Sorties ciné – 20 mars 2013
En 2011, Derek Cianfrance entrait dans la cour des grands avec un des films les plus originaux jamais réalisés sur l’érosion du couple, Blue Valentine. Succès critique pas relayé à sa juste valeur par le public, malgré la présence incandescente de l’irrésistible Ryan Gosling. Il s’offre à nouveau pour The Place Beyond the Pines ce comédien caméléon qui a quitté le volant de sa bagnole (« Drive ») pour le guidon d’une moto. Avec aussi Bradley Cooper (Happiness Therapy) et la sublime Eva Mendes (La Nuit nous appartient, Holy Motors), cette histoire de paternité sur fond de criminalité est un des rendez-vous les plus attendus de 2013.
Un zombie movie de plus, Warm Bodies ? Pas sûr. Adaptant un roman à succès, Jonathan Levine, cinéaste qui monte, ne semble pas s’être contenté d’une énième histoire de morts-vivants en se rapprochant plutôt de Shakespeare et Shelley. Loin des tâcherons sans imagination auteurs de ces productions clonées les unes sur les autres où les zombies servent de prétexte à une débauche de beuglements qui n’effraient plus personne. Y sont abordées la fin du monde, la pérennité de l’espèce humaine et non les classiques horrifiques confrontations entre morts et vifs.
Le premier film d’Antoine Fuqua, Un tueur pour cible en 1997 promettait beaucoup. Depuis le cinéaste, malgré un coup de maître dans le film musclé mais pas écervelé (Shooter tireur d’élite), un rôle oscarisé pour Denzel Washington (Training Day), mène une carrière en dents de scie. La Chute de la Maison Blanche sera-t-il « le » film de ce cinéaste pourtant attachant qui s’offre encore un casting de luxe (Gerard Butler, Aaron Eckhart, Morgan Freeman) ? Avec cette histoire de prise d’otages par des Coréens du bâtiment le plus sécurisé du monde, Fuqua tiendrait-il la dragée haute à ses détracteurs ?
Parallèlement aux pins chez Derek Cianfrance, Anne-Marie Etienne nous convie à une séance Sous le figuier en présence de la presque centenaire Gisèle Casadesus (La Tête en friche), l’injustement sous-employée Anne Consigny (Je ne suis pas là pour être aimé) et Jonathan Zaccaï (Cornouailles). L’histoire d’une aïeule quasi mourante qui va donner une leçon de vie à trois quadras en pleine crise existentielle. Quand Amour rencontre Les petits mouchoirs…
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Après Une affaire privée où il se prenait pour le nouveau Melville — la critique s’était empressée de lui ouvrir les yeux —, après quelques ratages notoires (Le Concile de Pierre, Le Poulpe) et une assez éclatante réussite (Cette femme-là), Guillaume Nicloux s’attaque à Diderot et sa Religieuse. Malgré l’éviction quasi-totale de la charge violemment anticléricale du roman, cette adaptation, aux antipodes de celle de Rivette en 1966, se laisse regarder. Le cinéaste, qui se paye de manière systématique des castings de rêve, n’a pas lésiné encore une fois. Huppert, Bourgoin, Françoise Lebrun, Martina Gedeck, Agathe Bonitzer et la toute jeune Pauline Etienne, éblouissante dans le rôle de cette cloitrée de force.
L’ancien flic devenu cinéaste Olivier Marchall (36 quai des Orfèvres) revient mais devant la caméra d’Alain Minier dont Un P’tit gars de Ménilmontant est le premier film. Il y campe un ex taulard qui trouve son quartier bien changé après dix ans au frais. Ca ne sent pas vraiment l’inédit…
Encore un film de nanas signé Sophie Letourneur à qui l’on doit La vie au Ranch il y a quatre ans. Les Coquillettes embarque dans un festival de cinéma trois copines un peu nouilles et avec des motivations très différentes tournant cependant toutes autour de l’amour… Avec le ténébreux Louis Garrel dans son propre rôle.
