Sorties ciné – 6 février 2013
La grosse sortie de la semaine a pour décor la cité des Anges avec des personnages qui n’en sont guère. Sean Penn incarne, dans Gangster Squad, un parrain impitoyable qu’une brigade de flics moins corrompue que les autres va tenter de neutraliser. Ruben Fleischer, auteur du déjanté Bienvenue à Zombiland, il y a quatre ans, et qui amorce avec ce retour un virage à angle droit, a réuni Ryan Gosling, Josh Broling, Emma Stone, Nick Nolte et Giovanni Ribisi. Cela suffira-t-il à séduire le public hexagonal pour ce énième film de mafiosos ?
En matière de casting royal, les frangins Coen sont également vernis. Cameron Diaz et Colin Firth partagent l’affiche de Gambit, arnaque à l’anglaise qui marque le retour à la pure comédie des grands triomphateurs de Cannes en 1991. Hélas, ils ne sont « que » scénaristes, la mise en scène étant assurée par Michael Hoffman. Gageons qu’ « assurée » soit le terme idoine et que cette histoire d’arnaque sur fond de vol de tableaux sera plus enlevée que les précédentes réalisations de celui qui avait commis notamment Le Songe d’une nuit d’été en 1999.
Quand A.H devient A.H… Anthony Hopkins se paye la tête d’Alfred Hitchcock dans un film de Sacha Gervasi. Helen Mirren campe son épouse et Scarlett Johansson devient Janet Leigh dans le film tournant autour de la fabrication de Psychose. Malgré des dialogues savoureux et une interprétation de haut vol, Sacha Gervasi a vu un peu grand pour son quasi premier long qui manque cruellement de mise en scène, ce qui pour évoquer une telle figure du 7ème art, est forcément un peu frustrant.
Reparti avec deux prix au dernier festival du film britannique de Dinard (dont l’Hitchcock d’Or), Shadow Dancer qu’a réalisé James Marsh (Le Projet Nim en 2011) réunit Andrea Riseborough, Aidan Gillen et Domhnall Gleeson dans l’histoire d’une activiste de l’IRA que la police soumet à un cruel dilemme si elle veut recouvrer sa liberté.
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Isabelle Adjani lui doit son cinquième César de la meilleure actrice : Jean-Paul Lilienfeld revient cinq ans après La Journée de la jupe. Arrêtez-moi est l’ordre qu’intime Sophie Marceau qui vient avouer le meurtre de son mari à la femme flic Miou-Miou qui est de garde au commissariat. Une affiche inédite très prometteuse dont la bande-annonce révèle une Sophie Marceau métamorphosée.
Le sulfureux Jean-Claude Brisseau (Noce Blanche, Choses secrètes) est devant et derrière la caméra de La Fille de nulle part. Cette histoire qui a décroché le Léopard d’Or au dernier festival de Locarno, met en scène un prof retraité qui recueille une femme blessée devant chez lui sans savoir qu’elle va provoquer un tsunami dans son existence. Un film à la lisière du fantastique.
Non, Tu honoreras ta mère et ta mère ne parle pas d’homoparentalité. Le nouveau film de la pétillante Brigitte Roüan embarque en Grèce Nicole Garcia, Eric Caravaca, Elisa Tovati, Gaspard Ulliel, Emmanuelle Riva et même un débutant nommé Demis Roussos dans une histoire délirante à souhait où une mère sur la touche squatte une maison et soudoie tous ceux qu’elle peut pour monter un spectacle. Mais en Grèce, bousculer les dieux de l’Olympe avec pareilles excentricités n’est pas sans risque.
