Sorties ciné – 30 janvier 2013

Pour figurer dans la course aux Oscars, rien de tel qu’un bon biopic comme le savent tous les interprètes qui ont incarné une célébrité, de Cate Blanchett à Marion Cotillard. Daniel Day-Lewis, bien sûr nommé pour Lincoln allongera-t-il la liste ? Réponse fin février. En attendant, deux heures et demi en sa compagnie ne se refusent pas. Mais ce sont aussi 150 minutes avec Spielberg. Là, c’est moins drôle…

Deux ans après son musclé Fighter, David O. Russell is back avec une comédie dramatique,  Happiness Therapy. La rencontre de deux êtres un peu paumés (et même largué… par sa femme pour l’un d’entre eux) qui vont s’entre-aider pour s’en sortir. Avec Bradley Cooper, Jennifer Lawrence et Robert De Niro, tous trois nommés aux Oscars pour ce film qui totalise 8 citations. 

Il y a trois ans, Martin McDonagh déboulait sur les écrans avec un ovni mêlant polar et comédie, « Bon baisers de Bruges » avec Colin Farrell. Il retrouve ce dernier pour 7 Psychopathes dont le pitch fleure bon le gros délire bien british. Un écrivain en panne d’inspiration reçoit de son meilleur ami une aide un peu space : des criminels, vrais de vrais et bourrés de mauvaises intentions. Ca promet !

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Six films français sortent ce mercredi. Si l’on se cantonnait à la seule bande annonce, notre coup de cœur irait illico à Rendez-vous à Kiruna d’Anne Novion qui retrouve l’excellent Jean-Pépère Darroussin trois ans après Les Grandes personnes. Un architecte du genre stakhanoviste découvre qu’il a un fils en apprenant sa mort. Il doit se rendre en Laponie pour reconnaître le corps. 

Le thriller de la semaine est français ! Mais signé David Marconi, scénariste d’Ennemi d’état et  Die Hard 4. Intersections plante sa caméra dans le Sahara où, après un accident de la circulation, les victimes doivent se serrer les coudes pour s’en sortir. Trahisons, mensonges se mêlent à ce noble dessein. Gageons que le cinéaste Marconi, dont c’est la première réalisation, sera à la hauteur du scénariste car en plus l’affiche est alléchante (Roschdy Zem et Marie-José Croze).

L’ ancien Robin des Bois Maurice Barthélémy dit s’être inspiré de films qui ne sont « pas que des simples parodies » mais des « œuvres qui jouent aussi avec la substance même de la parodie » pour faire son Pas très normales activités. Espérons que bardé d’aussi nobles intentions, il saura convaincre avec cette histoire de maison isolée où se retrouvent de drôles de zigues. 

Crachant sur Bacri, dégueulant sur Torreton, dézinguant la France et son cinéma, Gérard Lanvin a juste oublié de parler d’Amitiés sincères lors de la promo du film. Il y joue un gros râleur : le rôle de composition n’est donc pas pour cette fois-ci… Espérons que le reste de la distribution de ce premier film choral (Anglade, Breitman, Yordanoff) réussira à inciter davantage le public à venir le voir… 

Premier long de Géraldine Maillet, After met en scène la délicieuse Julie Gayet dans un rôle à contre emploi et Raphaël Personnaz (vu dans La Stratégie de la poussette et Anna Karenine). Ils y forment un duo qui va une nuit durant s’affronter, se toiser, se bouffer le nez, se livrer au jeu de la séduction. Du chat ou de la souris, qui sortira gagnant ?

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Autre premier film, Crawl d’Hervé Lasgouttes embarque dans la Bretagne frappée par des tempêtes homériques deux jeunes qui s’aiment jusqu’au jour où une grossesse est annoncée. Le futur papa se tire illico. Ce film au titre aquatique risque fort de ramer pour trouver son public, d’autant qu’à la distribution n’y figure aucune tête d’affiche. 

Trois ans après La Révélation, film politique et humaniste fort bien qu’un peu maladroit, Hans-Christian Schmidt revient avec Un week-end en famille. Le cinéaste allemand y convie autour de la mère malade et démissionnaire le reste du clan, ébranlé par le comportement de cette dernière. Présenté au festival de Berlin en 2012.

L’occasion de voir sur les écrans la sublime Ronit Elkabetz (Prendre femme qu’elle avait réalisé et interprété) est tellement rare qu’il faut aller voir Invisible. La belle Israélienne y joue une femme qui soutient la cause palestinienne et rencontre une réalisatrice télé. Leur point commun : victimes du même violeur. Elles vont s’épauler pour combattre leurs peurs.

Dans la brume, réalisé par Sergei Loznitsa a été primé à Cannes en 2012. Seconde Guerre Mondiale : un homme à abattre. Motif : collaboration. Difficile pourtant de discerner culpabilité et innocence en ces périodes troubles. Traité par un Russe, un tel sujet peut même prendre une tournure tout à fait passionnante pour des occidentaux.

Reparti avec une mention spéciale au festival du film d’animation d’Annecy en 2012, La Tête en l’air offre une plongée dans l’univers des maisons de retraites, entre Alzheimer et gâtisme. Mais l’Espagnol Ignacio Ferreras a opté pour l’humour, dynamitant ainsi tout pathos pâteux. 

L’autre film d’animation de la semaine, très court celui-là (42 minutes) vient d’Iran. Portrait de famille évoque un grand chambardement dans le pays des Contes des mille et une nuits. Pour les tout petits à partir de 3 ans. 

Auréolé de deux prix (aux festivals d’Amiens et Pessac en 2012), Công Binh la longue nuit indochinoise est le documentaire de la semaine. Il évoque un fait peu connu de l’histoire : les milliers de Vietnamiens enrôlés de force dans l’effort de guerre français à la veille du conflit de 39-45. Un film dont la France ne sort pas forcément glorieuse… 

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Enfin deux ressorties. La Dernière tentation du Christ de Scorsese qui avait fait couler beaucoup d’encres dans les journaux et voler pas mal de fauteuils dans les salles de cinéma à sa sortie, revient en cette période où les intégristes de tout poil s’en donnent à cœur joie pour fustiger toutes les avancées sociales. Splendide hasard. La Mort en direct de Tavernier sera l’occasion de revoir Romy Schneider dans un de ses meilleurs rôles et sur grand écran. Futuriste à l’époque, il est aujourd’hui d’une prégnante actualité et constitue un monstrueux pavé dans la mare de la télé réalité. Immanquable.

Franck Bortelle

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