Sorties ciné – 27 mars 2013

Respectons l’adage « Le meilleur pour la fin » et parlons donc de suite d’Une chanson pour ma mère. Une mourante réunit ses enfants autour d’elle. Ces derniers, avant le grand saut de leur mère, se mobilisent pour lui offrir une rencontre avec son idole, Dave. Le sujet en vaut un autre mais le film se vautre dans un bavardage qui désamorce toute drôlerie sans jamais que les situations ne rehaussent le niveau.

Ancien champion du monde d’improvisation, Patrick Ridremont réalise son premier film sur un sujet haletant. Dead Man Talking dont le titre n’est pas sans rappeler celui, en VO, de La dernière marche (et pour cause !), se situe entre le thriller politique et le drame. Un condamné à mort s’échappe de sa condition en parlant car tant qu’il parlera, personne ne pourra lui injecter la dose létale. Son cas va finir par intéresser les pouvoirs publics. Avec Ridremont mais aussi François Berléand, Virgine Elfira et Christian Marin (le Laverdure des « Chevaliers du ciel ») décédé en septembre dernier.

Prix de la critique au dernier festival international de Toronto Le Premier homme est l’adaptation du dernier roman d’Albert Camus. Un écrivain revient dans son Algérie natale, alors en guerre et retrouve la trace du prof qui lui a permis de sortir d’un chemin tout tracé fait de pauvreté et de misère. Avec Jacques Gamblin et Denis Podalydès, ce film s’est fait grâce au soutien de la fille de l’écrivain. Reste à voir comment le roman a pu devenir film, l’univers de Camus ne se prêtant pas aisément à ce genre de transposition.

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=dOksoER9WGU[/embedyt]

La banlieue parisienne vue à travers le regard d’un gamin de 8 ans qui est amoureux de la plus belle fille de son collège. Tel est le pitch de La Cité Rose d’un certain Julien Abraham dont c’est le premier film. La bande annonce ne laisse guère entrevoir du neuf sous les tropiques avec cette énième production sur le sujet.

Autre film français, Le Diable dans la peau de Gilles Martinerie raconte le dernier été que vont passer ensemble deux frères inséparables et le cataclysme que cette nouvelle va provoquer en eux. Tourné dans des décors somptueux de gorges et de vallées, ce premier film bénéficie de la présence de l’excellent mais trop rare (tout au moins au cinéma) Francis Renaud (Parfait amour,  Joueuse).

L’événement de la semaine pour beaucoup est incontestablement le nouveau film d’Almodovar. Le pape de la Movida effectue un comeback dans la comédie après son éblouissante incursion dans la science-fiction de La piel que habito propose un embarquement immédiat à bord d’un zinc qui va finir par menacer de ne jamais se poser indemne. L’occasion pour les protagonistes de réfléchir un peu sur leur existence et de s’éclater une dernière fois avant le grand boum.

Il s’appelle Jon M. Chu. On lui doit Sexy Dance 2, Sexy Dance 3, Sexy Dance 4 (seulement à la prod) et un doc sur Justin Bieber. Le voilà qu’il revient avec en vedette Bruce Willis prêt à tout pour sauver notre civilisation à la tête de son commando de GI. Même le titre est nul : G.I. Joe : Conspiration. 

Les envahisseurs sont décidément partout puisque les voilà aussi au cœur du sujet du nouveau film de Bryan Singer, Jack le chasseur de géants. Malgré la présence d’Ewan Mac Gregor, on a du mal à adhérer à cette production pourtant rythmée surtout quand on connaît les premiers films du cinéaste (Usual Suspects et Un élève doué). 

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=QFNP0bcZbcs[/embedyt]

Primé pour son scénario à la Mostra Venise en 2011, Alps constitue une rareté à plus d’un titre. Outre qu’il arrive de Grèce, ce film à la froideur cronenbergienne, OVNI cinématographique navigue entre drame et futurisme. Il y est question d’une société secrète qui propose ses services au moment de la mort des gens. Une femme vient d’avoir un accident dont elle ne devrait pas ressortir vivante…

Trois jeunes dans un quartier d’une ville israélienne font régner leur loi en imposant un Talmud fort et rigoriste. Jusqu’au jour où l’un d’eux rencontre une fille de leur même religion mais qui ne pratique pas. Primé dans deux festivals, Les Voisins de Dieu, coproduction franco-israélienne, se veut par son cinéaste un « rapprochement entre les cultures juive et arabe ». 

