début ?
Juste après cette première projection, Tawahadna a obtenue une bonne réputation autant qu’une communauté visant à lier les artistes femmes émiraties à des événements et des projets en EAU (Emirats Arabes Unis) et à partir de là on a commencé à collaborer pour des projections publiques et privées pendant les quatre années suivantes.
En quoi Tawahadna est différente ?
Elle est différente car il s’agit de la première communauté qui travaille pour le développement des régions à partir des créativités locales. On est la première maison de production qui met un point d’honneur à produire des documentaires créatifs dans les régions du Moyen Orient et d’Afrique du Nord.
Quelle est la nature de ces productions ?
On tourne essentiellement dans des endroits non mis en avant par le monde commercial, en introduisant les artistes dans leurs villes natales. On a une façon de tourner assez cinématographique, avec pour objectif d’encourager et de sensibiliser une plus grande population sur ces sujets. Cela est valable également pour les bandes son des épisodes qui sont produits par des artistes locaux.
Par exemple, le premier épisode parle de l’artiste Maryam Al Zaabi. C’est une des premières artistes à montrer le manque de représentation des artistes émergents ainsi que l’art qui pousse l’expression de la tolérance. Elle pratique l’art figuratif contemporain qui est un art beau, malgré la culture qui l’entoure où le fait de peindre des visages et des corps est interdit. Elle se fichait des limites imposées par son milieu, en faisait sa niche et décidait de peindre de façon physiquement provocatrice. Ce grand niveau de courage m’a fortement attiré et donner envie de la filmer et documenter son travail !
Quel est le but ?
On a deux buts, un international et un régional.
Notre but international est d’encourager et de sensibiliser la société à se concentrer sur des sujets plus liés à la créativité plutôt qu’à la politique. En espérant stimuler les utilisateurs de VOD (vidéo à la demande) de commencer à s’intéresser à la créativité. Au niveau régional c’est de faire découvrir à notre communauté les valeurs de la créativité à partir des mainstream de divertissement et de donner un propos dans l’éducation traditionnelle au Moyen Orient et d’Afrique du Nord.
Mais surtout : “Je représente ce que la société considère comme un des “hommes blancs privilégiés” et j’ai dû me frayer un chemin à travers les attentes sociales de réussite, j’ai sacrifié la ‘stabilité’ pour étudier le cinéma. Si telle est mon expérience, je ne peux qu’imaginer à quel point il doit être plus difficile de grandir dans une famille qui a des valeurs traditionalistes et des croyances fondamentales selon lesquelles les jalons sont définis par la stabilité financière dans une carrière. Si je suis la ‘race et le sexe chanceux’ du XXIe siècle, à quel point est-ce plus difficile pour les autres artistes ? “Stavros Antypas
Suivez Tawahadna sur Instagram et sur son site internet.
Propos recueillis par Abada Garakala
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