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D’origine islandaise, Solveig Anspach avait bouleversé la France en 1999 avec Haut les cœurs ! qui évoquait le parcours d’une femme atteinte d’un cancer du sein pendant sa grossesse. Ce film, qui avait valu à Karin Viard un César de la meilleur actrice, n’a pas pour autant mené la cinéaste vers une vraie reconnaissance et, de courts en moyens métrages, elle poursuit un parcours atypique. Queen of Montreuil inversera-t-il la vapeur ? L’excellente Florence Loiret-Caille (J’attends quelqu’un, Je l’aimais) y campe une jeune veuve qui ne réussit pas à se débarrasser des encombrantes cendres de son époux et qui voit débarquer chez elles des Islandais accompagnés d’une otarie. Ca s’annonce « louphoque »…
Premier film de son cinéaste (Bruno Mercier) et de ses deux principaux interprètes, Love, love, love, au titre « lenono-macathneyien », relate les aventures d’un fossoyeur répondant à l’étrange patronyme d’Anti qui, se rendant compte qu’il est cocu, se tire pour refaire sa vie, ce qui va lui valoir des péripéties sans fin. Avec aussi le vénérable Albert Delpy.
Récompensé dans la sélection « Un Certain Regard » par la Mention spéciale du jury à Cannes l’an passé, Djeca Enfants de Sarajevo suit le parcours de deux frères orphelins dans la capitale bosniaque après la guerre et qui trouvent un refuge dans l’Islam. Une coproduction franco-germano-turco-bosniaque. Un film engagé entrecoupé d’images d’archives de cette guerre qui a ravagé la Yougoslavie au début des années 90.
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Coproduction franco-chinoise, Mystery, réalisé par Lou Ye, habitué de la Croisette en France et de la censure dans son pays, retrace les émois d’une femme dont la vie bascule quand elle découvre que son mari la trompe. La mort de la maîtresse, moins accidentelle qu’on veut bien le laisser croire, fait virer le propos vers le thriller.
Deux documentaires. La Saga des Conti revient sur les ouvriers de la fabrique de pneumatiques Continental qui ont du jour au lendemain été remerciés. C’est leur combat que retrace Jérôme Palteau dont c’est le premier film. L’assassinat du Premier Ministre congolais Patrice Lumumba au moment de la décolonisation du Congo constitue une épine douloureuse dans l’histoire de la Belgique. C’est le thème central de Spectres, documentaire réalisé par Sven Augustijnen qui met dans la balance diplomatique et historique les lourdes questions de culpabilité et de responsabilité.
Trois ressorties. La Dernière licorne (1985), film d’animation mêlant merveilleux, fantastique, poésie, est considéré comme un must par les grands amateurs du genre. Les spectateurs de la VO pourront entendre la voix de Christopher Lee (le plus célèbre Dracula de l’histoire du cinéma), Jeff Bridges et Mia Farrow dans cette histoire où cet étrange cheval qui s’est laissé pousser une épée sur le chanfrein est menacé d’extinction. Même si le pitch n’est pas d’une folle gaîté, c’est du Marx Brothers à côté du Cri qui ressort aussi. Les errances d’un homme à la recherche de celle qu’il aime mais qui ne l’aime plus car elle en aime un autre. C’est du Michelangelo Antonioni ( L’Avventura sans Stone ni Charden, L’Eclipse sans lune ni croissant), spécialiste devant l’éternel des grands torturés. Avec la sublime Alida Valli. Enfin, un film de William Wyler, figure emblématique d’Hollywood des années 50-60 avec Ben Hur, La Maison des otages, Les Hauts de Hurlevent ou encore Les plus belles années de notre vie. Spécialiste du mélo de haut vol, il fit aussi dans le polar, ainsi qu’en témoigne Histoire de détective qui ressort. Une affaire de vol filmée comme un huis clos et qu’interprètent Kirk Douglas et Lee Remick, primée à Cannes en 1952 pour ce rôle.
Franck Bortelle
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