Le film choc de la semaine nous arrive d’Allemagne. Guerrière est le portrait d’une jeune femme à peine sortie de l’adolescence et qui, pétrie de haine, de xénophobie, d’antisémitisme fait porter sur les étrangers le déclin de son pays. C’est le premier film de David Wnendt, également auteur du scénario. Un American History X à l’allemande. 

Les univers carcéraux pour mineurs ont le vent en poupe. Après l’excellent Naufragés du bout du monde venu de Norvège, Los Salvajes retrace l’évasion de détenus et leurs conditions d’existence en pleine pampa argentine où pour survivre ils n’hésitent pas à tuer. C’est le premier film réalisé par Alejandro Padel, scénariste de Pablo Trapero (Carancho et Elefante Blanco). 

Autre film dont l’action se déroule en Argentine, El premio, primé aux festivals de Berlin et Biarritz, est également un premier film. Sa réalisatrice, Paula Markovitch y raconte l’histoire d’une gamine qui partage avec sa mère un lourd secret dont elle n’a pas conscience et qui finit par se mettre en danger un jour à l’école. 

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=9B5SiZePfX8[/embedyt]

Gros outsider de la semaine, Mahmut ile Meryem, du Turc Mehmet Ada Öztekin, est une romance sur les amours impossibles entre un musulman et une chrétienne, qui plus est fille d’un prêtre. 

Pour les tout petits, il y a cette semaine Petit Corbeau, film d’animation qui arrive d’Allemagne. L’histoire d’un corbeau sympa mais maladroit qui se fourre toujours dans des situations inextricables jusqu’au jour où il commet la « grôsseux fôteux »…

Quatre documentaires. Samsara réalisé par Ron Fricke auteur de Baraka en 1994, est à nouveau un périple visuel à travers la planète. Le cinéaste, cinq ans durant, a parcouru 25 pays pour y capter leurs merveilles. Il s’accompagne de la voix sublime de Liza Gerard découverte par le grand public grâce à ses performances musicales dans Gladiator et Révélations notamment. Des images d’une vertigineuse beauté. 
Autre forme de voyage, celle que propose Paroles de conflits réalisé par Raphaël Beaugrand qui relate son périple à vélo pendant presque un an de Paris à Hiroshima en passant par la Bosnie, la Géorgie, la Corée du sud entre autres. Il y a recueilli des témoignages de gens ayant vécu une guerre. 
Du cinéma vérité à l’image de celui proposé par Marie-Dominique Dhelsing qui a filmé un homme singulier à la fois écrivain et paysan qui propose dans son discours une vie en harmonie avec la nature, redéfinissant la notion de consommation pour mieux l’intégrer dans une qualité d’existence. Ca s’appelle Pierre Rabhi au nom de la terre. 
Il y a sept ans, Sarah Polley avait bouleversé le public avec Loin d’elle qui offrait un rôle de malade atteinte d’Alzheimer à Julie Christie ainsi qu’une nomination à la réalisatrice aux Oscars. Pour son premier documentaire, Stories we tell, elle filme sa famille pour en disséquer les faits et gestes qui ont forgé une légende très ordinaire comme en détiennent toutes les familles. 

La reprise de la semaine est un grand classique du western pourtant pas réalisé par un spécialiste du genre. L’Homme des vallées perdues de George Stevens (auteur de La Femme de l’année,  Une place au soleil, Géant) est un film de cowboys sans John Wayne ni Henry Fonda mais Alan Ladd, acteur aujourd’hui un peu oublié qui eut un petit rôle dans Citizen Kane. On retrouve également dans cette histoire de Robin des Bois au pays de l’Oncle Tom la sublime Jean Arthur, qui tourna beaucoup avec Frank Capra.  

Franck Bortelle

A découvrir sur Artistik Rezo : 
– les sorties du 20 mars // 3 avril 2013
– les sorties en mars 2013
– les films à voir en 2013