Sorties ciné – 24 avril 2013
Premier film totalement français du Français Michel Gondry et adaptation de l’inadaptable roman éponyme de Boris Vian, L’Ecume des jours arrive enfin sur nos écrans. Une réussite majeure par l’auteur d’Eternal sunshine of the spotless mind » et La Science des rêves qui réussit le tour de force de ne jamais parjurer l’auteur de L’Arrache cœur tout en ne laissant pas ce dernier phagocyter son lyrisme détonnant. Optant pour une incroyable audace de mise en scène et un déferlement visuel issu de son cerveau en perpétuelle ébullition créatrice, il a en revanche assuré ses arrières avec un casting mega bankable. Le résultat : deux heures de bonheur pour une des plus belles histoires d’amour de la littérature française !
Doublement primée au dernier Festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez, La Cage Dorée pourrait bien créer la surprise au box-office, un peu comme Les Femmes du 6ème étage il y a trois ans. Cette comédie luso-française évoque une famille portugaise dans un quartier chic de Paris, adorée de son entourage, lequel va tout faire pour l’empêcher de repartir au pays. Ruben Alves signe là son premier long métrage et s’offre notamment Roland Giraud, Chantal Lauby et Nicole Croisille.
Ex madame Schlöndorff à la ville, Margarethe Von Trotta, qui a toujours eu un œil acéré pour livrer un cinéma engagé au féminin, revient avec Hannah Arendt. Cette évocation sans concession de la célèbre philosophe juive allemande qui se heurta à l’incompréhension générale lorsqu’elle établit, après le procès d’Eichman, sa théorie de la « banalité du mal », est servi par une Barbara Sukowa absolument géniale. Un film passionnant mené comme un suspens, voire un thriller intellectuel qui a connu un immense succès en Allemagne et remporté trois prix au Festival International du Film d’Histoire de Pessac en 2012.
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Survivre nous arrive d’Islande, pays où les volcans font presque plus souvent parler d’eux que la production cinématographique nationale. Il y est question d’un homme à la mer, seul contre vents et marées suite au naufrage au cours duquel tous ses collègues sont allés servir d’appât aux poissons. Son exploit, six heures dans la flotte glaciale pour s’en tirer, va faire l’objet d’études, de doutes. Inspiré d’une histoire vraie, ce film a pour metteur en scène Baltasar Kormákur qui avait fait parler de lui en 2001 avec 101 Reykjavik (avec Victoria Abril).
Autre pays aux impressionnants caprices de la nature, le Japon. The Land of Hope de Sion Sono évoque les lendemains d’un tremblement de terre qui a fait exploser une centrale nucléaire. Une famille est divisée, les aïeuls choisissant de rester sur place, les descendants optant pour le départ qui leur évitera d’être transformés en amas de becquerels.
C’est probablement la comédie la plus barrée du mois. Bob et les Sex-Pistaches, premier film d’Yves Matthey, suit le parcours d’un fou de rock qui se rêve en haut de l’affiche mais ne réussit qu’à se vautrer dans ce monde impitoyable du show-biz. Jusqu’au jour où se profile la possibilité de participer à l’Eurovision. Notre rocker pur et dur acceptera-t-il de se fourvoyer dans ce parangon de ringardise ?
Scénariste de L’Arme fatale, L’Arme fatale 2, L’Arme fatale 3, L’Arme fatale 4 mais aussi de films vraiment bien foutus comme Last Action Hero, Shane Black signe pour sa quatrième mise en scène le retour de l’homme de fer. Iron Man 3 s’annonce comme le blockbuster de la semaine. C’est du lourd, puisque pour cette enquête où Iron va croiser le fer avec ceux qui se sont mal comportés avec lui, le cinéaste se paye Robert Downey Jr, Gwyneth Paltrow, Ben Kingsley, Guy Pearce et Don Cheadle.
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3, Chronique d’une famille singulière. Sous ce titre étrange se cache une comédie sud-américaine de Pablo Stoll Ward, cinéaste récompensé à Cannes dans la sélection « Un certain regard » en 2004 pour Whisky. Il y est question d’un homme qui après avoir largué les amarres familiales tente, des années plus tard, de retrouver sa place dans ce clan, au moment où son ex-épouse et leur fille sont à un moment clé de leur vie.
Ulrich Seidl a débarqué en janvier dernier avec un film étrangement malsain sur le tourisme sexuel où des femmes mûres cherchent à se taper les beaux blacks du club de vacances où elles sont descendues. Ce film était le premier volet d’un triptyque dont la suite sort ce mercredi. Paradis : espoir raconte l’histoire d’une ado qui tombe raide dingue du directeur du centre d’amaigrissement où elle fait une cure et qui pourrait être son grand-père. Le second Paradis : foi quant à lui évoque une tarée du culte et qui a pris Jesus pour son dieu jusqu’au jour où son musulman de mari refait surface après une longue absence. Ce dernier a reçu le Grand Prix du Jury à Venise en 2012.
Encore un film sud-américain qui prouve le formidable essor du cinéma dans cette contrée du monde, La Sirga, premier film de William Vega évoque les affres de la guerre à travers le personnage d’une femme qui tente d’oublier qu’elle y a perdu toute sa famille. Arrivant dans une auberge loin des conflits, elle tente de se refaire une santé jusqu’au jour où débarque le fils des propriétaires, dont le passé semble lié à cette guerre…
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Une flopée de reprises cette semaine. Commençons par le pire avec l’insupportable David Lean et les invraisemblables pirouettes de danseuse étoile qu’il fait subir à ce pauvre Guiness même pas bourré pour lui faire péter Le Pont de la rivière Kwaï d’après Pierre Boule. Ou pour les amateurs de sable plus fin que la mise en scène de celui qui reste le pire imposteur du cinéma mondial en terme d’adaptation de roman avec son détestable Docteur Jivago, les aventures de Lawrence d’Arabie. Bref, Lean, c’est Lean : voyage au bout de l’ennui. Préférons lui le chef-d’œuvre d’Elia Kazan Sur les quais, Lion d’argent à Venise en 1954 et 8 oscars en 1955, histoire machiavélique de manipulation entre frères où excellent Marlon Brando à son apogée et Eva Marie Saint, cinq ans avant La Mort aux trousses. Autre grand classique, African Queen de John Huston qui réunit le couple mythique Katharine Hepburn et Humphrey Bogart dans une aventure où madame Spencer Tracy fait descendre de force à monsieur Lauren Baccall les rapides d’un fleuve pour rejoindre les alliés en pleine guerre mondiale. Bogart décrocha le seul oscar de sa carrière pour ce film. Luigi Comencini, qui s’illustra dans de nombreux films mettant en scène des enfants (L’Incompris, Cuore) tourna en 1955 les aventures de la petite Heidi, sauvageonne des montagnes autrichiennes qu’on arrache à ses vallons pour aller mener une existence de citadine. L’occasion de revoir le film tiré du roman de Johanna Spyri et dont la télévision avait tourné une série. Juan Antonio Bardem, en 1952 tournait Mort d’un cycliste, un film-date dans le cinéma espagnol et féroce pamphlet sur la société franquiste vu à travers le fait divers contenu dans le titre. Une rareté à (re)découvrir sur grand écran.
Franck Bortelle
A découvrir sur Artistik Rezo :
– les sorties du 17 avril // 1er mai 2013
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