Sorties ciné – 3 avril 2013
Quatre ans après Le dernier pour la route, film à l’éthylomètre dans le rouge où Cluzet campait un alcoolique, Philippe Godeau (et non Godet) retrouve le comédien dans un registre plus musclé, le thriller. 11.6 est le titre de ce nouveau film ainsi que le nombre de millions que transporte un convoyeur de fonds un beau matin où il va péter les plombs. Ca va changer des Emotifs anonymes, avant-dernier opus de ce cinéaste de plus en plus attendu, ce qui pour un Godeau est d’assez bonne augure.
A bord d’un avion qui les ramène à Paris, deux anciens amants se retrouvent assis côte à côté. L’occasion pour lui (Nicolas Bedos) de reconquérir sa belle (Ludivine Sagnier) pourtant à quelques jours de convoler. Avec parmi les passagers un vieux un peu cochon (inévitablement Jackie Berroyer) et dans les rôles de la mère de la petite et du meilleur ami du tombeur la pulpeuse Clémentine Célarié et Jonathan Cohen. Amour & Turbulences est le premier film que réalise seul Alexandre Castagnetti. Souhaitons lui un décollage en fanfare vers les sommets du box office.
Habituée à des histoires tournant toujours autour de trois personnes, la Française Anne Fontaine (Mon pire cauchemar, La Fille de Monaco, Comment j’ai tué mon père) se paye Naomi Watts et Robin Wright pour une première production anglo-saxonne et y ajoute un quatrième larron. La cinéaste des sulfureux Nathalie et Nettoyage à sec raconte dans Perfect Mothers l’histoire de deux femmes inséparables qui tombent amoureuse du fils de l’autre, le tout dans un décor paradisiaque, pour ne pas dire édénique…ta mère !
Quatrième film en moins de deux ans : Steven Soderbergh, l’anti Mallick par excellence nous revient avec Effets secondaires, thriller mettant en scène un psy qui après avoir prescrit un médoc à une cliente devenue meurtrière, voit sa carrière en mauvaise posture. Avec Rooney Mara, qui a bluffé tout le monde dans Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, Jude Law, Catherine Zeta-Jones et Channing Tatum (déjà présent dans le précédent Soderbergh, le déculotté Magic Mike).
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Autre thriller cette semaine, Dead Man Down est une histoire alambiquée de caïds, donc de vengeance mais avec une histoire d’amour pour calmer le jeu sauf que là, ça le speede encore plus. De cet écheveau narratif inextricable, espérons que Niels Arden Oplev, dont les faits d’armes font quand même ressortir deux excellents films (les deux Millenium avant celui de David Fincher), aura réussi à se démêler. Côté distribution, le casting est alléchant : Colin Farrell, Noomi Rapace (vu dans Passion récemment) et notre Isabelle Huppert.
Le drame Katalin Varga avait valu un prix à son auteur Peter Strickland en 2008. Second film de ce cinéma, Berberian Sound Studio navigue plutôt dans l’horreur et l’épouvante avec une mise en abyme du cinéma d’horreur où un employé finit par perdre pied à force de travailler dans un studio minable qui ne peut s’offrir que le doublage de films gore. Un pitch particulièrement séduisant et deux prix au Festival de Gérardmer (une référence !).
Premier film d’Anaïs Barbeau-Lavalette à sortir en France, Inch’Allah, qui ne bénéficie d’aucune star à son générique, met en scène une jeune Québécoise qui part en Cisjordanie pour aider les femmes enceintes. Elle y côtoie la guerre et la misère. Un voyage qui va forcément la déstabiliser. Présenté à la 63ème édition du Festival de Berlin.
Le film choc de la semaine est incontestablement Ill Manors qui évoque le retour à la liberté d’un jeune après avoir purgé une peine pour deal. Guerre des gangs, prostitutions, revente et nerfs en alerte sont au programme de ce film récompensé au festival du Film britannique de Dinard en 2012. Le cinéaste, également comédien, Ben Drew a eu les pires difficultés pour monter son film. Il n’a que 29 ans son fils s’annonce comme une date dans l’histoire du cinéma britannique.
