Sorties ciné – 10 avril 2013
D’un côté il a la planète à sauver. De l’autre il lui faut se remettre en question personnellement pour trouver une forme de rédemption. Comme si ça n’était pas suffisant, voilà que débarque une bombe qui a l’apparence d’Olga Kurylenko (A la merveille). Oblivion est le blockbuster de la semaine et c’est Joseph Kosinski qui mène cette barque intergalactique avec comme passager principal et même quasi unique, pour ne pas dire omniprésent, Tom Cruise.
Radicalement opposé, le splendide Derrière la Colline du Turc Emin Alper dont c’est le premier film. Coup de maître que cette histoire d’hommes de l’Anatolie où ils vivent en famille obsédés par la certitude qu’une menace pèse sur eux, derrière la colline du titre. Si la notion de mise en scène si souvent galvaudée et mangée à toutes les sauces pouvait retrouver un brin de légitimité, ce pourrait bien être avec ce film qui mêle le thriller, le western et le drame psychologique. Point d’effets spéciaux et jeux pyrotechniques. Juste des plans d’une ravageuse beauté et d’une audace totalement assumée.
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Cinquième long métrage de Jérome Bonnell, Le Temps de l’aventure réunit la divine Emmanuelle Devos (déjà présente dans J’attends quelqu’un du même Bonnell) et l’énigmatique Gabriel Byrne (Ennemi d’état, Spider). Ce titre rappelant une chanson de François Hardy est l’histoire d’une rencontre inattendue entre un homme et une femme. L’histoire simple par excellence qui dans l’œil de ce cinéaste généreux va faire des étincelles. La bande annonce est déjà renversante…
Deux frangins qui ne se supportent pas. Deux frangines qui s’adorent. Un vieux qui glaglate des mandibules. Une morte à enterrer et une fille à marier. Le tout avec la planète entière pour décor, de Londres à Paris en passant par New York. Ce pourrait être du Lelouch mais c’est le nouveau film de Danielle Thompson (Le Code a changé, La Bûche, Fauteuils d’orchestre). Avec Eric Elsmonino, Monica Belluci, la jeune Lou de Laâge (vu dans Jappeloup) et Kad Merad pour ne citer que ceux-là.
Primé à l’Alpe d’Huez où l’on skie mais aussi l’on rit beaucoup grâce au Festival de l’humour, Mariage à l’anglaise est le premier film réalisé par Dan Mazer, par ailleurs scénariste de deux films complètement barrés, Brüno et Borat, leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan. Il a aussi écrit cette histoire de couple trop parfait pour être honnête et dans lequel s’immiscent une ex et un client trop beau. Le pitch est aussi plat qu’un électroencéphalogramme d’attaquant de l’OM mais la bande-annonce s’avère très prometteuse…
Un homme sans famille mène une existence de tortionnaire administratif lorsque débarque une femme qui se dit sa mère. Pieta, film du Sud-Coréen Kim Ki-duk, a remporté la récompense suprême au festival de Venise en 2012. Un univers à découvrir mais qui peut également fortement dérouter.
Egalement récompensé à Venise en 2012 par le prix Mastroianni du meilleur jeune espoir remis à Fabrizio Falco, La Belle endormie de Marco Bellochio réussit encore à traiter de la grande Histoire par l’anecdotique comme dans le génial Vincere que le cinéaste avait présenté à Cannes en 2009. Une jeune femme dans le coma depuis 17 ans provoque une levée de boucliers entre ceux qui prônent l’arrêt de tout et ceux qui veulent la maintenir en vie. A plus de 70 ans, le cinéaste dont le Saut dans le vide récolta un double prix d’interprétation sur la Croisette (Anouk Aimée et Michel Piccoli) effectue un retour fracassant encensé par la critique et le public. Nous retrouvons Isabelle Huppert dans la distribution de ce nouvel opus.
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Chaplin, Keaton, Etaix et ses pairs est un film de montage de courts métrages réalisés par ces trois génies du burlesque. Il s’inscrit dans le cadre d’une collection intitulée « Une mémoire en courts » qui propose de redécouvrir ces bijoux d’antan. L’occasion idéale pour montrer aux enfants ce que fut cet art à ses balbutiements. Conseillé à partir de 6 ans.
Quatre prix (Cannes, Chicago, Angoulême) pour ce film au sujet difficile puisqu’il évoque comme son titre l’indique (Le Repenti) les galères d’un islamiste qui, à la faveur d’une loi censée lui permettre de se refaire une virginité, retourne dans son village après avoir fait vœu de repentance. Entre ce qui est écrit sur le papier et ce que révèle la réalité, il y a un monde, souvent fait de violence. Réalisé par Merzak Allouache, grand triomphateur du box-office il y a dix ans avec Chouchou.
