Sorties ciné – 13 février 2013

Il avait abandonné le thriller après Femme fatale. Brian de Palma, le cinéaste à la filmo quasi parfaite (Snake Eyes, Mission to Mars, L’Impasse, Scarface, Sœurs de sang, Carrie…) revient au genre qui a fait sa gloire méritée. Passion, une histoire de manipulations auxquelles se livrent deux femmes dans une entreprise, s’inspiré fortement de l’ultime long d’Alain Corneau, Crime d’amour. On retrouve Pino Donaggio à la musique, qui fut son alter ego à sa grande époque du thriller (Pulsions, Blow Out, Body Double). Avec la Canadienne Rachel McAdams et la Suédoise Noomi Rapace (vues toutes deux déjà dans Sherlock Holmes 2 : Jeu d’ombres).

Robert Zemeckis, après dix ans dans l’animation, revient au « vrai » cinéma (Flight). Le père de la trilogie des « Retour vers le futur » embarque Denzel Washington dans un avion qui va battre de l’aile en plein ciel et que le valeureux héros de Man on Fire et Malcolm X va parvenir à poser sans encombre sur le tarmac. Ce qui va changer considérablement sa vie vu qu’il vient de sauver 300 personnes, fait qui ne sera pas laissé sous silence par les médias.

Avec des longueurs dès la bande-annonce, on craint le pire avec cette énième version des  Misérables, qui plus est en comédie musicale ! Hollywoodisme jusqu’à la nausée, 8 nominations aux Oscars et une vraisemblable trahison à 24 images/seconde du roman d’Hugo… Et si on se refaisait en DVD la version de Raymond Bernard avec l’immense Harry Baur au lieu d’aller écouter Russel Crowe et Anne Hataway ânonner du Claude-Michel Schönberg ?

On laissera outsider Turf, la nouvelle comédie de Fabien Otoniente. Depuis Jet Set, il n’y a rien à attendre de folichon chez ce monsieur qui n’est et ne sera jamais Billy Wilder, même s’il prend un malin plaisir à dénoncer régulièrement un fait de notre société. Chabat, Baer et une palanquée de seconds rôles (dont le spécialiste de la ruade dans les brancards médiatiques, Gérard Depardieu) se donnent la réplique dans ce festival de canassons. Pour le même prix, on peut se payer les chevaux de Dali à Beaubourg…

On connait tous le cinéma exigeant de David Cronenberg. Voilà le fils Brandon qui présente  Antiviral, un film très abouti où se mêlent une charge contre l’idolâtrie aveugle des collectionneurs et une intrigue sur fond de trafic d’échantillons infectés et grande criminalité. Malgré un scénario un poil trop touffu, la mise en scène au cordeau témoigne d’un savoir-faire indéniable très prometteur. Avec en prime un comédien absolument génial dans le rôle principal, Caleb Landry Jones.

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Affiche de choc pour le chant du cygne du plus célèbre cinéaste grec Theo Angelopoulos, décédé en 2012 (La Poussière du temps). Michel Piccoli, Irène Jacob, Willem Dafoe et Bruno Ganz se succèdent devant la caméra du grand vainqueur de Cannes en 98 (avec L’Eternité et un jour) dans une histoire d’amour contrariée par la guerre froide et qui mène un cinéaste Américain d’origine grecque dans une quête sur ses parents. Un film qui pose sa caméra en Russie, en Grèce, en Allemagne en Italie et en Amérique du Nord. 

Premier film de Nolwenn Lemesle, par ailleurs scénariste pour les autres (Par suite d’un arrêt de travail en 2007), Des morceaux de moi réunit Zabou Breitman et Tchéky Karyo dresse un tableau de famille dans une région ouvrière où rien ne se passe, où l’on s’y ennuie ferme. L’héroïne passe son temps à filmer cette vie qui ne vaut pas d’être vécue jusqu’au jour où sa sœur disparue refait surface.

Très chouchouté des critiques pour ses trois premiers films et auréolé d’un succès tout à fait honorable notamment pour Viva Laldjérie, Nadir Moknèche revient avec Goodbye Morocco. L’histoire d’un couple hors mariage au Maroc et multi religieux (une Marocaine et un Serbe) qui provoque un scandale dans la famille, sur fond de découverte de tombes antiques d’une valeur inestimable… Un pitch plus que séduisant.

Très jolie comédie italienne dans la pure tradition de l’âge d’or du cinéma transalpin dans les années 60, Scialla ! arrive en France après avoir cartonné dans son pays. Deux êtres s’apprivoisent alors que tout les oppose : âges, conditions matérielles, opinions. L’un est le fils de l’autre mais ne le sait pas… Les comédiens sont grandioses et pour son premier film de metteur en scène, le scénariste chevronné Francesco Bruni réussit une œuvre aussi politiquement incorrecte que très attachante dans les idées humaines qu’elle véhicule.

Deux prix dont un à la Semaine internationale de la Critique 2012 à Cannes en 2012 suffiront-il à attirer les foules pour Ici et là-bas, qu’a réalisé Antonio Méndez Esparza, dont c’est le premier film ? Un travailleur mexicain retourne au pays après avoir travaillé aux Etats-Unis et espère fonder un groupe de musique avec les quelques sous qu’il a économisés. Mais les conditions de vie ne sont guère folichonnes et la frontière le hante toujours…

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Trois films d’animations sortent ce mercredi. L’Ogre de la taïga réunit quatre mini films d’animation bourrés de créativité, de poésie et de lyrisme venus de Russie. Idéal pour les tout petits, ces merveilles jettent un pont entre parents et enfants pour amorcer des discussions pas toujours évidentes.

Hôtel Transylvanie arrive des Etats-Unis et a été réalisé par Genndy Tartakovsky. Il y est question d’une grosse bamboula menée par Dracula pour les 118 ans de la jeune Mavis. Jusqu’au moment où déboule au milieu des convives (Frankenstein, la Momie et autres personnages du même acabit) un être humain, un vrai avec des vues pas très avouables sur la « gamine ». Enfin, Rose et Violette production internationale, propose trois courts métrages pour une durée totale de 50 minutes. Format idéal pour les tout jeunes spectateurs. 

Trois documentaires également. D’une école à l’autre de Pascale Diez tente de montrer que la disparité ethnique dans les écoles peut générer richesse et découverte. Qu’en penseront ces profs qui aujourd’hui vont en cours la peur au ventre ? Peut-on passer d’un second rôle dans blockbuster viril à la réalisation d’un docu sur l’homoparentalité ? Apparemment, oui puisque Delphine Lanson l’a fait, de La Mémoire dans la peau à Naître père… La Valise ou le cercueil  s’attaque quant à lui à certaines victimes de la guerre d’Algérie dont on ne parle pas souvent, les Français d’Algérie et les Harkis. 

Deux reprises enfin. Les voyages de Sullivan de Preston Sturges, auteur de comédies dans les années 40, évoque un cinéaste qui en a marre de faire rire et voudrait bien montrer qu’il peut aussi émouvoir. Et Grease qui propulsa John Travolta et Olivia Newton-Jones en haut des charts avec cette comédie musicale sentimentale assez « cucul la praline » mais qui offre des numéros de danse réussis et surtout une métamorphose inoubliable de la nunuche Sandy en bombe sexuelle à quelques minutes du générique de fin.

Franck Bortelle

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