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Un autre jeune cinéaste arrive dans l’arène. Il s’appelle Dustin Hoffman et son premier film s’intitule Quartet. Probablement moins de problème pour lui à financer son projet que Ben Drew, d’autant qu’il s’agit d’une adaptation d’une pièce de Ronald Harwood, star incontestable dans ce milieu. En haut de l’affiche, la géniale Maggie Smith (Indian Palace). Ces retrouvailles d’une bande de vieux complices de la scène dans un paisible cottage britannique vont-elle faire de Mister Hoffman un little big director ?
Ce devait être un documentaire, c’est devenu une fiction : Kinshasa Kids que réalise Marc-Henri Wajnberg raconte comment huit gamins démunis dans la capitale congolaise se débrouillent pour monter un groupe de musique qui finira par enchanter la communauté. Un film coloré et puissamment optimiste.
Men on the Bridge suit le parcours de trois jeunes Turcs qui sur le pont qui enjambe le Bosphore à Istambul, parviennent à vivre comme ils peuvent dans cette immense métropole. Les comédiens y jouent leur propre rôle. Cette coproduction germano-turque est le premier film de Aslı Özge.
D’abord un roman à succès en Espagne, La venta del paraíso est aujourd’hui un film. L’auteur et le cinéaste ne font qu’un. Il s’appelle Emilio Ruiz Barrachina et suit le parcours d’une jeune Mexicaine qui arrive en Espagne pensant y trouver l’Eldorado. Elle déchantera très vite.
Quatre documentaires cette semaine. Shola Lynch propose Free Angela sur la leader charismatique Angela Davis et son combat pour l’égalité entre les blancs et les noirs. Et pour l’égalité tout court. Vincent Dieutre, quant à lui ne dresse pas un portrait du plus célèbre socialiste de l’histoire de France dans son Jaurès. C’est la station de métro qui est ici citée dans ce documentaire où une femme rend visite à un homme qui vient de perdre son ami. Les souvenirs et les regrets aussi sont épluchés depuis l’appartement qui a une vue imprenable sur la fameuse station de métro. Nicolas Philibert, un peu le pionnier du documentaire avec le triomphe de Etre et avoir en 2002, a promené sans caméra dans un des sanctuaires de l’information, Radio France. La Maison de la radio retrace cette expérience. François Caillat, cinéaste documentaire a à son actif des films sur des figures littéraires, de Drieu la Rochelle à Le Cléziot et il propose aujourd’hui un film sur la difficulté d’aimer. Entre images d’aujourd’hui et souvenirs des années 70, Une jeunesse amoureuse est une promenade sur la carte du tendre dans notre belle capitale.
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Les reprises sont exclusivement transalpines cette semaine. Les deux films majeurs de Fellini, La Dolce Vita et 8 ½ ressortent sur les écrans. Une occasion unique de redécouvrir ces deux chefs d’œuvre sur grand écran et menés de main de maître par le « maestro » avec Marcello Mastroianni en vedette. Avec Anita Ekberg dans le premier et Anouk Aimée dans les deux. Le premier décrocha la Palme d’Or à Cannes en 1960, le second l’Oscar du film étranger en 1964. Le cinéma est au cœur des deux, même s’il est davantage mis à mal dans 8 ½. On le retrouve aussi dans Larmes de joie par le biais des deux figurants, héros du film, et qui le soir de la Saint-Sylvestre tentent en vain de rentrer dans des établissements d’où ils sont rejetés. Comédie dramatique peu connue, ce film a toutefois quelques atouts à son générique : un cinéaste mondialement connu (Mario Monicelli), le plus grand romancier italien à l’origine du sujet (Alberto Moravia) et une distribution grandiose (Totò, Anna Magnani et Ben Gazzara).
Franck Bortelle
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