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Rencontre avec Nadia Tereszkiewicz, héroïne de la nouvelle série “Possessions”

© Marta Bevacqua

La jeune actrice Nadia Tereszkiewicz, n’a pas fini de faire parler d’elle ! Cette beauté nordique incandescente a déjà de très jolis rôles à son actif dans Sauvages de Dennis Berry, Persona non grata de Roschdy Zem ou encore Seules les bêtes de Dominik Moll qui lui a valu le Prix de la meilleure actrice au Festival international du Film de Tokyo en 2019. On la voit aussi récemment apparaître dans la quatrième saison de Dix pour cent, mais depuis le 2 novembre, Nadia s’impose aux côtés de Reda Kateb dans Possessions, une création originale franco-israélienne de Canal +.

Avant de percer en tant qu’actrice, vous avez d’abord voulu être danseuse professionnelle. Pouvez-vous brièvement nous raconter comment vous êtes passée de la danse au cinéma ?

Je voulais en effet être danseuse jusqu’à mes 18 ans mais je me suis finalement rendue compte que ce n’était pas fait pour moi, je n’étais pas au niveau et pas assez épanouie. Je suis alors entrée en prépa littéraire, j’ai fait hypokhâgne-khâgne option théâtre. Et puis, à cette époque je tournais de temps en temps dans des clips de danse en tant que figurante, c’est là que j’ai découvert l’univers des plateaux de cinéma. Quand j’ai eu un rôle de silhouette dans le film La Danseuse de Stéphanie di Giusto, j’ai passé une quinzaine de jours sur le plateau et j’ai eu une révélation. Tout ce que j’aimais était réuni dans le cinéma. J’ai donc passé le concours de la Classe Libre Théâtre au Cours Florent, on m’a rapidement proposé de tourner un film au Portugal et puis tout s’est enchaîné très vite alors que rien n’était prévu !

Dans Possessions, vous jouez le rôle principal féminin. Comment avez-vous obtenu ce rôle ? Avez-vous fait des essais avec les autres comédiens afin de tester votre “compatibilité” ?

En fait j’étais sur le tournage de Seules les Bêtes dans les Cévennes, produit par Haut et Court, et les trois merveilleuses productrices que sont Carole Scotta, Caroline Benjo et Barbara Letellier m’ont poussé à passer le casting de Possessions. Mon profil ne correspondait pourtant pas du tout à ce qu’ils recherchaient ; quelqu’un de plus âgé et pas forcément typé comme moi. J’ai tout de même passé les essais le lendemain, en apprenant les textes dans le train, et j’ai été complètement envoutée par le scénario. Dominique Valadié, la mère de mon personnage, était présente pour les essais. Je suis revenue plusieurs fois ensuite et quand j’ai finalement su que j’avais obtenu le rôle, je n’en revenais pas !

Vous incarnez le rôle de Natalie, femme accusée du meurtre de son mari le soir des noces. C’est un personnage complexe… qu’est ce qui vous a touché à la lecture du scénario ? Est-ce-que vous vous êtes retrouvée quelque part en Natalie ?

Je trouve que c’est rare de lire un rôle aussi bien écrit, aussi complexe. C’est vrai que c’est un personnage ambigu, à la fois déterminé et courageux mais aussi très fragile. En fait, Natalie a une vraie trajectoire tout au long de la série. Elle est mystérieuse et impénétrable aux yeux des autres donc il a fallu que je lui trouve une forme d’intériorité, de sensibilité. Elle est dans une recherche de vérité sur ce qu’il lui arrive, j’ai utilisé des sensations physiques, des choses qui se passaient à l’intérieur de son propre corps pour lui permettre de comprendre l’irrationalité de ce qu’elle vit. Si Natalie apparaît comme un peu superficielle au départ, elle va rapidement se détacher des projections que son entourage a sur elle afin de retrouver sa véritable liberté, son identité, et s’affranchir de tout ce poids familial. Et puis forcément, pour incarner Natalie, il a fallu que je me retrouve quelque part en elle et que je la comprenne. C’est une jeune femme qui a très envie d’être heureuse et amoureuse, je me retrouve dans cette quête de l’amour et de la grande aventure.