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Elle avait conquis le public et la critique, décroché le prix du Jury à Cannes et deux César il y a cinq ans avec Persepolis. Mariane Satrapi revient avec La Bande des Jotas, une comédie policière au pitch délirant. Deux valises interverties par erreur et voilà leurs propriétaires tueurs à gages pour les uns et leur patronne pour l’autre. « J’avais envie d’un projet léger et improvisé, de sentir le plaisir de tourner au jour le jour avec le moins de contraintes possibles : d’être au plus proche d’une grande liberté d’action et de production » dit-elle. Gageons que l’ancienne illustratrice sera récompensée de nourrir si noble dessein…
Le film barré de la semaine au titre oh combien « évocacateur » (La grosse commission) emmènera ses spectateurs dans un bled où les habitants ont pour marottes la bouffe, les tuyaux et tout ce qui s’apparente à ce que devient la première quand elle finit sa course au bout des seconds ! Mis en scène par un certain Dick Turner dont c’est le premier film.
Elle est la première femme qui parvient à réaliser un film en Arabie Saoudite. Haifaa Al Mansour raconte, dans Wadjda, l’histoire d’une fillette qui va se battre pour acquérir un vélo, objet qui se devient danger social dès qu’il est enfourché par une femme. Une allégorie pour mieux dénoncer l’ordre établi dans un des pays les plus fermés de la planète.
La bande annonce de David ferait presque oublier que ce long, pourtant très court pour son origine, arrive d’Inde, une stylisation à l’asiatique remplaçant les interminables séquences au statisme lénifiant des traditionnelles bollyowooderies. Deux personnes au même prénom se rencontrent par hasard et voient leur univers pourtant antipodiques ne faire qu’un. Entre drame, romance et thriller.
L’outsider de la semaine est français. Ab Irato, sous l’empire de la colère est le quatrième film de Dominique Boccarossa, qui n’avait rien fait depuis 10 ans. Le kidnapping d’un fils d’industriels par des ados vire au cauchemar à cause de la présence des parents sur les lieux. C’est un peu La Rançon avec Mel Gibson mais tourné à la manière de Bruno Dumont…
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Coproduction franco-indienne, Chatrak, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes l’an dernier, a été tourné au Bengale occidental et raconte l’histoire d’un homme recherché par son frère et dont on dit qu’il vit fou dans les bois. C’est le sixième film de Vimukthi Jayasundara, Caméra d’Or sur la Croisette en 2005 pour La Terre abandonnée.
Deux documentaires cette semaine. Le premier nous propose de suivre la transhumance hivernale d’un couple suisse. Les amateurs de grand air, de vie à la dure au milieu des ânes et des moutons devraient adorer cet Hiver nomade de Manuel von Stürler. Le second va suivre Le Prince Miiaou. Rien de félin là-dedans mais le portrait d’une chanteuse, de la conception de son nouvel album à la tournée consécutive. Par le co-réalisateur de Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, Marc-Antoine Roudil.
Trois reprises également. Richard Burton et Elisabeth Taylor dans le rôle d’un couple qui se déchirent, se lancent les verres à travers la figure, après les avoir vidés bien sûr (Qui a peur de Virginia Woolf ?). Un rôle de composition pour les plus célèbres mariés et divorcés et remariés de l’histoire du cinéma ? Assurément puisque l’Académie des Oscars décerna à la Cléopatre de Mankiewicz la suprême récompense pour ce film dirigé par Mike Nichols (dont c’était le premier long), un an avant Le Lauréat. C’est ma vie après tout est le cri lancé par Richard Dreyfuss dans le film de John Badham (La Fièvre du samedi soir) où il incarne un sculpteur paralysé par un accident de voiture qui réclame le droit de mourir. Puissamment d’actualité, ce film date pourtant de 1981. Une histoire de jumelles qui échangent souvent leur identité jusqu’au jour où l’une d’elle est accusée de meurtre. Un sujet en or pour l’un des maîtres du film noir, Robert Siodmark (Les Tueurs). On retrouve dans cette Double énigme Olivia de Havilland, la Mélanie d’Autant en emporte le vent, incarnant les deux frangines.
Franck Bortelle
A découvrir sur Artistik Rezo :
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