Il fut scénariste pour Raoul Ruiz (Les mystères de Lisbonne) ainsi que pour le très réussi Les Lignes de Wellington l’an passé. Il s’est offert les services de la sublime Anna Mouglalis pour le rôle principal de cette histoire d’une femme partie à la recherche de sa vérité à travers les clichés qu’elle retrouve à la mort de son père. Malgré tous ces atouts, la bande-annonce de ce Photo ne déclenche pas grand-chose de fracassant.
Filmé en noir et blanc, Casa Nostra est une chronique familiale où une fratrie réapprend à se connaître sur la route de la maison de l’enfance. C’est le premier film de Nathan Nicholovitch qui s’entoure d’acteurs inconnus. La lutte risque d’être rude pour toucher un vaste public.
Comédie policière qui semble bien frappadingue et assurément très décalée, Blanche Nuit réunit autour de Fabrice Sébille une pléiade de comédiens peu connus et la trop rare Julie Ferrier et l’omniprésent François Berléand. Un flic tenu d’obéir à son patron loufoque et son collègue ramollo pour infiltrer un collectif d’artistes qui sème la zizanie. Loin de ses rêves de valeureux policier prêt à aller arrêter l’ennemi public numéro 1…
Le retour du trublion du cinéma français Jean-Pierre Mocky est toujours un événement. Le Mentor raconte l’histoire d’un homme qui n’a jamais rien fait de son existence et choisit une belle jeune femme pour la persuader de ne pas se marier avec le con qu’elle a choisi. Difficile de faire plus « mockien » que ça et, pour achever le tableau, c’est Mocky himself (qui fut acteur dans les années 50) qui campe le rôle-titre.
Trois films d’animation cette semaine. Les Croods, promis à un carton au box office raconte le premier voyage en famille de ces drôles de personnages des cavernes lorsque leur habitat est mis en miettes. Pour public à partir de 6 ans. Mais pour les amateurs de VO, les voix de Nicolas Cage, Emma Stone et Catherine Kiener seront au rendez-vous. Les As de la jungle – Opération banquise, film d’animation français raconte quant à lui les luttes entre morses et pingouins sur la calotte glaciaire. Ce format court de 52 minutes est également destiné au public à partir de 6 ans. La curiosité poussera peut-être les parents à préférer à ces deux films le plus exotique, venu de Hongrie et qui s’adresse aux tout petits à partir de 3 ans. Le Petit roi et autres contes est un programme sur 41 minutes de courts, un peu dans la même veine que La balade de Babouchka récemment sorti, mais évoquant les contes et légendes de son pays d’origine.
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Côté documentaire, le plus choc de la semaine s’intitule The Act of Killing – L’acte de tuer et raconte l’expérience inouïe vécue par le cinéaste Joshua Oppenheimer venu filmer l’Indonésie 45 ans après les massacres de milliers d’opposants au régime et qui s’est trouvé face aux anciens bourreaux toujours protégés par le pouvoir et prêts à raconter, voire rejouer les scènes dont ils se sont fait les auteurs. Beaucoup plus soft, Under the Sea 3D plongera les spectateurs (et même les tout petits auquel ce film s’adresse) dans les profondeurs de l’océan pour leur faire découvrir ses richesses et les menaces qui pèsent dessus à cause du réchauffement climatique. Avec la voix de Jim Carrey pour les fans de VO. Romanès quant à lui met en opposition le cirque conçu comme une grosse machinerie et celui plus modeste où les artistes se sentent encore nomades. Pour raconter cela, Alexandre Bouglione après qu’il eut claqué la porte de l’entreprise familiale de l’amusement pour épouser une Roumaine, lui faire cinq gosses et fonder son propre cirque sur d’autres valeurs.
La seule reprise de la semaine permettra de découvrir pour beaucoup Tyrone Power dans un rôle inhabituel de bonimenteur de foire qui monte un numéro où il prétend lire dans l’esprit des gens, jusqu’au jour où son assistante se rebelle. Le Charlatan (1947) est un film d’Edmund Goulding qui a eu devant sa caméra les plus belles actrices des années 30, de Bette Davis à Jean Harlow en passant par Greta Garbo avec qui il tourna une version d’Anna Karénine.
Franck Bortelle
A découvrir sur Artistik Rezo :
– les sorties du 3 avril // 17 avril 2013
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