 

Les artistes, comme les danseurs ou les comédiens, disent souvent que la scène est un moyen d’exprimer qui ils sont au plus profond d’eux-même. Vous avez la même sensation quand vous tournez ?

Grâce aux rôles extraordinaires que l’on m’a donné à interpréter ces trois dernières années, j’ai l’impression que je me suis retrouvée quelque part dans chacun des personnages que j’ai joué et j’ai d’ailleurs gardé en moi un peu d’eux à chaque fois. En tant que jeune fille qui devient femme, je peux dire qu’il y a eu un “avant” et un “après” chaque film. Incarner un rôle demande une grande implication et un engagement fort car on se donne complètement à notre personnage quitte à s’en oublier parfois. Il y a là effectivement un moyen d’exprimer ce qu’on est au plus profond de nous. De façon très similaire à la danse ou au théâtre, on se sent nu face à la caméra, on se dévoile intimement, on ne peut pas mentir. J’ai l’impression qu’il faut trouver une vérité pour incarner un rôle et cela demande d’être le plus honnête possible, c’est pour cela que j’aime avoir un coup de coeur pour les projets dans lesquels je me plonge.

Je n’ai pas envie de faire du cinéma pour faire du cinéma, j’ai envie d’avoir de vrais personnages à défendre avec de vrais histoires à raconter. Je pense que le cinéma peut changer les gens, en tout cas il peut changer une personne.

Depuis la sortie de la série, les articles de presse à votre sujet se multiplient et sont dithyrambiques ! Est-ce-que cette notoriété grandissante vous rassure sur votre futur ou vous donne, au contraire, un sentiment d’insécurité ?

En fait je ne pense pas vraiment à l’avenir, je ne me pose pas la question. Je suis très heureuse de voir que la série plaît mais je sais aussi que je fais un métier aléatoire. J’ai de merveilleux projets à venir, il y a là évidement une forme de sécurité mais en même temps on ne sait jamais ce qu’il peut se passer, surtout dans la période que nous traversons, il est difficile de se projeter. Beaucoup de choses sont actuellement remises en question, notamment dans le domaine de l’art 0ù l’utilité de ce que l’on fait est discutée. Je sais que chaque projet peut être le dernier et j’aime penser comme cela, qu’il s’agit de vivre une aventure après l’autre. Je n’anticipe rien, je vis au jour le jour et c’est bien agréable de se sentir libre comme ça de temps en temps ! Evidemment je me rends compte que je peux également me le permettre car j’ai la chance d’avoir de très beaux projets devant moi, j’ai beaucoup de chance.

J’ai l’impression que vous ne vous laissez pas éblouir par les paillettes du “show-business”, que vous voulez garder les pieds sur terre malgré le succès et que cela vous tient à coeur, je me trompe ?

Pour l’instant je ne me rends pas vraiment compte de ce que veut dire le “show-business”. Pour moi, j’ai vécu les trois plus belles années de ma vie ! J’ai eu des expériences de vie extraordinaires lors des tournages comme les magnifiques rencontres que j’ai faites, les pays et les paysages que j’ai vus, les cultures et les langues que j’ai découvertes. J’ai pu apprendre l’arabe et l’hébreu, ce que je n’aurai jamais fait sans ce métier ! C’est cela que je retiens et que j’ai encore envie de vivre ; des histoires dans lesquelles on a envie de se plonger, des petites vies à l’intérieur d’une autre. Je croise les doigts tous les jours pour que ça continue, je ne me suis jamais sentie aussi épanouie ! Et puis bien sûr j’ai toujours ma famille et mes amis proches qui sont là quand je rentre de tournage. Je sens le besoin de les voir dès que je suis à Paris et ça me fait beaucoup de bien d’être entourée de personnes qui ne sont pas dans le cinéma. Ils représentent un ancrage qui me permet de revenir à la réalité parce qu’on y est complètement coupé lorsqu’on est en tournage, on est comme dans une bulle, un confinement (à l’intérieur d’un autre confinement en ce moment !).

Prochainement, Nadia Tereszkiewicz est attendue, en tant que rôle principal, dans les films Baby-Sitter de Monia Chokri et TOM de Fabienne Berthaud.

Propos recueillis par Lysandra van Heesewijk 

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